L’histoire se répète inlassablement. Le sorcier Kamek a du lire dans les entrailles d’un poisson, et ce qu’il y a du y voir, ce sont deux frères plombiers à la glorieuse moustache défaire un a un les plans machiavéliques de son jeune maître en culottes courtes, l’ineffable Bowser. Alors plutôt que d’attendre quelques années et de nous faire un trip à la Terminator pour éliminer nos italiens préférés, il préfère prendre les devants et se débarrasser de la menace manu militari.
Du pareil au même
Bon le reste de l’intrigue vous la connaissez. Plutôt qu’une princesse de circonstance à sauver, on prend à la place bébé Luigi, tandis que les Yoshi vont se relayer pour aider bébé Mario à casser du méchant. Comme c’est le cas dans la plupart des classiques de chez Nintendo, l’intrigue n’essaye pas de s’élever au niveau des meilleurs thrillers d’Hollywood et sert juste de prétexte, en l’occurrence ici, pour nous offrir de la plate-forme pure et dure.
Et par ailleurs, le vétéran ne s’y trompera pas. Yoshi New Island remplit le cahier des charges, et c’est sans surprise que l’on retrouve tous ce qui a fait la marque de fabrique de la série. Yoshi en se faisant toucher perd bébé Mario et n’a que quelques secondes pour le récupérer avant de perdre une vie, il peut en pédalant dans la semoule se déplacer dans les airs quelques instants, et tout ce qu’il avale il le transforme en œuf, œufs devenant entre ses mains expertes de véritables missiles pour atteindre ennemis ou bonus hors de notre portée.
Il en est de même pour le bestiaire qui a assez peu évolué excepté quelques monstres supplémentaires. C’est devenu une tendance chez Nintendo, on peut même dire que c’est une habitude chez eux de faire du neuf avec du vieux. Mais jusque là, ils l’ont toujours fait avec talent. Un Mario Sunshine était radicalement différent et en même temps proche d’un Mario Galaxy sur certains aspects. Les jeux Nintendo, c’est une base solide et éprouvée depuis un moment, et ce nouveau Yoshi n’y faillit pas. Mais – car il y a un mais – tout n’est pas forcément rose. Il faut avouer que le manque sérieux de nouveauté se fait un peu malheureusement sentir.
On veut du n’œuf !
On dirait que c’est devenu une mode depuis New Super Mario Bros de faire dans le gigantisme. On retrouve bien sûr les œufs de différentes couleurs habituels, chacun avec leur propriété propre, mais à de rares occasions, des ennemis de taille imposante s’offriront à la langue de notre fin gourmet. De ce met de choix découle deux nouveaux types d’œufs gargantuesques : des normaux et des métalliques. Le premier s’utilise le plus simplement du monde qui dans un effet domino enchaînera destruction après destruction si correctement lancé, le métallique en fera de même à une nuance près, celle où il vous servira de poids pour explorer les quelques fonds aquatiques du jeu.
Mais tout n’étant pas qu’une histoire d’omelette, les talents de transformistes de Yoshi seront une fois de plus mis à contribution. Que cela soit sous la forme d’un hélicoptère, d’un sous-marin, d’un wagonnet ou d’un marteau piqueur, ces mini-jeux dans le jeu se trouvent en passant un portail dans certains niveaux. Phases complètement optionnelles, enfin pas pour celles et ceux qui voudront atteindre le cent pour cent, elles sont aussi assez peu, voire pas du tout difficiles. Sauf quand il s’agit de tout récupérer, ces séquences étant limitées en temps et nécessitant de fait d’avoir un timing parfait. L’utilisation obligatoire du gyroscope n’arrange malheureusement pas toujours notre affaire, passant d’une maniabilité relativement agréable avec le wagon, à passable avec le sous-marin. On se serait bien passé de cette technologie pas toujours très fonctionnelle en jeu.
Le nombre d’idées neuves est malheureusement assez faible. Il y en a bien sûr quelques unes en sus de celles que je viens de citer, mais dans sa globalité, il s’agit simplement d’un Yoshi’s Island assez peu inventif, qui se repose sur ses acquis. Ça ne serait pas vraiment un mal s’il n’y avait pas quelques problèmes supplémentaires dans sa finition qui m’ont réellement posé problème.
Le cahier des doléances
Yoshi New Island est plutôt joli. Certains passages sont même étonnants. Il me semble avoir deviné quelques influences de grands peintres comme Van Gogh. Pourtant, dans son ensemble, le résultat peine à complètement convaincre. C’est agréable et le style est mignon, toujours avec cet aspect enfantin. Mais là où Yoshi’s Island se jouait avec brio des limitations de la Super Nintendo, en nous offrant un résultat aussi étonnant que magnifique pour une 16 bits, cet opus souffre de couleurs parfois un peu fades, et de décors manquants parfois de caractère ou d’une véritable identité visuelle forte. Ayant troqué le crayonné pastels et craies pour de la peinture sur papier canson, on aurait pu s’attendre à un peu plus de fantaisies et d’audace en la matière. C’est un peu dommage.
Mais le plus gros problème selon moi, sur tout ce qui touche à la forme de ce Yoshi, ce sont ses musiques. On y revient toujours, mais la bande sonore de Yoshi’s Island était vraiment excellente. Qui ne pourrait pas chantonner quelques uns de ses refrains les plus connus, très certainement bien ancrés dans sa tête depuis longtemps ? Ce n’était pas seulement pour leur qualité que l’on s’en souvient, mais aussi pour leur capacité à avoir su si bien accompagner le rythme de l’action de chacun des niveaux tout en participant à leur ambiance. Ce n’est pas tant qu’elles sont mauvaises cette fois-ci, elles sont plutôt bien produites d’ailleurs, mais aucun thème majeur n’arrive à véritablement se démarquer de la masse, et encore pire, ils semblent parfois complètement en désaccord avec l’atmosphère du niveau qu’ils accompagnent.
Mais tout cela reste probablement secondaire et correct, car l’essentiel dans un jeu de plateforme, c’est la jouabilité et la qualité de son level design. Sur ce premier point, j’ai trouvé que Yoshi était plus lourd dans ses déplacements que dans l’épisode 16 bits où ils étaient plus secs, avec moins d’inertie et finalement bien plus précis. Soyons d’accord sur un point, Yoshi est toujours très maniable après un petit temps d’ajustement, mais son ancêtre se trouve l’être plus encore à mes yeux. Je laisse le soin à chacun de juger par lui-même.
Par contre sur le second point, ma plainte me semble plus justifiée, et c’est là sans doute ce qui m’a déçu le plus. Un Yoshi’s Island, c’est un jeu de plateforme, et de tir aussi en quelque sorte. De ce fait, il requiert un level design qui tienne la route pour soutenir un gameplay qui se veut à la base exigeant avec le joueur. Or, le jeu est assez facile de base, alors que récolter tous les bonus (étoiles, pièces rouges, fleurs) ne l’est pas toujours en comparaison. Déjà, il y a un gros problème d’équilibrage.
En effet, certains de ces items bonus sont parfois cachés dans des endroits qui ne sont pas forcément évidents au premier abord ce qui en soit n’est pas forcément grave, il faut bien apprendre de nos erreurs, mais recommencer un niveau pour la énième fois à cause d’une pièce rouge manquée nécessitant un timing extrêmement serré aura de quoi frustrer le plus patient des joueurs. Enfin, ce calvaire ne sera le votre que si et seulement si vous êtes accroc comme moi au cent pour cent.
Par ailleurs, histoire d’appuyer mon avis sur cette question d’une grande importance, en mourant quelques fois, le jeu nous donne généreusement des ailes nous permettant de flotter indéfiniment. Quelques vies de perdues supplémentaires, et ce sont des ailes dorées qui nous sont offertes, ces dernières venant avec l’invincibilité en plus (sauf contre la lave et le vide). Il est toujours possible de passer son chemin et de ne pas en profiter, mais quand un jeu incorpore de base un objet permettant de tricher, on peut se poser la question s’il n’aurait pas été préférable de travailler un peu plus son level design que de recourir à de tels stratagèmes honteux. Pour moi, il s’agit en quelque sorte d’un aveu d’échec.
On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs
Avec six mondes et huit niveaux par monde, ce nouveau Yoshi se montre relativement généreux en ce qui concerne sa durée de vie, malgré sa relative simplicité. Pour les dingues du cent pour cent, il y a de quoi y passer plusieurs heures en plus, sachant qu’il faudra explorer un peu plus encore que dans les autres Yoshi pour espérer tout trouver. Et au cas où cela ne serait pas suffisant, des mini-jeux pour deux joueurs sont à débloquer, même si je vous avouerai qu’ils sont plus anecdotiques qu’indispensables.
Ce n’est franchement pas un mauvais jeu. J’ai même beaucoup aimé les combats contre les boss. De toute façon, et j’ai rarement, voire jamais, été contredit là dessus, mais un jeu Nintendo même moyen reste supérieur à la moyenne. Bon cette fois-ci, la firme nippone a sous-traité le développement au jeune studio Arzest, soit, mais cela ne change pas vraiment ce que je viens d’écrire. C’est un jeu bien fini et soigné qui manque seulement d’un petit truc en plus, et surtout d’un level design un tantinet plus élaboré. C’est un jeu timide qui se contente de faire dans la moyenne un peu partout sans jamais arriver à dégager un véritable point fort qui pourrait le démarquer de la quantité de bons jeux qui sortent sur 3DS, et même ailleurs.
Un peu trop mou du genou et carrément moins dynamique que Yoshi’s Island, ce n’est clairement pas le jeu qui vous marquera, mais néanmoins, il est suffisamment correct pour faire le boulot si vous êtes en manque de plateforme et que vous possédez déjà tous les indispensables de la console portable de Nintendo.
J’ai pu essayer les 3 premiers niveaux sur le jeu d’un ami. Et je le trouve vraiment immonde, en 2D comme en 3D. Les Items flottants (pièces nuages ailés, fleurs et d’autres.) donnent l’impression d’avoir été détourés à la serpette.
https://www.gamesidestory.com/wp-content/gallery/jeu_yoshinewisland/yoshisnewisland-15.jpg
Regardez la bordure des pièces sur ce screen…
C’est pas immonde ?
Et vu que l’écran de la 3DS XL n’aide pas à affiner les jeux, c’est encore plus crado sur cette dernière.
Ensuite comme tu l’a remarqué, Yoshi est pataud dans tous ses mouvements, comme si la console avait du mal avec le framerate du perso. Alors que tout le reste du jeu avance a une vitesse normal, notre petit personnage lui vit en constant ralentit.
Le jeu ne m’a pas du tout convaincu.
Selon moi, le plus gros problème, c’est le manque de cohérence entre chaque élément d’un décors qui empêche ce Yoshi d’avoir une identité visuelle propre. Je dois quand même louer la recherche esthétique, car il y a une touche « peinture » vraiment intéressante mais qui souffre d’une console au hardware limité et surtout d’un écran trop petit.
Selon mon point de vue, il aurait profité à sortir sur Wii U, car sur un si petit écran, il est difficile d’apprécier ces coups de peinture. Ce n’est pas complètement laid, et il profite de la 3D, mais c’est vrai qu’un peut mieux faire est de rigueur.
Pour le reste, j’ai relancé Yoshi’s Island, l’original, et Yoshi est bien plus nerveux et précis. Rien à voir, du coup ça fait mal de voir celui-ci trop lent dans un monde qui avance bien plus vite.