Après un Of Orcs and Men un peu raté et un sympathique Mars, les développeurs en équipe réduite de chez Spiders avaient tout à prouver avec ce troisième jeu. Et c’est avec beaucoup d’amour pour leur travail qu’on s’est lancé dans cette création nous plongeant en pleine Heroic-Fantasy…
Il a le démon en lui !
Volcan est un guerrier des Lames Franches. En pleine guerre contre les morts-vivants du Nord, notre héros va se voir possédé par un démon après un étrange rituel orchestré par des mages aux objectifs bien sombres. Ce démon va le ronger de l’intérieur, tenter de l’absorber, mais il lui donnera aussi la force de combattre bien plus vaillamment qu’avant. De simple humain, Volcan devient le grand guerrier de l’Histoire, celui qui pourra peut-être changer la donne dans cette guerre faisant des ravages dans le monde de Vertiel.
À la troisième personne, vous contrôlez Volcan et devez parcourir trois chapitres jonchés de quetes annexes. Ne rêvez pas, nous ne somme pas en monde libre, tout est extrêmement linéaire et fait de couloirs, voir de labyrinthes mêmes. On va d’un point A à un point B, on fait des aller-retours incessants et sur le chemin, on se bat contre des ennemis. Il y a possibilité de se battre avec deux types d’armes : une à deux mains et deux dagues rapides mais moins douloureuses dans le flanc de l’ennemi. En plus de cela, le démon qui vous habite vous permet d’activer des pouvoirs : boule de feu, rage, épée enflammée, etc. En combat, il ne vous reste plus qu’à bien enchaîner les boutons : frapper au bon moment, donner un coup de pied pour repousser un ennemi voir casser son attaque en cours et surtout, bloquer. À l’aide de la gâchette droite pour ceux qui jouent à la manette (et honnêtement, c’est préférable), cette garde permet aussi de contre-attaquer lorsqu’elle est pressée avec le bon timing. Du déjà vu, du très brouillon, mais cela reste amusant.
La particularité c’est que l’équipe de Spiders à joué à Dark Souls et a décidé d’en tirer quelques leçons. Ici, chaque affrontement sera peut-être le dernier. Pas question d’enchaîner les ennemis sans même prêter attention à sa barre de vie : même au plus bas niveau de difficulté, les combats seront longs et périlleux. C’est même eux qui donnent toute la durée de vie du jeu, tant celui-ci peut se terminer en à peine huit heures de jeu pour les plus doués. Oui, c’est peu.
Of Orcs and Mars
Spiders fait du Spiders et c’est franchement énervant. Ces gens plein de talents ne semblent pas motivés à renouveler leurs idées et c’est pourquoi on retrouve la roue tactique (pour soi mais aussi pour nos alliés) d’Orcs and Men, le recyclage et le craft de Mars et le tout se prête bien au jeu mais est terriblement déjà vu. Surtout, il y a des raccourcis beaucoup trop stupides : pourquoi peut-on transformer nos pièces d’or en sang démoniaque ? Cela n’a aucune sens, mais permet de crafter… Des potions de vie. Et là tout de suite, on voit que c’est juste une solution de facilité. Et c’est souvent comme cela avec le craft, ce qui est franchement dommage.
Parce que Bound By Flame a un scénario de qualité, comme toujours avec Spiders. Ici, la dualité avec le démon qui nous ronge de l’intérieur et même physiquement visible. Si vous faites les choix allant vers le démon intérieur, alors votre héros changera peu à peu d’attitude et de faciès. Il aura les yeux rouges et rapidement, des cornes pousseront. C’est clairement réussi et en globalité, tout ce qui est choix et conséquences et d’une grande intelligence. Les alliés ont tous leurs dialogues, certains se retourneront contre vous, d’autres risquent de mourir, il y a une vraie empathie qui s’installe malgré la très courte durée de vie de l’aventure et encore et toujours, Spiders gère son scènario. Mais le reste lui fait toujours défaut.
Donnez-leur du temps, bon sang !
Je ne sais pas si c’est Focus qui presse Spiders de sortir son jeu, ou si ce sont les développeurs qui pensent réellement avoir terminé leur création, mais cela devient particulièrement énervant de les voir se vautrer avec un bon scénario, des musiques absolument incroyables de qualité (signées par le toujours excellent compositeur Olivier Derivière), des personnages réussis et des bonnes idées de gameplay. C’était aussi le cas avec Of Orcs and Men et si la pierre pouvait à l’époque être jetée à Cyanide pour leur partenariat créatif, on voit ici qu’il n’en est peut-être rien.
Parce qu’avec du temps, Bound by Flame serait sans aucun doute mieux réglé au niveau de sa difficulté, tant celle-ci est très aléatoire en fonction des situations et des ennemis. Il serait aussi sûrement moins linéaire dans sa progression et donc, plus long dans sa durée de vie. Visuellement, il jurerait moins avec un visage sur deux extrêmement réussi pendant que l’autre semble tiré de la génération passée. Que dire aussi des quelques bugs visuels qui apparaissent sur les ennemis, de l’aspect grisâtre du tout, du bestiaire très limité ? Vraiment, Bound by Flame a tout de l’excellent jeu en préparation, mais semble avoir été précipité. C’est à n’y rien comprendre et cela fait désormais trois fois que le développeur nous fait le coup.
Alors que penser de Bound by Flame au final ? Il est court, assez moche malgré une direction artistique originale, plein de bugs ou d’animations facile (les coéquipiers à terre qui « glissent » à même le sol pour vous suivre : horrible) mais il propose un scénario très bien ficelé avec une quête principale classique en terme d’univers, mais qui met en avant des personnages excellemment bien écrits et une dualité Humain/Démon rarement aussi bien pensée. Le final intervient beaucoup trop vite et s’il est grandiose dans sa réalisation, il n’empêche que le combat est des plus abusifs et complètement déconcertant en termes de difficulté. Bref, à chaque fois que Bound by Flame a une qualité, un défaut vient nous décevoir. C’est plus que frustrant : c’est énervant. Ce qui en fait un jeu qui peut être esquivé à prix fort, mais qui peut aussi franchement valoir le coup à la découverte dans quelques mois, quand il sera à moindre prix. Mais quel dommage, bon sang !
J’attend de voir quelque jour, histoire de voir si je me le prend… C’est typiquement le genre de jeu du « ça passe ou ça casse »… Mais bon je n’ais ni fait Of Orcs and Men et Mars War Log, je vais peut être me laisser tenter.