Shadowgate

En 1987, alors que les jeux de plateforme étaient le genre en vogue sur NES, sort une adaptation d’un point and click en vue subjective. Une grande aventure, gigantesque pour l’époque, horrifique et teriblement difficile s’offrait alors aux courageux joueurs sur la console de Nintendo: SHADOWGATE

Le jeu original, clairement daté mais plein de charme.
Le jeu original, clairement daté mais plein de charme.

Ah, c’était le bon temps.

Enigmes tarabiscotées, morts injustes à tous les coins de l’cran, tas d’objets inutiles ou trompeurs, les développeurs du jeu avaient su rendre un petit jeu d’aventure très réaliste et à la limite du survival horror, alors que le genre n’était pas encore inventé. Imaginez, un point and click où on peut mourir au troisième écran, c’est fou ! Le jeu était bien sur tout aussi mémorable pour sa musique composée par Hiroyuki Masuno, dont les thèmes entêtants accompagnaient le joueur bien après qu’il ait éteint la console.

Et puis en 2012, les développeurs du jeu ont lancé un Kickstarter pour réaliser un remake de leur jeu, presque 30 ans plus tard, et la communauté, probablement aveuglée par une nostalgie touchante a mis la main à la poche. 140 000 $ et deux ans plus tard, Shadowgate 2014 est là.

A l’aventure compagnon, je suis parti vers le donjon

L’histoire du jeu est la même qu’avant, vous êtes un jeune aventurier envoyé par un gentil sorcier au chateau Shadowgate pour tuer un méchant sorcier qui veut détruire le monde, basique, net et précis, mais au lieu d’envoyer le mec en slip comme dans la version NES, ici, on a au moins une épée. Le jeu est présenté comme un point and click en vue subjective et il faut parcourir les différentes pièces du château présentée par des écrans fixes superbement dessinés à la main (et légèrement animés). Mais là où une équipe un peu paresseuse se serait contenté de jeter une couche de peinture sur une vieillerie et l’appeler Machintrucvieux HD, les gens de chez ZOJOI on carrément repensé leur aventure. La présentation reste la même, sensiblement. un sac a dos fait office d’inventaire, de livre de sorts et d’archivage pour les livres et parchemeins que vous trouverez en route.

Dans le même ordre d’idée, il faudra toujours conserver un certain nombre de torches avec vous. Le château est vieux et ils n’ont pas payé EDF, donc l’éclairage est… disons défaillant. Si votre torche s’éteint, c’est la mort assurée par trébuchement et fracassement de crâne sur sol pierreux. Mais au delà de ces gimmicks anciens, le jeu n’est pas vraiment le même. On va retrouver des salles et des énigmes communes (dont la salle du dragon) et un cheminement approchant, mais n’espérez pas ressortir vos Clubs Nintendo de sous l’escalier et le faire avec la soluce sur les genoux. Nouvelles pièces, nouvelles énigmes, nouveaux sorts, autant dire que redécouvrir Shadowgate sous un nouvel angle peut faire plaisir.

J’aurais mieux fait de rester chez moi, la suite vous le dira

Sauf que le jeu est encore plus difficile que l’original. Les énigmes sont retorses, mais logiques, il faudra lire et déchiffrer les parchemins afin de comprendre exactement ce qu’on attend de nous. Le moindre puzzle a combinaison ne devra pas être pris à la légère, sachant que le château est parsemé de tout un tas d’objets inutiles et qu’il n’est pas aisé de séparer le bon grain de l’ivraie, sachant que certains sont réutilisables et peuvent être ramassés après usage. Oh, et puis évidemment la mort rôde et le moindre faux pas est immédiatement sanctionné.

Heureusement, les développeurs ont prévu 3 niveaux de difficulté (et même un quatrième, plus facile dans le dernier patch), permettant de ne pas trop se prendre le chou. Les énigmes sont sensiblement différentes suivant le niveau de difficulté, des pièces disparaissent, et des objets aussi. Commencer le jeu en mode normal est peut-être une bonne idée pour éviter de se jeter par une fenêtre à cause de la frustration de certains mécanismes. Sympa, les développeurs ont ajouté dernièrement une aide en jeu, en la « personne » de Yorick, un crâne parlant trouvé au début du jeu, et un bouton peut être pressé pour faire briller les objets utilisables dans une pièce.

Shadowgate, mais ce n’est pas un scandale pour autant.

Shadowgate 2014 est un très bon remake, il tiendra en haleine les afficionados du jeu d’aventure, et rappelle le bon temps des vrais jeux durs. De plus il est superbement retravaillé, les graphismes, certes fixes, ont une vraie patte, et on sent un vrai travail de recherche artistique. L’ambiance sonore n’est pas en reste, puisque la bonde son a été intégralement retravaillée et enregistrée avec force orchestre philarmonique, coeurs et tout le tremblement. Et pour les nostalgiques, ils peuvent jouer avec la musique originale en passant par le menu des options. On peut aussi y régler le défilement du tecte, les transitions à l’ancienne. Par contre le mode graphique retro est une petite blague, transformant le jeu en bouillie de pixels.

Cette critique arrive tardivement, oui, mais le jeu vient juste d’être mis à jour pour Halloween, et bénéficie maintenant d’une meilleure ergonomie, d’une quête supplémentaire (de saison, à base de citrouilles) et d’un nouveau mode de difficulté. Donc si vous aviez usé une manette sur Shadowgate sur NES, n’hésitez pas. Sinon, si vous aimez les jeux d’aventure à l’ancienne, où on ne vous prend pas par la main, relevez donc ce défi !

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