Il y a actuellement dans le monde une variable constante : la multiplication des roguelikes et des photos de chats. Dans notre cas, on va plutôt s’intéresser au premier, et plus précisément à Magicite, un sorte de Terraria avec quelques composantes rpgesques réalisé par un gars tout seul dans son coin, après avoir mené une campagne Kickstarter avec succès. Il est d’ailleurs devenu tout récemment disponible sur l’accès anticipé de Steam après être passé par la case Greenlight. C’est donc intrigué que j’ai posé mes mains sur ce jeu encore en alpha en me demandant à quelle sauce j’allais être mangé cette fois-ci.
La survie du plus fort
Les contrôles sont immédiatement reconnaissables pour qui a déjà joué à Terraria ou Starbound. On se dirige avec le clavier tandis que la souris sert à pointer dans la direction où l’on désire frapper, couper, concasser, etc. Magicite est un jeu de plate-forme et d’action qui intègre un aspect survie très prononcé. On démarre avec pour seul arme et outil, une hache à la durée de vie limitée. Elle servira dans un premier temps à couper un arbre, puis deux, pour mieux ensuite découper en rondelles une guêpe géante, un sanglier très énervé ou bien encore un blob à la mine sympathique.
Le bois ainsi ramassé sera l’occasion de tester le système de crafting, car oui, il y en a un. Il suffit pour cela d’ouvrir l’inventaire, particulièrement limité en place, et de répartir le bois à l’aide du clic droit, pour ensuite, en maintenant la touche shift, regrouper ce matériau pour composer une lame et un manche (il y en a de plusieurs types), qui vous permettront de vous confectionner, toujours grâce à shift, une nouvelle hache, une pioche pour récolter de la pierre et différents métaux, ou encore une épée qui fera bien plus de dégâts que vos outils de jardinage. Rapide, simple et efficace.
Survie oblige, se protéger, se battre et se nourrir constituent par conséquent les bases de ce jeu. Les arbres donnent du bois, les animaux de la viande. Tout est bon dans le cochon, et plus encore, ces inoffensives créatures seront de magnifiques pourvoyeurs en viande remplisseuse de ventre.
On évolue donc de plate-forme en plate-forme à l’aide du double saut et du dash de notre personnage, en évitant de gros rochers carrés en mouvement entourés de pics très pointus ou des boules de neiges géantes, tout en zigzaguant et en se défaisant de la faune locale. La mort dans Magicite est permanente. De ce fait, ne passez pas trop de temps sur la personnalisation de votre personnage, car les débuts seront difficiles, et vous allez mourir souvent et vite avant d’en maîtriser toutes les arcanes.
La composition de chaque niveau étant aléatoire, il se peut que lors d’une partie vous ayez plus de petits cochons roses que de sangliers à abattre, alors qu’à une autre, pièges et monstres feront la queue pour vous éliminer. En fin de stage vous attendent plusieurs portes, chacune d’entre elles vous emmènent vers un des autres biomes qui composent le monde de Magicite, de la forêt à la neige en passant par des grottes de pierre, etc, chacun d’entre eux abritant des créatures qui lui sont propres. Pour info, d’autres biomes sont prévus d’ici la sortie de la version finale.
Le gameplay se veut cyclique avec un niveau d’exploration et d’action suivi d’un passage dans un petit village histoire de faire ses emplettes ou de faire appel au forgeron avec les pièces d’or qui auront été ramassées. Et occasionnellement, quelques boss peuvent aussi apparaître pour vous mettre la misère et perturber votre quotidien de randonneur champêtre. Magicite s’apparente à un mélange de Terraria et de Spelunky avec une composante jeu de rôle notamment par le gain de points d’expérience. Malheureusement, réussir une bonne mayonnaise est un art difficile.
Encore quelques petits soucis d’équilibrage
Magicite faillit en effet sur plusieurs points. Son état encore embryonnaire lui permettra, à force de mises à jour, de corriger la plupart d’entre eux, voire la totalité, donc ne partons pas défaitiste. Il se prend en main très facilement. On déplorera que notre personnage se déplace aussi lentement malgré la présence d’un dash deux en un et d’un double saut, que son allonge soit si ridicule, le rendant pataud et pas toujours évident à manier, spécialement dans les combats qui demandent le plus de précision, et par conséquent se révèlent par moment fastidieux. En effet, ces derniers demandent d’avoir un timing impeccable si l’on veut pas passer de vie à trépas trop vite.
Aussi, n’oubliez pas qu’une épée est le meilleur moyen pour se défaire des créatures qui peuplent ses contrées, car dans le cas contraire, l’affrontement peut durer des heures. Son mélange de survie et son aspect de jeu de plate-forme et d’action font que son rythme est plus haché qu’un Spélunky. La génération des niveaux y est aussi aléatoire, mais nettement moins réussie que chez ce dernier. Les plate-formes et les pièges ne posent en général pas trop de problème pour qui saura être attentif et patient et ne force pas vraiment l’exploit comme chez notre explorateur de tombes. Et pourtant, si Spelunky est un jeu difficile, Magicite l’est tout autant. Seulement voilà, le premier est plus nerveux que le second, et surtout plus intéressant à jouer (avis personnel). Magicite n’est pas arrivé à me stimuler suffisamment. Son mélange peu orthodoxe manque en effet d’équilibre entre les différents genres qu’il essaye d’assimiler et de faire cohabiter.
J’insisterai également sur le fait que Magicite n’a que peu d’intérêt dans son aspect jeu de rôle qui est ici réduit à sa plus simple expression. Pourquoi se soucier de son personnage et de ses capacités quand il n’est même pas possible de définir ses statistiques, notamment quand ces dernières sont sujettes encore une fois au hasard. Vous pouvez bien évidemment cliquer sur le bouton correspondant jusqu’à obtenir quelque chose d’aléatoirement plus avantageux pour vous, mais au final, ça ne change rien, vous n’avez pas véritablement le contrôle sur les compétences et les caractéristiques de votre personnage. De toute façon, l’intérêt serait minime si c’est pour mourir aussitôt après.
Si vous en avez la possibilité, peut-être vous faudra-t-il plutôt vous penchez sur son mode multi-joueurs, là où il semble prendre toute son ampleur et être le plus à son avantage, car au cas où vous mouriez, un de vos potes sera à même de vous ramener d’entre les morts (attention aux problèmes de lags qui seront peut-être corrigés depuis). Magicite reste tout de même en l’état digne d’intérêt et à suivre de très près. Avec son rendu tout en pixels sympathique, mais aux décors un peu vide par contre, il s’avère être un jeu hybride qui pourrait bien faire la surprise une fois ses mécanismes de jeu plus affinés et équilibrés.
Son auteur est réactif et très ouvert à la communauté des joueurs, comme sa présence régulière sur les forum de Steam en atteste. Il a même posé la question de mettre en place un système de progression qui devrait moins nous donner l’impression de jouer pour rien, surtout qu’à l’heure actuelle, même en étant pas mort, vous ne pouvez pas sauvegarder votre personnage si vous devez arrêter votre partie.
C’est important le sentiment d’accomplissement, et il ne faut pas le négliger. Je ne saurez donc que trop le conseiller, à l’heure actuelle, à celles et à ceux qui recherchent de la difficulté pour qui celle d’un Terraria ou Starbound n’était pas suffisante. Il y a des choses à régler, à améliorer, mais avec un développeur qui semble bien engagé dans ce qu’il fait, et surtout aime ce qu’il fait, j’ai bon espoir que Magicite arrive à devenir plus qu’un jeu de plus au concept sympathique et puisse arracher une côte d’amour auprès des amateurs de survie en milieu hostile.