Aussi bien réglé que Big Ben, le professeur Layton revient pour la 6ème fois vivre une nouvelle aventure sur la portable Nintendo du moment. (j’exclus volontairement son mariage arrangé mais hélas pas pour tous avec Phoenix Wright parce que je suis sympa.) Et oui réglé semble définitivement l’adjectif qui qualifie le mieux le Layton nouveau qui comme tous les Layton avant lui garde religieusement les symboles que les Laytons anciens se sont passés de génération en génération. On y retrouve ainsi ce gameplay atypique ou cette écriture de personnages et de situation qui touche un peu à tout. On pénètre d’ailleurs là dans le seul mystère qui laisserait au pied du 4ème mur ce fringuant gentlemen : Quelle est la formule magique qui fait qu’on revient régulièrement parcourir le monde de Layton alors que celui ci n’évolue que de petits pas en petits pas ? C’est le mystère auquel je vous propose mon humble réponse aujourd’hui. Mais avant cela, générique maestro.
Quand il y a du mystère dans l’air,
Quand un crime à énigmes reste impuni,
On voit surgir rapide comme l’éclair
L’Hershel Layton et ses amis
Mystère glacé
Mais avant d’aborder de façon plus réfléchi ce qui fait la structure de Layton, parlons un peu de notre dernier indice en date à savoir cet épisode : “Professeur Layton et l’héritage des Aslantes”. Et de suite avouons quelque chose ! Attention, cher lecteur devant toi je libère ma conscience mais j’ai vraiment adoré ce dernier épisode. C’est une histoire très sympathique , bien déroulée, dotée d’énigmes intéressantes, ce qui est une performance admirable quand on songe quand même au nombre énorme d’énigmes proposés depuis le début, et qui aussi bien visuellement qu’à l’oreille s’impose comme un spectacle propre et esthétiquement maîtrisé. On a affaire ici à une aventure qui démarre dans une ville sous la neige mais qui réchauffe pourtant le coeur. Bref, si vous aimez Layton vous ne m’avez probablement pas attendu et si vous n’aimez pas eh bien cet épisode est un parfait démarrage. Voilà… tout le monde est content ? De toute façon, je répéterais tout ça à la fin du test hein. Non , vous en voulez plus ? Eh bien d’accord mais dans ce cas là, on va aller plus loin que le simple test et on va essayer de décrypter un peu le fonctionnement de ce jeu.
En effet, Layton m’a toujours également fasciné car sa réussite contredit beaucoup ce qui caractérise habituellement le jeu vidéo. Jeu très grand public, Layton adopte pourtant une posture figée qu’il puise dans le genre du visual novel ou pour parler un peu plus français du roman interactif. En effet, Layton propose peu de cinématiques ou d’expressions , même si ce dernier épisode en est largement plus pourvu que le début de la saga, et l’on passe beaucoup de temps à lire des interactions entre personnages qui relèvent soit de l’ordinaire (“Quel temps merveilleux Professeur !”, “Oui Luke !”), soit de l’anecdotique (“Wouah, cette statue est gigantesque.”), soit du gameplay forcé (“Ce caillou me rappelle une énigme Luke”) ou de la description de l’action (“J’ai réussi à ouvrir cette porte mais il y a des soldats là bas Professeur !”) . On a ainsi affaire à un médium de l’image qui s’en sert principalement pour proposer un récit textuel. C’est effectivement le principe même du visual novel mais Layton n’est pas entièrement de cette branche là car il se permet d’interrompre ce récit à de nombreuses intervalles régulières. L’histoire brisant ainsi volontairement le rythme via un gameplay d’énigme dont le lien avec le reste est pourtant très tenu.
Martingale Mystère
La conséquence de ce choix de gameplay fait qu’il demande au joueur énormément de compromis pour arriver à croire à l’histoire. Essayez par exemple de vous représenter la concrétisation réelle de la recherche des pièces S.O.S planqués dans les tableaux. Ca ne fonctionne pas et pourtant tout le monde l’accepte. Car là où par exemple la conduite dans GTA fait perdre une crédibilité pourtant créée avec beaucoup de moyens, Layton lui nous fait consentir à un effort très important de construction mentale d’un univers et d’une histoire. A mon sens, la principale raison de cette soumission volontaire réside dans la capacité du jeu à poser esthétiquement un univers complet qui peut se révéler agréable, loufoque voire très sérieux. Il arrive également à créer une connivence du joueur avec des personnages sympathiques mis dans des situations intriguantes. On consent ainsi à Layton pour ce qu’il sait nous offrir : un joli monde mais aussi… un gameplay à énigmes titilleuses et surtout centrales.
En effet, certaines personnes restent et resteront hermétiques à Layton car elles n’accrochent pas à ses énigmes. C’est fort dommage pour elles mais c’est tout à fait logique car l’objet de leurs plaintes constituent le coeur du jeu. On peut ainsi ne pas accrocher à une histoire comme celle des Aslantes pourtant tirée de légendes on ne peut plus classiques ou aux personnages et malgré tout on appréciera la balade tant que les énigmes nous accrochent. L’inverse est en revanche assez improbable car les énigmes tiennent à la fois le rôle du bâton (vous n’allez quand même reculer devant ça ?) et de la carotte (bien joué, prends tes picarats, tes bonus et voilà la suite de ton histoire). Pour ce qui est de ce dernier épisode, les énigmes de Layton sont vraiment bien pensées et aussi bien accompagnées à l’écran par des animations souvent inutiles en soi mais sympathiques. Quand le tout est en plus servi par une histoire à la fois et à la fin sûre, prenante et également surprenante, (Nemo testeur rigolo), que demander de plus ?
Alors qu’approche le générique de fin de ce test, il est temps d’en venir à la conclusion. Comme dans Scooby-Doo, au final il n’y a pas de magie qui fait tenir Layton, il s’agit juste d’une formule extrêmement bien dosée. En proposant de l’aventure pour l’aventure, du challenge intérieur et un background travaillé en tout point, Layton nous force à nous adapter à ses codes. On le fait volontiers car les gens derrière tout ça sont comme nos régions, ils ont du talent et ce dernier épisode en vaut vraiment la peine car il a su développer des bases saines et rajouter sa petite touche de modernité. Certes, il faut accepter de rentrer dedans. Certes, tout le monde n’accrochera pas mais quand on est dedans, on ne peut qu’admettre qu’il s’agit là d’une jolie oeuvre auquel on se plie volontiers. Comme le dit le proverbe, qui ne dit mot consent, à partir de là il m’apparaît urgent de la boucler.
Et jamais rien n’arrête leur enquête
Sur toutes les facettes de cette planète
Même si ils se jettent des éngimes à la tête
Ils sont amis, Layton et le joueur pardi !