Lors du dernier week end d’août 2014 s’est tenue la première édition de Hajime, un marathon de jeux vidéo de 24h ayant pour objectif la récolte de dons en faveur de l’association Autisme Europe. J’ai eu la chance de faire partie de son organisation et d’avoir pu y assister et participer. Retour sur cette expérience.
Précision : Les propos tenus dans la suite de ce texte n’engagent que moi et aucunement les associations Forum Thalie et Autisme Europe, leurs membres ou le projet Hajime en général.
Stress test
“Quand tu vois ça, j’imagine même pas le niveau de stress des mecs de l’AGDQ.”
La préparation d’un tel événement est bien entendu un élément capital mais ce n’est que lorsque le dispositif commence à se mettre réellement en place que l’on se rend compte du boulot qu’ont et que vont devoir fournir les petites mains qu’on regroupe sous ce nom fourre-tout qu’est “la technique”. Configuration des différentes consoles, du stream, du timer, du son, des manettes, maintenance du site Internet et j’en oublie sûrement. Même si l’évènement ne dure “que” 24 h, c’est une véritable petite brigade qui se met en place. D’ailleurs, lorsque nous arrivons sur le lieu du marathon pour rejoindre les autres quelques heures avant le début, on sent déjà l’effervescence. La mise en place fait monter la tension. Légèrement malade, je finis en pleine loose par me coucher dans un coin tranquille pour me sentir mieux à environ une heure du départ. De retour, l’excitation est toujours presque palpable partout, chez tout le monde. Ainsi, peu avant le départ, je me fais une énorme frayeur et de grosses gouttes de sueur quand je pense avoir supprimer une table par erreur en effectuant une correction.
Cependant, l’organisation de événement ne demande pas que des ressources techniques, c’est aussi un vrai branle bas de combat culinaire (il y a des merguez et des chipos à faire, des gâteaux et des boissons à dispatcher, et des lasagnes maison pour 20 sont même prévues ! ), d’organisation du sommeil et de l’espace et autres gestions des chargeurs et des multiprises. Il faudra également du monde pour modérer autant le chat que les commentaires envoyés avec les dons mais aussi alimenter les réseaux sociaux. L’ambiance a un côté roots matiné d’auberge espagnole auquel se mêle le stress collectif et individuel qui monte. L’heure approche, le stream doit commencer à 15h par du Mario Kart 8. Je suis à la meilleure place, sur le fauteuil de départ, étant un des quatre premier concurrents. Le micro est au milieu de la table, on nous dit qu’il capte bien et qu’il faut donc parler naturellement. La caméra est en face de nous, on est en live ? On est en live. Gloups, ça commence. Gloups, je baragouine quelques mots, me fais défoncer à Mario Kart et balance quelques conneries en mode “0% de confiance en soi”. Je termine 8ème ou 9ème, la faute à la manette probablement (si si c’est vrai, je joue jamais avec la wiimote d’habitude 🙁 ) et je sors du champ pour laisser la place aux suivants. Pas de stress, l’ambiance est cool et c’est re…aaaah c’est vrai que ma run Crazy Taxi arrive juste après.
La vie est drôle
Alors que ma run est annoncé comme étant juste pour le fun, je me mets à stresser intérieurement comme un malade. Qu’est ce que je vais pouvoir dire d’intéressant sur Crazy Taxi ? Sérieux pourquoi j’ai fait ça ? Et puis imagine que je fasse des sessions minables. Ah et faut pas que je dise une connerie politique non plus. C’est finalement un défi lancé par un donateur nommé Setsunaël qui va m’aider à me calmer :
“Challenge pour Nemo, pour son run de Crazy Taxi : devoir raconter quelques anecdotes absolument inintéressantes et autres banalités pendant la partie, comme si il était un vrai chauffeur de taxi qui casserait les pieds à ses clients !”
L’idée est géniale et me permets de résoudre mon problème de savoir quoi dire. Finalement la run se passe très bien, je me lance dans une impro qui fonctionne et qui plaît (je vous raconte pas le boost d’ego, ce serait indécent). Je finis par laisser ma place pour me remettre et me retrouver à travailler avec un compagnon codeur (le mec a un monocle, tu peux pas test) sur une évolution nécessaire du site sur un PC pas prévu du tout pour ça à la base. Ca nous permettra au passage de corriger un bug… une feature assez gênante. A partir de là, la tension redescend et je peux profiter grave des performances. Et c’est un vrai kif. Autant mater du speedrun est déja un exercice intéressant en soi, voir le show en direct a un côté unique fascinant. D’autant que les dons continuent de tomber et qu’en quelques heures on se rapproche de notre objectif initial de 1000 euros. Les running gag commencent à arriver, les gens sur place et online s’amusent et le spectacle a l’air de plaire au chat. Reste à tenir sur la longueur. A quelques rares exceptions près, ce sera le cas.
Les moments marquants des heures suivantes ne manquent pas : Kocobé qui se fait poursuivre par “La vie” à Mario 64, Ley qui nous enchaîne Crash Bandicoot 2 sans souci, Itsu et la Sécurité Routière dans Mafia, les enchères qui donnent lieu à des moments de folie pour Tokyo Jungle, les défis à la con proposés par les gens dans leurs dons (ce qui nous fait ouvrir à 4h30 du mat à l’arrache une rubrique “Vos défis” sur le site pour recenser ceux qui sont acceptés), le chat qui manque de faire s’envoler l’installation, le miam miam, le panneau “Libre/Occupé” improvisé sur un bout de carton pour les WC, les gens qui viennent faire des défis en maillots de bain/serviette . Et le plus important : les dons qui continuent à tomber, les gens toujours là sur le chat et la bonne humeur générale. On a l’impression de vivre ailleurs, de perdre la notion du temps qui passe. L’effet d’être avec des gens qu’on apprécie, de faire des trucs cools, d’enchaîner le matage de runs. Et puis surtout l’ivresse de faire un truc bien. Se réveiller, saisir son portable avant ses lunettes juste pour checker les dons. Se dire “Merde j’y vois rien sans mes lunettes”. Déguster la lasagne maison devant un speedrun Sonic. Ecouter la Schtroumpf Party. Dépasser les 2000 euros. Cris de joie. Il ne restait plus qu’à terminer en apothéose avec une run de Mario Party 8, un final lap qui tiendra plus que ses promesses en terme de putasserie éhontée. Un dernier mot de remerciement, quelques petits défis à la con et voilà c’est fini. THE GAME.
Sur la route du retour le dimanche, je refais le bilan dans ma tête. Je me crois samedi soir comme si on m’avait volé 24h. Je me dis que au delà de toutes les réserves qu’on pourra émettre après, des retours qu’on aura forcément, on a quand même vécu un truc qui se raconte. J’imagine que l’ambiance doit être un peu la même après une Game Jam ou quand on passe des années avec la même équipe dans un MMORPG. Mais au delà de ça, il y a le sentiment d’avoir fait un truc bien, d’avoir pu gagner pour une asso, d’avoir à notre tour démontrer la capacité du jeu vidéo à donner du spectacle et à permettre aux gens de se retrouver autour de quelque chose. Bref, d’avoir donné et reçu.
Nemotaku
GG à vous, c’était super fun, je me suis bien amusé à vous laisser sur ma grande télé tout du long, vos conneries en font sonores pendant que je massacrais du démon dans Diablo 3 à longueur de journée. 🙂
Pour avoir vite fait suivi, c’était vraiment trop bien! J’ai adoré la partie crazy taxi et le speedrun de Mario 64 ! Je regrette vraiment d’avoir raté des trucs en dormant…
C’était cool !
Merci. 🙂