Voilà surement l’un des jeux les plus attendu de cette année 2014. Pourquoi me direz-vous ? Première raison, il faut partie de ces projets de folie qui ont dynamisé le financement participatif en 2012 avec, entre autre, Broken Age de Double Fine et Planetary Annihilation d’Uber Entertainment. La second raison est la personne derrière le jeu, Brian Fargo. Il fait partie de ces rares développeurs, comme Tim Schafer, Chris Robert, John Romero, à qui l’on jette des billets à la figure pour qu’il nous fasse un jeu, puisque c’est le papa de Wasteland et Fallout. Si les deux gros premiers kickstarter ont déçu pour des raisons différentes, est-ce que Wasteland 2 réconciliera les joueurs avec les projets ultra-ambitieux du financement participatif ?
Come-Back
Avant de parler de Wasteland 2, revenons un peu en arrière. Si vous êtes un très vieux con, vous pourrez vous vanter d’avoir joué au premier en 1988 sur Commodore 64, Apple 2 ou PC. Ouai ça nous, enfin, ça ne vous rajeunis pas. Je dis vous car je ne suis qu’un vieux con qui a connu sa suite spirituelle, Fallout, sortie en 1997, puis le second épisode de la série l’année suivante. Il aura donc fallu attendre presque 20 ans pour voir une suite à l’un des RPG PC les plus mythiques (Fallout, pas Wasteland).
Là où InXile, le Studio de Brian Fargo, a fait très fort, est dans le respect de la licence de bout en bout. Et ça commence par le point de vue (de la caméra) choisie, avec cette bonne vieille 2D isométrique, mais tout en 3D, parce qu’il ne faut pas trop déconner non plus, on est quand même en 2014. Tournant sous Unity, le jeu n’est pas très gourmand (comprendre par-là que c’est un peu moche techniquement), mais la direction artistique fait son boulot pour rendre le jeu agréable à l’œil et surtout pose l’atmosphère d’une Arizona complétement dévastée par une guerre nucléaire. Ah oui, au cas où vous ne connaissez pas vos classiques, nous sommes ici plongés dans un monde post-apocalyptique.
Le jeu commence avec une vidéo bien chipos qui vous explique ce qui s’est passé. La guerre c’est mal, la guerre nucléaire c’est pire. Du coup, l’Arizona se retrouve entouré d’un nuage radioactif impossible à traverser et livrée à elle-même. Rapidement le chaos s’installe suite à l’évasion de malfaiteur d’une prison. Heureusement, une poignée d’hommes et de femmes luttent contre tous ces gros vilains pour instaurer l’ordre. Ils se feront appeler les Rangers. Le jeu se passe plus de quinze ans après tous ces événements. Vous, nouvelles recrues des rangers, assisteraient à l’enterrement d’Ace, un haut gradé des Rangers, morts étrangement en mission. On vous demandera deux tâches : enquêter sur la mort d’Ace mais aussi remplir la mission pour laquelle il est mort : installer des récepteurs sur des antennes radios afin de localiser la provenance d’un mystérieux message. Depuis tout à l’heure je dis « vous », non pas pour du vouvoiement mais parce que vous êtes plusieurs. Si les RPG nous ont habitué à ne créer qu’un seul personnage, ici vous devrez créer une escouade de quatre rangers.
Lors de la création de votre escouade, vous aurez le choix entre prendre des rangers tout fait si vous ne voulez pas perdre votre temps à modeler vos avatars pour faire votre équipe type, ou bien créer vos personnages complètement et s’attacher à eux plus facilement. Après avoir choisi le sexe, le nom et l’apparence (bien moche), qui n’ont aucun impacts sur les statistiques de vos personnages viendra le moment de définir ce que vont faire personnage. D’un côté des caractéristiques classiques (force, intelligence, constitution, etc..) et de l’autre les compétences à choisir parmi une vingtaine. Cette étape est surement la plus importante du jeu. Répartissez les points de manière équilibrée sur un seul personnage et vous verrez sa capacité à survivre dans le désert à moins d’une heure de jeu. Oui, il est impossible de faire un médecin/voleur/informaticien/boxeur/sniper en début de jeu. Enfin si, mais il ne survivra pas bien longtemps. Du coup il faut absolument créer un groupe équilibré : une grosse brute, un intello, un flingueur, etc. Bref tapé dans les stéréotypes, votre début d’aventure sera un peu plus vivable. Vivable mais pas simple.
Une difficulté Post-Apocalyptique
A aucun moment Wasteland 2 vous tiendra la main, vous montrera le chemin à prendre. Il va plutôt vous maltraiter, aussi bien par sa difficulté, que par les choix moraux que vous devrez prendre. Après des années d’assistance dans les jeux (ndr : merci les consoleux) ça fait bizarre et surtout du bien d’avoir enfin un jeu exigeant, qui vous demandera de RÉFLÉCHIR. C’est bon, ce mot ne t’a pas fait peur ? Si c’est le cas, tu t’en es remis ? Cool, je vais pouvoir continuer. Côté combat, on est au tour par tour. L’ordre d’attaque dépend directement de la stat’ de rapidité de votre personnage. Plus elle est élevée, plus tôt il attaquera. Chaque personnage a un nombre de point d’action, encore une fois dépendant des stat’, qui serviront aussi bien à se déplacer qu’à attaquer. Si à la fin du tour, tous les points ne sont pas utilisés, ils seront sauvegardés pour le tour suivant. Dans les possibilités tactiques, le placement est d’une importance capitale, puisqu’être à couvert donne un bonus de défense et de viser. On regrettera tout de même le peu d’option d’attaque, comparé à un Fallout (le premier), puisque l’on a uniquement le choix entre une attaque normale ou une attaque en pleine tête. Côté armement, il vous faudra parfaitement gérer vos munitions, surtout en début de partie puisque ces dernières sont rares. Armes blanches, contendantes, de poing, lourdes, à énergie, explosif, on peut dire qu’on ne manque pas de choix. Afin de vous assurer suffisant pour tenir une mission, le mieux reste d’avoir un spécialiste dans chaque type d’arme afin de répartir correctement les munitions.
Autre point fort de Wasteland 2, son univers vivant. Les actions se passent en temps réelle. Exemple : vous arrivez dans un village, une demoiselle vient en courant vers vous pour vous dire que son ami est tombé à l’eau et est en train de se noyer. Si vous n’intervenez dans les 5mins, le gamin finira noyé. Et ouai, il ne va pas rester là à vous attendre 20 heures avant que vous vous décidiez à faire la quête. Si ce choix moral n’est pas le plus impactant (d’un point de vu univers), dès les premières heures de jeux vous devrez faire le choix entre sauver un agro-centre qui fournit de la nourriture ou une ville qui fournit de l’eau saine. Là, l’impact sur le monde est autre.
Si vous commencez votre aventure avec un groupe de quatre rangers, vous pourrez rapidement engager trois autre personnes, pour une durée plus au moins longue. Ces personnages seront bien différents que quatuor de départ puisque qu’ils ont une personnalité, un objectif. Du coup si vous faites un choix qui ne leur plait pas, ils quitteront le groupe. Je peux vous dire que ça fait bizarre de se faire engueuler par deux PNJ d’un coup parce que vous avez raté une quête et les voir quitter votre groupe, alors qu’une horde de lapin tueur (oui, ils m’ont complètement traumatisé) vous attend dans la pièce suivante. Ce caractère des PNJs se retrouve aussi en combat, puisque selon votre capacité à commander, ils peuvent décider d’agir selon leur volonté et pouvant mettre à plat la stratégie d’attaque / de défense que vous étiez en train de mettre en place.
Wasteland 2 est riche, très riche. Tout action, ambiance, point d’intérêt est décrit, tel une voix off, comme dans Bastion, mais à l’écrit. Si vous n’aimez pas lire, vous allez avoir du mal avec le jeu. Cette partie prenant une place très importante, elle fait vivre le monde via la multitude de petites histoires qui vous seront racontées.
Digne héritier
Le jeu de Brian Fargo n’est pas exempt de défaut. Le jeu est assez lourd et l’interface, sans être catastrophique, aurait pu être mieux optimisée. Ajouté à cela, les temps de chargement sont interminables. Heureusement, les changements de zone ne sont pas hyper fréquents. On peut (ou non, selon ce qu’on attend du jeu) reproché le fait d’avoir un jeu typique des années 2000. J’entends par là que, en dehors de l’aspect technique qui lui se rapproche bien de ce qui se fait depuis quelques années, le jeu n’apporte rien de neuf. Quand on le compare à Divinity : Original Sin de Larian Studio, lui aussi étant un RPG à l’ancienne sortie il y a quelque mois, apportait énormément de bonne idée tout en respectant la richesse et le niveau d’exigence des RPG des années 2000. Alors que Wasteland 2 se contente de rester dans le cocoon confortable qui plaira au nostalgique de cette belle époque du RPG. Enfin, si avoir un niveau d’exigence assez haut fait vraiment plaisir, il aurait été préférable d’avoir un début un peu plus simple pour ne pas frustre le joueur. Typiquement, rien que le fait de pouvoir acheter des balles au marchand de l’agro-centre (le choix que j’ai fait) sans rien modifier de plus, aurait permis au joueur de respirer un peu plus sans simplifier le jeu.
Au final, Wasteland 2 est bien le jeu que tout le monde attendait. Digne héritier de l’âge d’or du RPG PC du début des années 2000, Brian Fargo ne s’est pas moqué des joueurs qui ont eu confiance en lui lors du lancement de son projet sur Kickstater. Malgré la lourdeur du jeu, qui peut être corrigé sur certain point via des patchs, il est très plaisant d’avoir un jeu aussi riche et exigeant que celui-ci. On peut quand même regretter de ne pas avoir un peu plus d’innovation dans le gameplay. Malgré tout cela, Wasteland 2 est bien l’un, si ce n’est le jeu de cette année 2014.