Après un premier Escape Goat plus que sympathique et follement rétro dans l’âme, Ian Stocker offre un lifting à sa chèvre mauve favorite pour une nouvelle aventure où il faudra encore une fois de plus sauver des moutons atteints de narcolepsie. Mais l’intrigue n’a que peu d’importance, car derrière une finition ultra léchée se cache un jeu d’une redoutable efficacité quand il s’agit de nous divertir avec le sourire aux lèvres et sans trop de crispations. Escape Goat 2, un jeu pour les hommes qui aiment les chèvres, assurément.
Une chèvre de compétition
Escape Goat 2 est un jeu de plateformes et de puzzles tout simplement. Chaque niveau est un tableau unique où l’on devra allier réflexion et précision du geste. En effet, il faudra souvent prendre des décisions rapides et effectuer des sauts millimétrés pour réussir à récupérer la ou les clés nécessaires pour ouvrir la porte de sortie signifiant votre réussite. Apprendre à utiliser sa chèvre avec efficience est par conséquent une nécessité, tout en sachant qu’elle peut charger ou faire un double saut, pour pousser des blocs, briser des caisses, et même provoquer des réactions en chaînes qui peuvent ainsi ouvrir un nouveau chemin vers le sésame tant convoité.
Elle ne sera pas seule dans sa tâche en cela qu’elle est aidée par son amie de toujours, une souris au talent de grimpeuse indéniable. Versatile, le rongeur peut grimper à peu près n’importe où, ce qui est particulièrement pratique pour activer des boutons impossibles à atteindre pour notre animal ruminant, servir de diversion pour nos ennemis, ou bien encore être aussi utilisé comme poids pour activer un mécanisme. Occasionnellement des objets magiques seront là pour lui donner de nouvelles capacités comme un chapeau lui permettant d’échanger sa place avec la chèvre (non je ne parle pas de Pierre Richard), une cape pour se projeter d’un mur à l’autre avec perte et fracas, et un marteau pour se transformer en bloc de pierre.
Chaque nouvelle pièce est l’occasion d’un nouveau problème sous la forme de pièges comme des mages lanceurs de feu, des plateformes qui se détruisent sous nos pas, des scies mouvantes, des rayons électriques et autant de possibilités d’y laisser sa peau de bête. Dans un premier temps, j’essayais toujours d’analyser la situation, de comprendre comment telle chose allait réagir à une autre. Ensuite, sont venus les expérimentations et les essais ratés qui vont souvent avec. Parfois, je suis mort bêtement écrasé par une pierre, tombé dans un trou ou roussi par les flammes des fameux mages. Et quand j’étais bloqué, il n’y avait alors plus rien d’autre à faire que de tout reprendre à zéro en me suicidant.
La progression dans Escape Goat 2 est linéaire. On enchaîne les niveaux en suivant un chemin tout tracé, mais à quelques occasions des voies annexes nous offre de quoi rassasier notre appétit cérébral. Il est fortement possible de finir la trame principale – si l’on peut parler de trame pour ce jeu – en un peu moins de deux heures. Personnellement je suis arrivé aux crédits de fin en un peu plus de trois heures en ayant fait plusieurs puzzles annexes en plus des niveaux obligatoires pour le terminer, et pourtant, mon score final me révéla que je n’avais fait que la moitié du jeu. Comptez donc facilement six heures pour le tout, plus ou moins selon la fougue de votre intelligence et de vos réflexes, tout en sachant que les puzzles optionnels sont bien plus retors que ceux de base. Bien plus.
Goat, brain and fun
Escape Goat 2 n’est pas excessivement difficile. Il a bien sûr des passages qui sont un peu plus tendus que d’autres, mais dans son ensemble je l’ai même trouvé moins dur et sans doute plus accessible que le premier. Tout cela est dû en grande partie à un gros travail d’équilibrage encore meilleur qui a visiblement été fait pour offrir un jeu à la difficulté progressive, et force est de constater que ça fonctionne parfaitement. Le plaisir ressenti découle du fait qu’il y a un véritable challenge tout en arrivant à donner au joueur la sensation de s’être amélioré à chaque fois qu’il réussit à s’échapper d’une salle.
Bien évidemment, je suis mort de nombreuse fois, mais de par son style très dynamique, son mélange de réflexes et de réflexion, tout en demeurant parfaitement jouissif, cette chèvre ne nous laisse pas le temps de rager ou de s’embêter avec la défaite à répétition. Franchement, de vous à moi, tout repose sur la résolution d’une énigme. Le placement des pièges, des ennemis et des blocs qui structurent le niveau, tout cela fait parti d’une équation qu’il faut résoudre. Une fois que vous aurez compris quel chemin et quelles actions prendre, arriver à vos fins ne sera plus qu’une formalité. Enfin en théorie, car il faudra aussi être capable de manier la bête cornue avec talent, certains sauts étant particulièrement pointus dans leur genre.
Pour ne rien gâcher, comme pour Spelunky par exemple, Escape Goat 2 se distingue du premier épisode en adoptant cette fois-ci de jolis graphismes colorés en haute définition et non plus un tas de pixels façon 8 bits, certes avec du caractère, mais fatiguant pour les yeux à force. Le jeu y gagne en visibilité et en identité visuelle, surtout notre chèvre qui regorge de petites animations toutes plus adorables les unes que les autres pour peu que vous la laissiez seule l’espace d’un instant.
Escape Goat 2 c’est du bonheur à tartiner. Avec ses jolis graphismes, sa bande sonore d’exception et son gameplay réglé comme du papier à musique, c’est avec plaisir que l’on y joue sans vouloir s’arrêter. Je n’ai ressenti aucune frustration et n’ai jamais senti le besoin d’aller voir ailleurs parce-qu’un puzzle était trop difficile, et ce grâce à une courbe de progression très subtile, chaque niveau vous préparant pour le suivant. Seuls ceux qui sont subsidiaires ont pu me mettre en difficulté, et encore j’en redemande. Aucun de ces puzzles ne se ressemblent jamais complètement, le joueur ayant ainsi droit à une expérience constamment renouvelée sans y mêler l’ennui. En plus, un éditeur de niveaux est bientôt là. Achat indispensable pour le plus zen des puzzle platformer.
Miam miam! Jusqu’à présent, MagicalTimeBeam ne m’a jamais déçu : le relookage semble aussi réussi que le jeu, et l’éditeur de niveaux est un + indéniable!
Ahah, j’aime bien aussi l’accroche sur le site officiel: « The only indie game in 2014 not inspired by Dark Souls, with no roguelike elements or procedural content » ^^
Oui, j’ai hâte aussi pour le Workshop et l’éditeur. C’est vraiment un jeu très frais, très fun et tout.