Sortir un moba de nos jours est un pari de plus en plus risqué. Quand trois gros éditeurs occupent le marché, les miettes sont souvent récupérées par un nombre limité d’élus. Dota2, League of Legends, Heroes of the Storm et autres Smite se partagent un gâteau de plus en plus mince. Alors venu de nulle part ou presque, Deadbreed va devoir se démarquer et redoubler d’efforts pour espérer phagocyter quelques joueurs à ces grosses légumes de la bataille en arènes. La tâche risque d’être difficile.
Moba pas, Moba oui
Deadbreed est censé être un free to play. Pourtant pour accéder à la beta fermée actuellement disponible sur l’Early Access de Steam, le badaud devra débourser la somme minimum de huit euros. Rien de nouveau là-dedans si ce n’est que vous payez en vérité pour un pack et un accès anticipé à cette beta. Il y en a forcément plusieurs de ces packages à des prix différents contenant bonus, personnages supplémentaires et de la monnaie pour la boutique du jeu. Cependant pour un free to play, et un moba qui plus est, ne pas offrir la possibilité d’y jouer dès maintenant gratuitement risquerait de porter préjudice à un titre qui a pourtant quelques sérieux atouts pour séduire. Mais j’y reviendrai plus tard.
En attendant, on pourra s’attarder sur sa plastique assez avantageuse. Techniquement parlant, il n’y a rien de transcendant, mais le choix de s’orienter vers un univers plus sombre pour ne pas dire dérangeant ravira les allergiques à la couleur. Plus proche de Diablo I et II dans le style que du III, il s’agit là d’une bouffée d’air frais face à la concurrence versant trop souvent dans le vomi d’arc-en-ciel. Le design raffiné et effrayant des créatures de Deadbreed ne devrait donc pas souffrir la comparaison. Au contraire, elles ont un vrai plus et sont finement détaillées. Leur look imposant doit beaucoup à leur excellent design.
Il n’y a cependant pas que dans la beauté de ses créatures démoniaques que Deabreed veut se démarquer. En effet, il se vante d’introduire des éléments habituellement réservés aux rpgs dans un gameplay classique de moba, même si concrètement plusieurs parties seront nécessaires pour se rendre compte si ces promesses tiennent la route ou non.
Free to play mais pas trop
Deadbreed est un moba en trois contre trois où il vous faudra tondre la lane de l’adversaire comme c’est habituellement le cas dans ce genre de jeu. Mais comme je l’ai dit précédemment, il tente de se différencier en reprenant quelques éléments habituellement tributaires des rpgs plus classiques. Cela se traduit sur deux plans. Sur la personnalisation assez poussée de votre personnage d’un côté, et sur des mécaniques de gameplay au sein même des cartes de l’autre.
Trois types de personnages seront à votre disposition. Il y a les Daybreed, les Nightbreed et les Halfbreed. Sachant que les parties sont sujettes à un cycle de temps jour et nuit qui alterne régulièrement, vous allez comprendre pourquoi le choix de votre « race » peut avoir une importance. Les Daybreed bénéficieront de bonus quand le jour sera là, pour les Nightbreed ça sera la nuit, et les Halfbreed bien évidemment joueront sur les deux tableaux sans pour autant les deux autres dans leur domaine de prédilection.
Ainsi, il faudra prendre en compte une multitude de statistiques et quelque part se construire le build idéal. D’autant plus qu’il sera également possible de customiser l’équipement de votre avatar. Ainsi il vous sera possible de privilégier un équipement soit orienté vers le combat à distance (arc,etc) ou plutôt au corps à corps (épées, etc). Ce petit plus est particulièrement agréable et permet de se faire un personnage adapté à nos goûts ce qui est plutôt plaisant.
Le plus gros souci viendra sans doute des artefacts. Ce sont de puissants objets qu’il sera possible d’obtenir contre de la monnaie de bronze que l’on récolte au cours de nos parties. Ou alors, vous pourrez les avoir par le biais de pièces d’argent que l’on peut acheter contre de la vraie monnaie dans la boutique du jeu. C’est un free to play, certes, mais les prix peuvent vite grimper. Les usagers des moba ne seront sans doute pas dépaysés par la pratique. Sauf que les dits artefacts peuvent donner un avantage stratégique en jeu qui pourrait faire lorgner Deadbreed dangereusement du côté du pay to win.
Si l’idée de ces artefacts n’est pas mauvaise en soi, une révision des prix qui pour l’instant n’avantagera que les plus fortunés, voire repenser entièrement cet aspect ne sera pas du luxe en vue de la sortie finale.
De bonnes idées mais…
Une fois en jeu, le principe est le même que dans beaucoup de moba. Avec vos coéquipiers, vous devez tracer votre chemin vers la base arrière de l’ennemi, ici appelé le Crux. Le Crux est une porte qui donne accès à votre sentinelle. La Sentinelle est une sorte de boss hyper costaud que vous devez abattre ou défendre selon la position où vous vous trouvez. C’est intéressant comme système, car cela constitue une forme de end game. Par contre, si une victoire va apporter un boost de certaines des statistiques de votre sentinelle, la défaite fera bien évidemment le contraire.
Le reste semble assez classique avec des monolithes à abattre pour avancer vers le camp ennemi, ou à défendre pour l’empêcher de s’approcher du votre. Avec l’aide de vos mignons bien sûr. Rien de neuf donc, si ce n’est la présence de donjons dans la carte même. Ces donjons renferment parfois dans des coffres contenant des items intéressants pour vos personnages, mais aussi des créatures redoutables. Leur présence pourrait également s’avérer un atout stratégique, même si je n’ai malheureusement pas pu en explorer toutes les subtilités. Dispersés dans la carte, vous trouverez également divers objets à ramasser pour vous aider dans votre tâche reposant sur trois composants que voici : le Sang, le Nectar et l’Esprit. Ils ont chacun des attributs différents qui pourront changer le cours de la partie. A ne pas négliger par conséquent. Votre avatar gagnera également de l’expérience qui vous servira à chaque niveau pour améliorer un de vos pouvoirs.
Le gameplay de Deadbreed semble assez riche vu comme ça de loin. Il n’est malheureusement pas évident de s’en rendre compte en jouant. Certes, il a des défauts qui sautent au yeux, comme des erreurs d’ergonomie comme le menu servant à équiper votre personnage avant que la partie ne commence. Avec assez peu de temps pour le faire, ce menu mériterait d’être optimisé et plus clair. Le problème des artefacts et du prix des objets en général est aussi à observer. Mais son plus gros soucis demeure dans la faible présence de joueurs en ligne à ce jour. La pointe journalière peut tourner autour de dix à trente joueurs seulement. En général, c’était plus dans la dizaine. Il est donc assez difficile de trouver avec qui jouer. Il y a bien un mode de jeu contre des bots. Seulement on ne joue pas sérieusement à un moba pour affronter une IA de toute façon limitée.
Ce manque d’adversaires pourrait donc très vite porter préjudice à Deadbreed qui semble être même quand on y joue avec des bots, un moba qui a de bonnes idées pour rafraîchir le genre. En plus, avec sa belle gueule et ses créatures réellement classes, il a indéniablement du charme. Or, ce genre de jeu ne peut s’apprécier que sur la longueur. Et pour inciter le joueur à débourser de la monnaie sonnante et trébuchante, il faut lui offrir une communauté conséquente.
Le moba est comme les fps en ligne un genre très compétitif. Il n’existe et a du succès que sur ce principe très primaire où chacun va essayer de prouver sa valeur face à l’autre. En l’absence d’un nombre suffisant de joueurs, Deadbreed va avoir du mal à se développer, mûrir. Un conseil pour ses développeurs : votre jeu a du potentiel, mais une beta ouverte à tous et gratuite doit arriver au plus vite. Qu’une communauté solide puisse ainsi se créer derrière.
Un projet mort né de plus…
C’est pas obligé, mais effectivement il va falloir que les développeurs trouvent un moyen de fédérer une communauté autour de leur création, sinon ça va faire plouf…
Effectivement. Ce jeu a du potentiel, et un style qui a de la gueule qui change un peu des tendances esthétiques actuelles du moba. Mais pour se rendre compte de son potentiel plus en détail, il faudrait déjà avoir une base installée de joueurs fidèles.
Bref, au boulot ! 🙂
Le problème de ce genre de jeux est qu’il faut une très grosse base de joueurs pour que ça tourne, ne serait-ce que pour le matchmaking arrive à composer des équipes équilibrées à chaque partie. Et avec les trois mastodontes actuellement en place (lol, dota2 et maintenant heroes via sa fanbase blizzard) je pense qu’il n’y a vraiment plus de place pour un autre.
C’est triste mais c’est malheureusement comme ça… et c’est d’ailleurs valable pour tous les jeux indé uniquement multi qui, même s’ils sont très bons, voient leurs serveurs vides du matin au soir :'(