Cet article est réédité depuis mon blog sur tavrox.com, ou je parle souvent de jeux vidéo ou en tout cas de multimédia. J’ai écrit cet article suite à un coup de gueule sur la relation entre presse et indépendants, et je voulais faire un état des lieux des commentaires. C’est un peu « meta » puisque je poste cet article sur GameSideStory.
Il faut comprendre que la presse a un lien fort avec les développeurs, de part le fait que tous les deux sont passionnés de jeux vidéo. Les liens sont parfois assez fusionnels ce qui peut paraître bizarre. Je vais essayer de montrer pourquoi même si un seul organisme de presse a un lien trop étroit avec des développeurs, ce n’est pas grave puisque la presse pour la communication d’un jeu vidéo marche comme une somme.
Vous pourrez lire en italique les citations de commentaire fait sur le sujet de la presse et des développeurs indépendants.
Les journalistes ont des coups de coeurs à propos de développeurs et leurs jeux. Ce sont des coups de coeur comme vous et moi, ils ont simplement la possibilité de partager leur passion avec un plus grand nombre. Et ce n’est aussi parfois pas possible, lorsque ces développeurs et journalistes « amis » vont avoir en tête ce conflit d’intérêt. Du coup, le passionné ne peut même plus prendre en charge le type de jeu qu’il adorait et le refilait à quelqu’un qui sera peut-être moins pertinent et précis pour le tester. « Si At0mium est vraiment admirateur du travail fait sur ‘The Next Penelope’ et de ses qualités en tant que jeu vidéo, pourquoi se priver d’en parler ? » « Clairement, pour Coral Cave, on a délibérément souhaité les laisser publier chez nous car on trouve leur projet captivant et leur démarche tellement pleine de conviction qu’il était évident pour nous de faire connaître leur travail. »
La presse aujourd’hui a perdu de son importance, et ce qui importe véritablement pour un développeur c’est l’ensemble de la presse. Il faut des articles croisés. Et en plus, des articles fréquents qui vont mettre à jour le flux google. Donc un article perdu dans la masse ne sert pas tellement à grand chose. Hors, avec des affinités dans certaines rédactions, c’est possible mais pas forcément automatique. « Même des gros sites américains comme Rock Paper Shotgun, Kotaku ou Destructoid, la plupart du temps, tu n’observes aucun pic de vente même à l’issue d’une super review. »
On sait jamais vraiment comment peut être reçu son jeu. Quand on est dans la tourmente du développement, c’est difficile de dire ce qui plait, ce qui ne plait pas, et ce sur quoi les joueurs vont se concentrer. J’ai compris un peu au fur et à mesure aussi que quand on envoyait un mail, que ce soit à la presse pour couvrir son jeu vidéo, ou à un entretien d’embauche ou autre contact avec une personne, des caractères hasardeux viennent s’immiscer et perturbait les probabilités d’une réponse positive. Rien que le moment où l’on envoie le mail, où la personne le reçoit, il y a des règles favorables mais en aucun cas absolues. Il faut juste faire de son mieux. « Rien qu’a mon niveau je reçoit une somme de mails assez importante, beaucoup passent à la trappe quand c’est de la nouveauté, certains attirent mon attention mais ça reste du hasard. » « Le gameplay a l’air OK, les visuels ont l’air OK, le nom est OK. En face de ton jeu, il y a des centaines de projets soit plus beaux, soit plus originaux, soit plus spectaculaires, ou soit plus audacieux. »
La visibilité des stores compte énormément aujourd’hui et elle est dure à influencer. Notamment sur les jeux mobile, où ce n’est même pas vraiment une question de presse ou de qualité de jeu. Même sur Steam, les algorithmes ont tendance à gagner en importance et à trier les jeux en fonction de certains paramètres un peu obscur, recoupé avec les downloads et d’autres trucs. « Pour être mis en avant par les algorithmes, il faut que les gens cliquent en masse sur ton jeu lors de la toute première heure de commercialisation. (pas journée, HEURE) »
Les youtubers ont gagné en pouvoir et ont un énorme libre arbitre concernant les indépendants, en plus ils sont nombreux. Quand hier on devait contacte une dizaine de magazines, aujourd’hui on doit contacter environ 5000 personnes en one-to-one si on voulait bien faire. Je ne sais plus trop quelle est l’importance de cette relation de one-to-one, de face à face. Honnêtement, je ne saurais pas trop statuer là dessus. Ludovic aka Visumeca qui fait les graphs sur lavapools avait contacté des dizaines de youtubers en one to one avec des messages personnalisés… seuls les plus petits ont répondu et il y a eut quelques let’s play de lavapools.
Le très bon boulot va se propager dans les réseaux, le réseautage n’est pas si important. Et ceux qui font du bon boulot ne créent pas le buzz, c’est le buzz qui se créer dessus. Une petite leçon de Tohad sur ça, que j’ai compris après mure réflexion et qui me semble très importante ici. On fait grand vent de l’importance des réseaux sociaux, de l’activité sur ces derniers pour aider à lancer la vague de communication. Mais pousser encore et encore ne servira pas forcément à grand chose.
Un site de presse, même ayant une grosse communauté, n’a pas forcément beaucoup d’argent. Ils ne peuvent donc pas payer des gens pour couvrir parfaitement et tout, c’est impossible. Malgré les 7000 abonnés d’Indius, ce sont quand même des bénévoles derrière qui font tourner la machine. « Et oui, clairement, si UBI faisait la même chez GK ou JVC, ça sonnerait bien différent mais nous n’avons ni les ambitions ni les prétentions de ces deux gros sites de presse »
Parler de son jeu fera que les gens ont surement entendu 1 fois son nom. Ce qui importe c’est qu’ils l’entendent de la bouche des autres, et plusieurs fois. Un point que j’ai compris un peu personnellement et qui me parait important. C’est qu’aujourd’hui avec le flood qu’on reçoit de partout sur internet, on peut entendre des choses. Mais l’entendre 1 fois va le ranger dans une catégorie mentale de non hype, c’est à dire que ça va pas être important si on le voit pas ici et ailleurs. J’ai entendu parler d’Isaac Rebirth au moins 10 fois, alors que le jeu m’intéresse peu… maintenant je sais qu’il est sorti.
TDLR de ce que j’ai compris de la communication dans le jeu vidéo indie :
- Les journalistes ont des coups de coeurs à propos de développeurs et leurs jeux
- La presse aujourd’hui a perdu de son importance, et ce qui importe véritablement pour un développeur c’est l’ensemble de la presse
- On sait jamais vraiment comment peut être reçu son jeu.
- La visibilité des stores compte énormément aujourd’hui et elle est dure à influencer.
- Les youtubers ont gagné en pouvoir et ont un énorme libre arbitre concernant les indépendants, en plus ils sont nombreux.
- Le très bon boulot va se propager dans les réseaux, le réseautage n’est pas si important.
- Un site de presse, même ayant une grosse communauté, n’a pas forcément beaucoup d’argent.
- Parler de son jeu fera que les gens ont surement entendu 1 fois son nom. Ce qui importe c’est qu’ils l’entendent de la bouche des autres, et plusieurs fois.
Un petit lexique pour les termes un peu techniques :
Hype – Engouement et attente provoquée par le jeu
Réseautage – Fait de parler à des gens pour créer des relations professionnelles, trouver des personnes avec qui travailler.
Store – Boutique en ligne, par exemple Steam, Desura, Gog, HumbleStore
Et oui malheureusement, chez Indius on est pauvre. Tout comme chez GSS, Game-Sphere et IndieMag j’imagine. J’ai récemment dit à un développeur insistant qui ne comprenait pas pourquoi on ne pouvait pas parler de son jeu, que sur Indius nous étions logés à la même enseigne que lui : des gens qui veulent vivre de leur passion, sans budget et en manque continuel de temps. Si on pouvait, on parlerait de tout et de Lavapools aussi, mais on gère un site sur notre temps libre et on doit prioriser l’info (et comme tu l’a dit, la dimension « coup de cœur » entre également en ligne de compte)… C’est aussi chiant pour nous que pour les développeurs, mais aussi pour les lecteurs 😛
Et c’est ce qui fait notre certaine complémentarité parfois. Si je vois qu’Indius traîte souvent un même jeu, je vais éviter d’en parler de mon coté. Et vice-versa j’imagine 😉
C’est ça et au final je pense qu’il y une bonne diversité au niveau de l’actu indé en allant voir tout le contenu des trois principaux sites spécialisés indies (francophones)… Bon et du coup, si on fusionnait tous ?
Tous n’ont pas exactement la même orientation mais ça fait effectivement un bon moment que je me dis qu’une fusion serait vraiment bénéfique pour le jeu indé en France 🙂
Plus de jeux traités, moins de problème avec l’effet coup de coeur évoqué plus haut où même au niveau indé un jeu va être traité sur tous les sites alors qu’un autre sur un seul ou aucun, etc.
Par contre, vu le temps investi par tous les créateurs de ces différents sites, je me doute bien que c’est quasi impossible, mais ce serait bien 🙂
Et surtout la multiplication boulimique d’actualité n’est pas forcement un bien puisqu’au final, le tout sera noyé. Un peu comme une sortie d’un « petit » jeu dans steam où il faut cliquer sur 4 boutons pour le trouver.
Plutôt que de « merger » les sites, pourquoi ne pas se filer les articles ? genre sur Indius je lirais des articles de GGS ou inversement. Juste c’est noté en haut de la news ou du test. « Ce test viens de nos confrère de chez Indius ». Pas obligé de tout merger, vous prenez que les tests par exemple, que ce qui vous plait, vous partager.
C’est peut être une mauvaise idée, je sais pas je lance cette idée au pif :p
Oui mais du coup ça revient à travailler étroitement ensemble. Donc quitte à bosser par sites interposés, autant le faire tous ensemble sur le même site, ça permettrait de réunir toutes les forces et de proposer un contenu varié, complet et régulier. Enfin, je précise que cette idée de fusion était à prendre au second degré… mais ça commence à prendre forme, en fait 😀
L’échange de bons liens, etc, c’est top. La fusion, c’est dangereux. ça casse les envies de chacun, ça regroupe des idées mais en fait perdre certaines et surtout, plus on est nombreux, plus c’est diversifié.
Trois sites, trois tests d’un jeu. Un site, un seul test. Un seul avis. C’est dommage 🙂
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Skywilly dit :
(#8) 20/11/2014 à 18:10
L’échange de bons liens, etc, c’est top. La fusion, c’est dangereux. ça casse les envies de chacun, ça regroupe des idées mais en fait perdre certaines et surtout, plus on est nombreux, plus c’est diversifié.
Trois sites, trois tests d’un jeu. Un site, un seul test. Un seul avis. C’est dommage 🙂
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Ça dépend, puisque comme tu l’as dit plus haut, la plupart du temps on essaye de ne pas faire la même chose que chez le voisin (sauf pour les gros trucs). Je prend l’exemple de IndieMag qui a réalisé le test de Never Alone : du coup on va peut-être pas le faire et se concentrer sur autre chose. Il faut aussi savoir que ce sont en majorité les mêmes personnes qui fréquentent les différents sites d’actu indés, en naviguant de site en site pour aller choper des infos dont l’un a parlé et pas l’autre, donc finalement l’idée d’une fusion est pas si dénuée d’intérêt. J’imagine qu’il y a pas mal d’inconvénients auxquels on ne pense pas mais aussi certains d’avantages assez intéressants.
Etant un lecteur assidu d’Indiemag, j’ai pour ma part une vision qui rejoint celle de beaucoup d’entre-vous. Le fusionnement empêcherait je pense à terme de donner un réel choix aux lecteurs qui pourraient se sentir pris au piège. La diversité, la multiplication de sites parlant de l’indé, reste pour ma part la meilleure façon de « lutter » 🙂