Qu’est ce que vous diriez si un jeu mélangeait FPS, RTS et un chouia de RPG ? Il suffit d’imaginer un mixte entre le gameplay d’un Counter Strike et les mécaniques RTS d’un Starcraft. Vous pensez que la soupe serait indigeste ? Détrompez vous, la recette fonctionne et il s’agit de Natural Selection 2 Combat.
Mod’s Inception
En 2002, un petit jeu confidentiel connu sous le nom de code Half Life, accueillait un mod nommé Natural Selection. Il mettait en scène une opposition entre les Frontiersmen (marines) et les Kharaas (aliens), dans le but de prendre le contrôle de bases abandonnées dans l’immensité spatiale. En 2006, le studio fondé pour l’occasion, Unknown World Entertainment, proposait une suite à ce mod : Natural Selection 2. Fort du succès de ces deux opus et d’une communauté de modders prolixes, de nouvelles variantes virent le jour. C’est ainsi que Combat pointa le bout de sa trombine avec son action plus nerveuse et arcade. Le studio décide alors de recruter quelques uns de ces modders amateurs et fondent Faultline Games dans le but d’améliorer Combat, pour le sortir en stand alone. Et nous y voilà.
Natural Selection 2 Combat, qu’on abrègera Combat pour la suite, est un FPS uniquement multijoueur avec un gameplay asymétrique mêlé de RTS et d’un zest de RPG. Il est vrai que c’est un peu abscons dit comme ça, mais vous allez voir que c’est pas si compliqué. Ce jeu oppose deux factions, les Frontiersmen et les Kharaas qui s’écharpent dans une arène pour détruire le QG adverse. Le cœur du gameplay est construit sur la notion de coopération et de communication. Le teamplay joue un rôle fondamental, si bien qu’un joueur qui jouerait « perso » se retrouverait en quelques secondes ad patres. Ici, il va falloir collaborer, garder les positions, épaules contre épaules avec vos petits copains. Pas question de déambuler seul comme un pauvre hère dans les couloirs de la base spatiale. Bien plus encore que dans n’importe quel FPS, l’intérêt et le plaisir de jeu va être totalement assujetti à votre capacité (et celles de vos coéquipiers) à rester ensemble en toutes circonstances et à agir en synergie : assauts, défenses d’extracteurs, constructions de structures. Vous devez être le papier autour du bonbon, toujours collé à vos potes.
Starcraft : Global Offensive
Pour se faire, un micro sera votre meilleur allié. En effet, au cours de chaque partie un des joueurs peut devenir le commandant en pénétrant dans un nid ou dans un caisson de commandement en fonction de la faction jouée. Il quitte alors la vue subjective pour une vision plus globale du champ de bataille, façon STR. Son rôle va être déterminant : charge à lui d’étendre le territoire de sa faction pour fournir les ressources nécessaires à l’évolution de ses ouailles. Le but ultime étant de détruire les nids ou les caissons de commandement adverse. De même, il prend les décisions stratégiques de son camp. Il va guider ses troupes, soit à la souris via la map (rapidement fastidieux), mais idéalement à la voix pour plus de réactivité. Autant vous dire qu’il n’y aura pas moyen de raconter votre journée sur le canal vocal : les ordres fusent, l’ambiance est studieuse et très « propre ». Vous avez intérêt à écouter les consignes et à communiquer avec vos coéquipiers pour le bien de l’équipe.
Côté marines, le commandant doit compter sur ces unités pour construire ou réparer des bâtiments (tourelles, détecteurs de présence, téléporteurs etc). Ainsi les détachements bien dirigés et obéissants avanceront à grands pas dans la game, tandis qu’un ou deux canards boiteux suffiront à vous rapprocher de la défaite. On l’a dit mais on le répète, Combat est un jeu très exigeant. Les marines ont peur du noir, vous devez par conséquet rétablir l’électricité dans les pièces sombres avant d’y construire quoi que ce soit.
Chez les aliens, la vision nyctalope les dispense de raccorder le compteur chez EDF, et le commandant n’a pas les contraintes de son homologue humain. Les structures étant organiques, elles poussent sous la seule impulsion du maitre du nid. Pour ce faire, le commandant devra recouvrir progressivement l’aire de jeu, d’une matière organique via des cysts. La propagation par ces petits œufs bien répugnants peut être interrompue par une attaque des marines par exemple. Une fois les bubons de l’infestation détruits, le terrain retrouve alors progressivement sa surface naturelle. A noter que ces gros avantages côté aliens, sont contrebalancés par un HUD plus limité que celui des marines et la présence de moins d’indications utiles à l’écran.
Natural Evolution
Pour densifier encore un peu le tout, il existe une ressource commune supplémentaire qu’il s’agira de maîtriser à tout prix pour payer les recherches et les évolutions. Sur trois points chauds de la map, peuvent être placés des récolteurs qui permettent d’engranger des points afin d’améliorer armes et compétences, de produire des œufs plus puissants ou des exosquelettes par exemple. Maîtriser ces points chauds et les défendre est essentiel, en effet une partie moyenne peut durer plusieurs dizaines de minutes. Ainsi, l’objectif à court terme est de se développer plus vite que l’adversaire pour obtenir les améliorations les plus puissantes avant lui. Il est donc fondamental de tout mettre en œuvre pour garder le contrôle de ces récolteurs. Vous aurez beau frager en boucle, si vous laissez de côté l’aspect gestion-stratégie, la partie est d’ores et déjà perdue.
La dernière source d’évolution est l’XP que vous récupérez lorsque vous tuez un ennemi. Cela vous permet d’acheter de nouvelles armes ou de nouvelles capacités. En fin de partie, les marines s’envolent avec le jetpack et brulent tout ce qui bouge à l’aide du lance-flamme. Les Kharaas ne sont pas en reste et les évolutions sont nombreuses et létales. Les lerks volent et empoisonnent à tire d’aile, les fades sont des bipèdes invisibles faisant de gros dégâts, ou encore les onos : véritables bêtes de somme, mi-tricératops, mi-éléphant, capables de réduire n’importe quelle structure ou troupe en charpie. Si vous ne cessez de mourir, vous allez feed le camp adverse. La coopération et la discipline sont encore une fois de mise pour rester groupé et se protéger les uns les autres.
Egg shot
La partie FPS s’appuie sur le feeling de CS : GO tout en étant plus brutal et moins pointu. Ici, il n’est pas question de head shot, les combats sont bourrins et se basent sur les différences intrinsèques des deux factions. Les marines ont une puissance de feu conséquente à longue et moyenne portée. Bien organisés et avec une visibilité claire et distante sur l’ennemi, ils sont dévastateurs. La limitation réside dans leurs déplacements, plus lents que ceux des aliens. De plus, on remarque rapidement qu’il est interdit de reculer quand on est un marine. En effet, la vitesse de recul est drastiquement réduite par rapport aux déplacements dans les autres directions. Vous êtes donc, tel un bouquetin de haute montagne, contraint de sauter dans tous les sens et de straffer pour éviter les attaques aliens.
Les Kharaas propose un gameplay aux antipodes de celui des marines. Vos crocs et vos griffes se plongent dans la chair humaine au corps à corps. La vitesse moyenne de déplacement des aliens est plus élevée, ce qui permet à la fois de compenser leur portée limitée, et de les autoriser à rusher en causant de gros dégâts sur une troupe dispersée. Mention spéciale aux skulks qui peuvent marcher silencieusement sur les murs et plafonds et tendre des embuscades bien vicelardes. Il n’y a rien de plus jouissif que de se laisser tomber du plafond sur des marines imprudents.
Ce gameplay asymétrique et complémentaire est une des grandes forces du jeu. On n’aborde pas du tout de la même manière, une partie côté marines d’une autre côté Kharaas. Les deux camps ont leurs forces et faiblesses, et sont tous deux intéressants à jouer. Il est vrai que les marines rencontrent plus de succès auprès des joueurs, car plus accessible dans un premier temps. Que l’on choisisse les humains ou les aliens, ce qui prime une fois de plus est le jeu d’équipe. Il n’est pas nécessaire d’être une machine à tuer pour être utile. Les joueurs aux doigts en mousse sont tout aussi importants : soigner les coéquipiers ou les structures, agir en support lors des assauts ou construire des bâtiments. Ce qui est déterminant est la capacité à s’inscrire dans une stratégie collective.
Bizute moi bien fort
Malheureusement le titre pêche par ses qualités. Le point fort étant ces parties ou chaque individualité se subordonne à un but commun plus grand que lui, lorsque chaque joueur trouve sa place comme dans un grand puzzle, alors la sensation d’accomplissement est très grisante. Inversement, la déception l’est tout autant lorsque l’on tombe dans une partie où certains ne jouent pas le jeu. Il est évident que sur ce qu’on a vu, les parties éclatantes ne sont pas la norme. Il suffit d’avoir un commandant timide, n’osant pas prendre d’initiatives ou abandonnant aux premiers revers, ou quelques coéquipiers n’en faisant qu’à leur tête, pour gâcher la fête. Pire, si votre est équipe est au top mais qu’en face, ça pédale dans la choucroute, la frustration s’installera, la faute à une résistance nulle. La partie durant 5 min et rendant impossible l’évolution intéressante des deux factions. D’autant que l’ambiance générale semble saine, plus portée sur les conseils pour débutant que sur les insultes.
La découverte du jeu pour les noobs est abrupte. Le titre n’explique rien ou presque, et les premières heures sur les serveurs publics se passent sans trop savoir ce qu’on fiche là. A cela, s’ajoute parfois la barrière de la langue, le tout rendant les débuts quelque peu chaotiques. Et ce n’est pas les trois vidéos de présentation du gameplay qui suffisent à intégrer les mécaniques riches du titre. Il manque clairement, une sorte de tuto où serait expliqué les bases du jeu. Il suffisait de quelques parties guidées et commentées, où l’éventail des actions est bien balayé pour faire le job. Dommage… Reste au joueur motivé des outils comme le wiki ou les guides qui proposent quelques explications pour bien démarrer. De même, les serveurs pour débutants permettent d’obtenir des conseils et de faire ses expériences et ses erreurs sans se faire vilipender. La richesse du titre et la longue courbe de progression de Combat, aurait mérité une entrée en matière plus pédagogique.
Cependant, ces quelques points noirs ne suffisent pas à ternir l’éclat de Natural Selection 2 Combat. Ce FPS multi a de nombreuses qualités. A commencer par une dimension stratégique très poussée et une vision de la synergie entre coéquipiers exigeante et passionnante. Le jeu propose une richesse, une diversité et une intelligence qui force le respect. Même si les joueurs débutants devront s’accrocher pour acquérir les bases, et être prêt à investir du temps pour espérer profiter de la profondeur du gameplay. Pour sûr que le jeu en vaut la chandelle.