Une démo intéressante et pleine de promesses, l’annonce du support de l’Oculus Rift, le casque de réalité virtuelle qui valait des milliards, il n’en fallait pas plus pour placer sur les frêles épaules d’Among the Sleep de très grandes attentes. Une plongée dans le plus adorable des Amnesia-like s’impose donc avec l’espoir de ne pas être déçu.
Cry, cry babyyyy
Tout commence alors que votre gentille maman vous donne à manger du gâteau. C’est votre anniversaire ! Et alors qu’elle était sur le point de vous donner votre cadeau tant espéré, voilà que l’on sonne à la porte. Le visiteur nous demeurera inconnu alors qu’un mélange de sons et d’effets visuels désagréables accompagnent le mécontentement de notre mère qui nous indique que cette visite n’était pas vraiment voulue. Un passage qui donne le La, et nous met déjà mal à l’aise.
De retour dans notre chambre et surtout dans notre parc à mioches, comme si notre maman n’avait jamais vu de films, nous nous en échappons avec la dextérité du tigre. On s’amuse avec nos jouets, notre petit train électrique et nos cubes d’alphabet. Notre regard se porte sur notre cadeau, là-haut sur la commode. Nous ne savons toujours pas ce qu’il y a dedans après tout. Ni une, ni deux, nous déplaçons à l’aide de nos petites mains un tabouret qui nous permettra de l’atteindre. Alors que nous faisons tomber maladroitement la dite boîte, on remarque qu’elle est vide. Mais où se trouve notre cadeau ?
Notre regard se porte ensuite vers le coffre à jouets. Un ours en peluche s’y trouve et il parle, il nous parle ! Nous le suivons dans sa découverte de notre chambre – notre royaume de fantaisie – pour en venir à faire une partie de cache-cache dans l’armoire. Mais notre maman est trop forte, et elle nous retrouve sans difficulté. Alors que la nuit approche à grands pas et que Morphée se fait attendre, un cri de notre mère adorée se fait entendre. Nous ne sommes qu’un bébé de deux ans après tout. Que pouvons-nous faire ? Et pourtant, avec l’aide de notre nouvel ami, qui lui est doté de la parole et est un peu le seul réconfort que nous ayons pour l’instant, courageusement, nous bravons les interdits et nous nous aventurons dans les méandres de notre maison, qui pour la stature modeste d’une jeune gamine en grenouillère prend des proportions gargantuesques. Bienvenue dans un monde vu au travers des yeux d’un bébé.
L’antichambre de l’enfer pour bébé
Cette mise en bouche vidéo-ludique est l’occasion de se familiariser avec les commandes du jeu dans un tutoriel intelligemment déguisé. Le body awareness, comme disent les anglais, est ici incroyablement bien rendu. Pour ceux qui ne saurait pas ce que cela peut être, quand on parle de body awareness, on parle de la façon dont le corps de notre personnage est rendu, et de ce fait de la perception que nous en avons. Bien évidemment ce principe s’exprime uniquement au travers d’une vue à la première personne. En baissant la caméra, on verra par exemple tout le bas du corps de notre personnage. Parmi les exemples réussis de body awareness, il y a eu Mirror’s Edge. Meilleur il est, meilleur est l’immersion, et du coup les sensations.
Et c’est le cas ici. On ressent une certaine lourdeur et une maladresse dans les déplacements de notre héroïne en couche-culotte, et qui réussit à nous faire rentrer immédiatement dans le personnage. Comme dans Amnesia, une petite icône de main – ici de nourrisson – indique quand il est possible de manipuler un quelconque objet, comme une caisse qui bloquerait un passage ou pour déplacer une chaise et atteindre une poignée de porte naturellement trop haute pour nous.
Il n’y a cependant pas de barre de vie et un inventaire plus que limité. On avance dans une série de couloirs avec par moment une vague opportunité d’exploration, mais globalement, on va tout droit sans trop avoir à chercher notre chemin ni à devoir résoudre des énigmes éminemment compliquées. La progression se fait naturellement sans beaucoup trop d’interférences, excepté la présence d’un monstre, croisement improbable entre un arbre avec des jambes et une ombre chinoise. Et bien ouais, il fait très sombre la nuit. Heureusement, nous avons nounours. Notre ours en peluche est un formidable compagnon. Courageux et prudent, il nous donne des conseils et tente de nous rassurer. En le tenant très fort contre notre petit cœur, il s’illumine et devient un phare pour nous dans cette obscurité envahissante. Une lampe torche quoi.
Donc alors que nous poursuivons notre chemin dans notre chez nous, nous pénétrons peu à peu dans une réalité onirique, ou plutôt cauchemardesque. La moindre bouteille qui tombe est synonyme d’un cri épouvantable qui signifie que le bête ne rôde jamais très loin, car elle est attirée par le moindre de nos bruits. Seulement, c’est un peu le souk dans les parages, et on arrive très vite par faire tomber quelque chose quand cela n’est pas obligatoire pour trouver la »clé » d’une porte, enfermée dans une bouteille située en hauteur. La fuite ou se cacher deviennent alors nos seules portes de salut. Dans cette réalité alternative, notre but principal sera de retrouver des mémentos, des objets qui nous renverront à un souvenir heureux d’avec notre maman, seul moyen pour notre gamine de la retrouver et comprendre le fin mot de l’histoire. Enfin ça, c’est que nous a dit notre nounours.
Good morning sunshine
Among the Sleep est un jeu qui repose énormément sur son ambiance et l’originalité de son personnage principal. Malheureusement pour lui, il fait difficilement peur. Tout au plus on sursaute. On y retrouve pourtant une atmosphère assez unique et un final plutôt mature, bien que prévisible pour qui sera suffisamment observateur. S’il s’est pourtant avéré être très immersif, j’ai parfois eu plus l’impression que l’intention derrière tout cela était d’offrir une expérience satisfaisante aux possesseurs de casque de réalité virtuelle, dont je ne fais pas parti à mon grand regret, que de rendre ce jeu réellement effrayant. En plus, il est très court puisque je l’ai terminé en deux heures environ, et je dois avouer que sa re-jouabilité me semble compromise même si l’aventure fut relativement plaisante. En fin de compte, retenez-en une seule chose, et celle-ci est que si vous cherchez un jeu avec l’allure d’une attraction de maison hantée, vous devriez être servi, car il n’est guère plus que cela.