S’il y a bien une chose que je ne comprendrai jamais, c’est comment on peut sortir un jeu sur PC tout en étant injouable au clavier et/ou souris. C’est un peu comme si quelqu’un sortait un jeu sur Smartphone qui ne soit pas jouable au tactile (et donc on joue avec les boutons de son et de marche, ça peut être sympa) ou un jeu sur console vous demandant de brancher un clavier et une souris. Dans le cas de Shiny the Firefly c’est néanmoins compréhensible, le jeu se montrant être un bête portage de la version smartphone.
Attention, toucher son écran non-tactile ne fonctionnera pas !
Comme son nom l’indique, vous incarnez ici une luciole à la recherche de ses (nombreux) enfants qui se sont perdus dans trois mondes divisés en 33 niveaux. Le but du jeu est simple : vous devez voler à travers le niveau, retrouver un minimum donné de bébés lucioles et arriver à la fin du niveau avec ces bébés. Pour cela, vous pourrez utiliser un dash, détruisant les rochers et vous permettant d’avancer plus rapidement, vous mettre à luire pour dire aux bébés de vous suivre (ou de s’arrêter) ou encore ramasser des graines que vous pourrez lancer sur les ennemis. Chaque niveau dispose de trois médailles à débloquer : une si vous sauvez tous les bébés lucioles, une si vous ramassez toutes les pièces et une si vous arrivez à la fin avant un certain temps. Durant votre aventure, vous devrez faire face à tout un tas de bestioles : des araignées se promenant sur leurs toiles, des mygales vous poursuivant, des grenouilles vous mangeant avec leur langue, des guêpes patrouillant à votre recherche ou encore des fleurs vous tirant des sortes de boules de pollen.
Si ça peut sonner sympathique dit comme ça (après tout, le jeu a de bonnes idées et un concept de base plutôt attrayant), on déchante rapidement une fois lancé. L’effort de changer les différents textes au portage du smartphone au PC n’a même pas été fait, on vous explique qu’il faut « toucher » ou « tapoter » et non pas cliquer, passons. Le problème, c’est que les textes ne sont pas les seules choses inchangées : le gameplay l’est aussi. Ainsi, on attend du joueur de se servir de sa souris comme il se servirait de son doigt au tactile, ce qui bien évidemment ne fonctionne pas du tout. Impossible de se mouvoir au clavier, il faut ainsi cliquer à l’endroit où vous désirez aller tandis que la plupart des actions se font aussi avec le clic gauche : double clic pour le dash, un clic sur la luciole pour l’allumer ou encore un clic en restant appuyé pour viser et tirer. On se le dit tout de suite : c’est injouable, se déplacer ainsi est un vrai calvaire alors quand les niveaux se compliquent un peu ça devient tout simplement impossible à jouer (c’est là qu’on est content que ça ne se complique jamais beaucoup). Bien heureusement, le jeu est entièrement jouable à la manette et c’est tout de suite mieux, on peut se déplacer au stick, on gagne tout de suite des heures sur les déplacements par rapport à la souris. Malheureusement, ce n’est toujours pas ça. Les contrôles sont très rigides, on a l’impression que notre luciole est plus un très gros camion qu’autre chose et ça rend certains niveaux très frustrants. Cela n’est pas arrangé par des bugs assez fréquents, certains empêchant complètement le personnage de se mouvoir jusqu’à ce que le niveau soit relancé.
« Not very Shiny! »
Parlons des niveaux. Au nombre de 33 (dont 3 boss, un pour chaque monde), ça aurait pu être un nombre plus que respectable sauf qu’ils durent au maximum deux ou trois minutes et sont souvent faisables en une seule minute ou moins. La courbe de progression est plutôt pas mal, de nouvelles bêtes étant introduites jusque dans les derniers niveaux du jeu. Mais, le jeu visant principalement un public – très – jeune, c’est très facile (à tort, un jeu difficile pouvant être au moins autant amusant même pour les plus jeunes, cf environ toute l’histoire du jeu vidéo) et on se balade à travers les niveaux sans rencontre aucune difficulté. Ce n’est pas beaucoup plus dur de tout ramasser et de finir le jeu à 100%, les niveaux étant relativement petits et revenant à de simples couloirs avec parfois plusieurs (grand maximum trois, souvent deux) tandis que les emplacements des bébés lucioles sont indiqués par des sortes de points dans la direction où ils se trouvent. Les pièces se ramassent toute seule, même quand une centaine est nécessaire, simplement avancer dans le niveau vous permettra d’obtenir la totalité la plupart du temps. De même, les temps à faire sont souvent facilement atteints (voire une minute ou deux en avance), sauf peut-être en prenant son temps pour essayer de ne louper aucune pièce ou luciole, et encore. Ainsi, il ne faut souvent qu’un ou deux essais pour obtenir les trois médailles d’un niveau, pour les personnes à la recherche de succès faciles, faites-vous plaisir. Néanmoins, malgré une durée de vie plutôt courte, le jeu réussit à être répétitif, les différents ennemis ne renouvelant jamais vraiment le gameplay et se contentant de suivre le même pattern les rendant simples à éviter. Les trois boss du jeu n’ont que très peu d’intérêt, étant assez ennuyants et rapidement expédiés, se prouvant encore plus facile que le reste du jeu, ce qui est tout le contraire de ce qu’on attend d’un boss.
Graphiquement, on voit encore les problèmes que peut causer le fait de porter directement un jeu smartphone sur PC sans faire aucun effort d’adaptation au support. Ça pixelise, ça donne une très désagréable impression de « zoomé » et ça agresse l’oeil (pourtant, je suis sur un laptop 15″, je n’ose pas imaginer le résultat sur un plus grand écran). Et c’est plutôt dommage, car la direction artistique du jeu est sans aucun doute un de ses plus gros points forts. Sans aller jusqu’à dire que c’est aussi magnifique qu’un film Pixar (un jour je comprendrai d’où viennent ces citations de reviews que les développeurs utilisent pour promouvoir leurs jeux), c’est plutôt mignon, coloré et assez sympathique visuellement, du moins si on ne prend pas en compte les problèmes dus au portage. Pour avoir téléchargé la version gratuite du jeu sur mon smartphone histoire de voir, c’est en effet plutôt joli et agréable à l’oeil. Même sur cette version PC, certains niveaux sont visuellement bien au-dessus des autres et plutôt beaux, un en particulier m’a tapé dans l’oeil à la fois pour son esthétique et l’idée derrière, celui-ci étant entièrement sombre (ça cachait sûrement un peu les défauts graphiques précédemment évoqués), illuminé seulement par la lumière de la luciole. De même, c’est plutôt bien animé, en particulier la luciole principale qui dispose d’expressions (faciales, notamment) assez drôles ainsi que les guêpes qui décrocheront au moins un sourire. En revanche, je n’ai rien trouvé de bon à dire sur la musique du jeu : celle-ci semble ne comporter qu’une seule piste certes dans l’ambiance mais plutôt agaçante. Les différents bruitages sont cependant rigolos et réussis, confortant l’ambiance mignonne du jeu.
Pour conclure, Shiny the Firefly est un jeu qui aurait dû rester sur smartphone. Vendu à 2€, joué sur un petit écran par tranches de cinq minutes, il est sûrement très sympathique et dispose d’une ambiance et d’une direction artistique assez agréables à l’oeil. Vendu à 10€ pour exactement la même chose mais rendu injouable et visuellement à la ramasse par le portage, il n’a finalement d’intérêt que pour ses succès faciles et éventuellement les Steam Trading Cards. Si vous désirez absolument y jouer, je ne peux que vous conseiller de vous essayer à la version gratuite sur smartphone disposant d’un tiers des niveaux ou bien d’attendre une solde Steam pour acheter un jeu terminé à 100% et/ou un badge à votre collection. Je ne suis pas vraiment du genre à déconseiller un jeu, tout jeu pouvant être apprécié par au moins une personne même si c’est pas mon cas, mais en l’état il est m’est très difficile d’en faire autrement face à un portage raté d’un jeu smartphone vendu cinq fois plus cher que l’original.