Procédural. Le mot à la mode, tellement prometteur, proposant de l’aléatoire ou en tous les cas de la génération de monde comme on les aime. Ring Runner en est pourvu, mais c’est loin d’être son seul point fort…
Une histoire d’amnésique
Tout commence par une amnésie. Vous vous réveillez dans une station spatiale prête à exploser, une intelligence artificielle dans le crane, deux esprits dans un même corps qui s’enfuit à bord du seul vaisseau disponible. C’est alors que vous apprenez à vous battre : un stick pour bouger, l’autre pour viser et les boutons de votre manette ou du clavier pour tirer/accélérer. Au fur et a mesure de l’avancée du scénario, vous découvrez de nouvelles armes, puis de nouveaux vaisseaux. Rapidement, votre second esprit artificiel devient votre meilleur allié et amis, à travers la vingtaine d’heures de jeu que proposent les six scénarios tous bien écrits de ce shoot en 2D aux inspirations évidentes de MOBA intelligent.
Basée sur une nouvelle déjà existante, Ring Runner est développé par une équipe très réduite et pourtant, il a tout d’un grand. D’accord, visuellement, ce n’est pas incroyable : la 2D est assez quelconque et si les fonds sont magnifiques, ils s’imbriquent mal lorsqu’il s’agit de placer des premiers et seconds plans. Il n’empêche que l’aura d’un grand Space Opera plane sur ce jeu à l’histoire réellement conséquente et passionnante. Vous ne jouerez que votre vaisseau contre d’autres unités, mais à chaque fois celles-ci seront humanisées grâce à des dialogues de qualité et c’est clairement un beau défi de relevé.
Cessons de parler de l’histoire, au risque de spoiler. Ce serait vraiment dommage. Revenons au centre du jeu : son gameplay.
Le coureur de l’anneau
Un vaisseau, plusieurs façons de tirer sur vos ennemis (mitraillettes, courte portée, longue portée, rechargements plus ou moins long, il y en a pour tous les goûts), c’est un peu la formule de Ring Runner qui transporte le joueur à travers plusieurs galaxies aux commandes de plusieurs vaisseaux très différents. De la simple frégate au pod de sauvetage en passant par la tourelle d’un énorme destroyer ou un simple vaisseau transporteur de déchets spatiaux, Ring Runner change toujours la donne niveau gameplay et cela le rend on ne peut plus original. De nombreuses missions vous demanderont alors de transporter tel objet, souvent une caisse contenant un bonus spécifique de soin ou d’armement, d’un point à l’autre. Il faudra aussi défendre des bases, jouer contre des vagues d’ennemis ou même en arène (l’histoire se charge de donner un sens à tout cela, de la plus belle des façons : avec de l’intelligence et de très bons rebondissements scénaristiques).
Sorte de « MOBA en 2D » avec de fortes inspirations de shoot’em up classique, Ring Runner ne laissera pas indifférent. Parce qu’il est totalement original face à la horde de jeux spatiaux qui nous envahissent, parce qu’il est simple d’accès et intelligent, chose assez rare pour être précisée. Ses six scénarios s’étalent sur une vingtaine d’heures passionnantes, avec des missions plus ou moins longues en fonction du script et une sauvegarde automatique après chacune d’entre-elles. Aussi, il y a des objectifs bonus « cachés » que vous ne découvrez qu’à la fin d’une mission, que vous les ayez réussis ou non. Cela force à une rejouabilité de qualité, permettant l’obtention de certains points nécessaires à l’achat de nouveaux vaisseaux férocement plus classes et véloces.
Un univers conséquent
Ce qui est assez fou dans Ring Runner, c’est qu’au-delà des scénarios déjà consistants et entièrement jouables à deux en coopération (uniquement en local), vous avez aussi le droit à du multijoueur local ou en ligne, en « Drop-It/Drop-Out » (qui détecte si quelqu’un entre et sort de la partie en temps réel), sur trois modes de jeux intéressants. Du simple deathmatch, un mode zombie (des vagues d’ennemis) et de la capture et protection de bases sont au rendez-vous pour un contenu encore amélioré. Et là, clairement, on prend toute la dimension du colossal travail réalisé par ce jeu kickstarté qui mérite bien des louanges.
Alors oui il possède quelques défauts et se répète beaucoup visuellement et dans ces mécaniques de jeu. Mais quel contenu ! Quelle intelligence scénaristique ! Quelle immersion ! Pour moins de dix euros, ce titre sans prétention fait mieux que la plupart des jeux « dans l’espace » avec un gameplay dynamique, accessible à tous (pourvu qu’ils ne soient pas anglophobes) et maîtrisé dans un univers colossal (il y a même un Wiki ouvert pour les passionnés) au scénario d’exception. Difficile de ne pas le conseiller !