Adapter South Park en jeu vidéo n’est pas une idée neuve et on a connu à l’époque de la première Playstation quelques adaptations en jeux vidéo faites par Acclaim et qui sont tellement de triste mémoire que je les avais oubliées jusqu’à la rédaction de cette critique. Heureusement cet affreux cauchemar est terminé et depuis quelques années on pouvait apprécier la série TV en se disant qu’il ne pouvait plus rien nous arriver d’affreux maintenant. Mieux même, en 2009, « South Park: Let’s Go Tower Defense Play! » débarque et ce… tower défense s’est taillé une réputation de plutôt bonne facture. Restait alors à confirmer le tournant et la fin définitive du cycle des adaptations de Mr Hankey de la licence et c’est Obsidian qui en avait la charge avec ce « Bâton de la Vérité ». Spoiler : ça déchire.
On fait tourner les Servietsky
Oui voilà c’est dit, autant briser le suspens tout de suite , si vous étiez venu uniquement pour savoir ça, je le redis : achetez ce jeu, il est certes aussi bon que Cartman est gros, que Kyle est juif et que Kenny est bonne dedans mais il est également important pour le jeu vidéo en lui même. Maintenant qu’on a mis ça derrière nous, justifions un peu ce point de vue sans grande nuance. Déjà il faut saluer la direction artistique utilisée pour ce jeu, South Park est un dessin animé très fortement lié à son esthétique 2D grossière mais travaillée et le jeu a su s’y intégrer totalement. On se déplace et on combat vraiment comme si on assistait à un épisode de la série et un grand nombre de petites astuces malignes ont été trouvées pour les animations, la navigation dans les écrans et l’implémentation de secrets. Ce côté ultra chiadé n’est que l’une des facettes de la plus grande qualité de cette œuvre, qualité qui est rare dans le monde du jeu vidéo, à savoir sa générosité. Et rien que ça, ça déchire.
South Park est un jeu qui donne énormément à son joueur sur tous les plans. C’est à un point difficilement imaginable avant d’y avoir touché et c’est d’autant plus jouissif que le bilan derrière est exceptionnel. Visuellement les animations sont parfaites et très nombreuses, la bande son s’intègre impeccablement à l’univers, le gameplay est suffisamment con pour être drôle mais étonnamment malléable et potentiellement complexe quand on s’y penche vraiment, le rythme est impeccable, la difficulté est gérée avec soin, l’histoire est originale et regorge de blagues méta/crades mais contient également comme dans tout bon épisode de South Park de belles démonstrations par l’absurde. Bref, c’est un vrai bonheur de gamer que de parcourir cet univers qui sait en permanence trouver son équilibre entre dialogues amusants, espace de challenge et événements crado-rigolos le tout recouvert de menus contenant des blagues absolument partout. Je vous ai déjà dit que ça déchirait, je crois non ?
Jeu d’exceptions
Mais au delà de cet élogieux constat de réussite vidéo ludique, « South Park : Le bâton de la Vérité » met surtout un sacré coup de bâton dans les couilles du jeu vidéo. Ce médium qui avait tendance à se décrire comme un sale gosse ne rigole plus. There is a new kid in town et il met les pieds où il veut et pour le coup c’est plutôt dans sa gueule. Déjà parce que South Park remet au centre le concept de transgression, le nombre de vannes limite est absolument sans comparaison. Dès le départ, le jeu vous propose de prendre « Juif » comme classe et enchaîne par derrière les blagues racistes pour ce qui concernent les autres choix. Tout est prétexte à des jeux de mots borderline , à des remarques cruelles, les zombis nazis parlent en Adolf Hitler, les roux sont des suceurs de bite détestables, tout le monde se moque de Butters… bref on est pas là pour faire plaisir mais pour que tout le monde en prenne plein la face. Certes, il n’y a pas grand chose de neuf par rapport à ce que fait la série TV mais bordel que ça fait du bien de voir arriver un vrai sale gosse dans le monde des grosses productions du jeu vidéo. Comme si une nouvelle fois, on était capable de tout laisser passer parce que c’est South Park et que seule cette licence était capable de tout déchirer des limitations.
Mais au delà de ces transgressions, des propos très drôles et loin d’être con, de la masse énorme de contenu, de l’exercice réussi avec brio de l’adaptation, il faut reconnaitre à Obsidian cette volonté acharnée qui se ressent fortement en jouant de vouloir faire un jeu vidéo 2D complet. On sent que les gens derrière aimaient ce qu’ils faisaient, aimaient South Park pour la liberté que cette série procure autant que pour ces personnages. Il y a un côté extrêmement gratifiant à jouer à « South Park Le Bâton de la Vérité » car plus qu’une adaptation, plus qu’un gameplay, plus qu’une esthétique, plus qu’une histoire, plus qu’un challenge, on a affaire à un jeu vidéo qui s’aime en tant que tel et qui veut pour nous le meilleur. Même si parfois ce meilleur consiste à nous insulter, à nous faire diriger un pet ou à marteler A pour chier dans les toilettes. Et ça, ça déchire tout !
Généreuse dans tous ses aspects comme peu de jeux en sont capables, brillante dans bien des domaines, cette indispensable adaptation de l’univers de South Park est d’une efficacité impressionnante et d’une importance certaine pour le monde du jeu vidéo. Pas besoin de longue conclusion ! Vous aimez South Park ? Achetez ce jeu ! Vous aimez les jeux vidéos ? Achetez ce jeu ! Vous aimez les chatons ? Allez sur YouTube, y en a plein et après achetez ce jeu. Un grand bravo et un aussi grand merci à Obsidian, vous déchirez les gens ! (Et pas que pour South Park au passage…)