L’année dernière, le studio Full Control proposait une adaptation de SpaceHulk, le jeu de plateau légendaire de Games Workshop. Une adaptation à la lettre et au lancé de dé près du jeu en carton et figurines, plombé par une stratégie inexistante, un rythme extrêmement lent, un recours à la chance omniprésent et une durée de vie plus que réduite compte tenu du peu de missions disponibles. L’édition Ascension se veut être une version repensée et un vrai jeu vidéo et se démarquer de l’ancienne adaptation, pari réussi ?
SpaceHulk Smash !
Dans le futur de Warhammer 40.000, il n’y a que la guerre. Mais c’est une guerre un peu intergalactique, opposant l’ordre au chaos, dans la plus pure lignée des jeux des années 80. Dans SpaceHulk, il s’agit d’envoyer une bande de SpaceMarines à la reconquête de gros vaisseaux très anciens envahis par les Genestealers, des aliens très vilains et très nombreux. Les SpaceHulk (les vaisseaux donc) sont sombres, avec des coursives étroites et tout le système du jeu consiste à tenir des noyaux d’étranglement et avancer petit à petit en couvrant les issues afin d’éviter de se faire prendre à revers. Les ennemis, tout comme les SpaceMarines n’ont qu’un point de vie, donc chaque action échouée équivaut à un bonhomme en moins, autant dire que ça ne rigole pas. Tout cela est emballé dans un joli système de stratégie en tour par tour, avec points d’action, système d’embuscade (l’overwatch, indispensable et surpuissant) et de ligne de vue, avec munitions limitées, surchauffe et enrayement d’armes pour complexifier légèrement le bousin.
L’arsenal à la disposition des soldats est assez peu varié, et il n’y a que 4 classes de personnages. Le sergent : un gros soldat avec une épée. Le Lourd : disposant d’un lance-flammes, puis de roquettes. Le Librarian : qui n’attaque pas à coups de livres mais dispose de pouvoirs psy. Et le troufion de base qui n’a qu’un Bolter lourd et ses petits poings musclés. Mais compte tenu de l’IA, c’est suffisant : l’ennemi, les Genestealers, sont des aliens très puissants et disposant de longues griffes acérées découpant les armures des SpaceMarines comme du papier, mais se contentent de foncer bêtement sur les soldats, utilisant leur nombre pour submerger l’adversaire, mais n’ayant aucune autre stratégie ils s’empalent sur les balles adverses et il n’est pas rare de défoncer plus de 80 ennemis sur une seule map.
Dans l’espace, personne ne vous entend faire F5 et F9.
Alors contrairement à l’édition 2013, ce SpaceHulk-ci est un peu plus fourni, bénéficie de 2 campagnes en plus de l’originale (qui a été étoffée, quand même un peu) et nous laisse le choix de 3 chapitres différents de SpaceMarines : Les Blood Angels, présents dans le premier, relativement équilibrés, les Spacewolves plus adeptes du corps à corps, et les Ultramarines, les tontons flingueurs de l’espace. Malheureusement même si sur le papier, les trois chapitres sont différents, leur manipulation ne change rien au jeu. Il s’agira toujours de tenir des goulots étroits et de prier pour que ça passe.
Les lancés de dés ont été remplacés par des pourcentages de toucher, mais finalement, le résultat est le même et aucune stratégie ne fonctionne vraiment, sauf celle de tenir tous les angles d’arrivée en overwatch et avancer lentement jusqu’à l’objectif. Ah et puis abuser de la sauvegarde rapide, aussi, puisqu’il suffit parfois d’un seul jet de tir raté pour perdre un soldat, et donc finalement voir ses chances de survie et de réussite réduites à néant. Certes, le pas de bol, ça peut arriver, mais les options stratégiques sont tellement limitées que l’abus de quicksave/quickload sauvera le joueur de la frustration permanente qui accompagne ce jeu, d’autant qu’il est impossible d’annuler les actions effectuées.
Pour autant, l’ambiance du jeu est une réussite : les coursives sombres et étroites, l’éclairage dynamique, un léger grain (ajustable) à l’image, et puis la super bonne idée du jeu précédent, la caméra embarquée affichée en haut à droite est toujours de la partie. La partie sonore est elle aussi excellente, et ravira les amateurs d’ambiance glauque et déprimante. Mais c’est bien malheureusement les seuls attraits du jeu. Le moteur graphique n’est pas franchement bien optimisé et il n’est pas rare que des ralentissements viennent s’inviter, alors que, franchement, c’est pas FarCry à l’écran. Et puis il manque vraiment quelque chose. Un enjeu.
La guerre des clones
Le plus gros problème de SpaceHulk n’est pas son système stratégique simpliste, ni son style de jeu daté. La lenteur du jeu est un problème réglé aussi puisqu’on peut à présent accélérer les mouvements en jeu (cela rend les déplacements ridicules mais au moins, les missions durent moins longtemps). Non, vraiment il manque juste un enjeu, quelque chose qui rendrait la mission des SpaceMarines vitale, voire ne serait-ce qu’intéressante. En l’état, on ne dispose que d’un habillage tristounet, chaque campagne est décrite par du texte et un écran fixe, et on n’a strictement rien à fiche de nos petits bonshommes en armure, puisqu’à chaque mort, ils sont remplacés par un clone, plus ou moins puissant suivant la difficulté choisie pour la partie. Le jeu se veut être plus proche d’un X-Com, mais il tombe à plat, faute d’une motivation sérieuse. Dans les anciennes adaptations, il y avait au moins une petite intro ou quelque chose, là, rien, à part du texte pas franchement super bien écrit.
Et pourtant, malgré tout, il est relativement plaisant d’y jouer au final. Quand on le prend pour ce qu’il est, une adaptation en jeu vidéo d’un jeu de plateau, essayant de se départir de son aïeul. Comprenez par là, faire une mission ou deux de temps en temps, histoire de ne pas être gêné par l’extrême répétitivité du système de jeu et le manque de variété tant des objectifs que des décors. Le jeu est suffisamment étoffé pour tenir en haleine le joueur, et réussir une mission alors que l’univers semble ligué contre vous offre de bonnes sensations. Artificielles, certes, mais elles sont là. Si vous aviez craqué pour la version de l’année dernière, sachez que le jeu est suffisamment différent pour valoir le coup, mais à moins d’être un fan de l’univers, il restera une curiosité et un jeu d’un genre particulier, survival horror au tour par tour. Si vous êtes en manque de bons jeux de stratégie au tour par tour, par contre, il risque d’être franchement limité et il y a bien mieux sur Steam.