Après nous avoir proposé Space Disorder il y a presque deux ans, Michael Peiffert s’est associé à FibreTigre pour son nouveau jeu. Cette fois, il est question de la frontière de l’infini et de votre survie en milieu hostile et étoilé. Parviendrez-vous à l’une des différentes fins du jeu ?
Dans l’espace…
Vous êtes un astronaute se réveillant de sa cabine cryogénique. Vous comprenez rapidement qu’il n’y a plus de survivant, que votre planète est bien trop lointaine et qu’il va falloir survivre et tenter de trouver âme qui vive pour subvenir à vos besoins. Ceux-ci sont de trois catégories : l’oxygène bien entendu, qui s’épuise à chaque pas que vous faites. Puis viens le carburant de votre vaisseau, vital si vous ne voulez pas errer au milieu de nulle part, sans but. Enfin, il y a votre vaisseau et sa coque, qui se doit de résister à tout ce qu’elle va devoir endurer. Ces trois ressources sont au centre de votre aventure.
Sur la carte, vous pouvez passer d’un système à un autre et y découvrir ce qui s’y cache. Vous voyez plusieurs types de planètes : les gazeuses, que vous pouvez forer pour obtenir du carburant entre autres délices, mais aussi de planètes plus concrètes qui sont votre source de minerai et donc, de fer , permettant de réparer votre coque. Mais le fer réparera aussi les instruments, votre salle des machines en perpétuel danger qui, si certains éléments sont détruits, pourraient eux aussi vous obliger à faire du surplace et à abandonner votre quête de survie. Il faut tout surveiller et bien entendu, à chaque fois que vous entrez dans un système, un événement aléatoire se produit. En bien, ou le plus souvent en mal.
D’autres lieux sont à découvrir. Des bases tout d’abord, faisant remonter l’une de vos ressources à son maximum, mais aussi des vaisseaux abandonnés. S’il celui que vous dénichez vous intéresse, qu’il économise mieux le carburant, qu’il est plus résistant aux chocs, alors vous pouvez l’aborder. Détruire tout votre équipement, récupérer la matière première et capturer le vaisseau errant. Attention cependant à ne pas sauter dans un piège ou, pour une raison quelconque, vous ne pourriez plus créer cette précieuse lentille permettant de voyager plus loin sur la carte ! Le passage d’un vaisseau à l’autre ne doit pas être pris à la légère mais est aussi la clé de votre survie.
« Allez, une dernière ! »
Out There est chronophage. Les parties sont plus ou moins rapides mais ne dépassent pas les deux heures de jeu une fois le gameplay rodé. Tout est à cliquer, à toucher, pour se rendreou bon nous semble. Chaque action coûte des ressources et rapidement, celles-ci manquent à l’appel. Le jeu est difficile, exigeant et demande de recommencer une bonne vingtaine de fois avant de réaliser une épopée digne de votre fierté. Et une bonne cinquantaine de fois avant de voir une des quelques fins possibles. En clair, Out There n’est pas près de quitter votre tablette.
Parce qu’il est beau, parce qu’il est sublime, même. Out There, c’est du dessin comme on en fait plus, inspiré de la bande dessinée, des comics des années 30-50, un « Tales from Space » digne des plus beaux films de science-fiction en noir et blanc. Mais tout en couleur, tout en musiques, avec des compositions exquises de grande efficacité signées Siddhartha Barnhoorn. À jouer au casque, Out There est un véritable bonheur d’ambiance et de voyage.
Alors oui, il est difficile, c’est rien de le dire. Il nous demande de recommencer cent fois, d’apprendre des dangers qui nous touchent, d’analyser chaque vaisseau et sa composition pour savoir s’il y aura assez de place pour autant de minerai, s’il comporte bien les éléments dont on a besoin. Chaque nouvel endroit du jeu tente de nous effrayer, nous fait bien comprendre que cette aventure est dure, réaliste en un sens. Et écrite avec talent.
Une épopée dont vous êtes le héros
Car c’est bien là le principal attrait de Out There : sa réalisation globale, ce qui s’en dégage en termes de gameplay au premier abord, son aventure, cette sensation d’avoir un « Livre dont vous êtes le héros » entre les mains et de le voir prendre vie, de le contrôler au doigt et de savourer ce plaisir comme l’enfant qui découvre Loup Solitaire ou les Défis Fantastiques. Cette impression que les développeurs ont absolument tout compris au genre, pour nous en proposer un condensé se plaçant dans une science-fiction paradoxalement peu abordé dans ces livres qui ont marqués bien des vies.
Dans votre aventure, une quête « annexe » est omniprésente, celle vous permettant de discuter avec des extraterrestres. Ceux-ci ont un langage particulier et vous apprendre que quelques mots à chaque partie. Vous voulez tout apprendre ? Sortez le petit bloc-note. Ce passage du jeu est juste incroyable d’intelligence, tant il permet de s’accrocher à l’aventure. Un peu comme Fez l’avait fait en son temps, en moins complexe cependant. Alors, le simple joueur tentera d’échanger du fer contre des étranges ressources de qualité, pendant que l’érudit saura déchiffrer chaque message du jeu. Puis vient le scénario, dont on taira ici la teneur, qui chamboule un peu le joueur en milieu de partie, le dirigeant vers d’autres annexes passionnantes.
Out There est répétitif. Il est difficile. Et il est aussi extrêmement porté sur la chance, difficile d’y vanter des mérites de skills sans avouer que chaque nouveau système est un hasard chanceux ou malchanceux totalement incontrôlable même par le meilleur des joueurs. Mais c’est aussi ce qui fait sa beauté : jamais le joueur ne parviens à contrôler le jeu plus que le jeu ne le contrôle et en cela, il en est le maître. Celui qui dirige le tout, qui dicte l’aventure et qui rend chaque partie différente, quoi qu’il en soi. Out There est magnifique.
Le scénario est profond et maîtrisé, l’ambiance musicale et graphique qui ressort de ce jeu est très bonne. Toutefois, une certaine forme de répétitivité peut vite se mettre en place puisqu’au final, vous passerez la plus grande partie de votre temps à gérer vos ressources, mais aussi en collecter.
Bonjour c’est Chibre Tigre