Mélanie Christin est cofondatrice du studio Atelier 801. Ce nom ne vous est peut-être pas totalement inconnu, puisque c’est de ce studio de Lille que viennent des jeux Web populaires tels que Fortoresse, le récent (et dont votre rédacteur en chef est totalement amoureux) Nekodancer et surtout le grand succès du studio… Transformice.
Véritable succès populaire au Brésil, ce petit jeu de souris massivement multijoueur mérite toute votre attention ! On vous rappelle par ailleurs que Transformice sortira sur Steam en 2015, dès le mois de Janvier, histoire d’étendre sa communauté. Cerise sur le gateau, Transformice est un jeu Free-to-Play, entièrement gratuit et le restera bien évidemment pour sa sortie sur la plateforme de Valve. On vous en reparlera ! Mais pour l’heure, on a demandé à Melibellule (comme se fait appeler la créatrice sur la toile) quel était son Top 5 des jeux de l’année… et ses réponses sont tout à fait surprenantes et intéressantes.
Pokémon Saphir Alpha
On va commencer par faire un peu controversé en mettant Pokémon dans un Top ! D’autant que cet opus ne révolutionne pas vraiment la franchise (comme beaucoup d’autres). Alors pourquoi Saphir Alpha ? Parce que même si j’ai découvert Pokémon au moment de la sortie de Bleu/Rouge, Saphir a été l’un des jeux auxquels j’ai le plus joué dans ma vie, avec plusieurs centaines d’heures au compteur. Alors Saphir Alpha, c’est ma petite madeleine de Proust, ma caution nostalgie, appelez ça comme vous voudrez. D’autant que j’ai eu la surprise de constater que les développeurs ont tenté de coller le plus possible au jeu original dans ses moindres recoins, même en termes d’interface. Je vais même vous avouer que j’ai lâché une petite larme pour de vrai au moment de la séquence d’intro, qui joue très habilement avec nos sentiments de vieux cons.
Malgré tout cela, il restera 5ème, car même s’il s’agit de mon jeu préféré en plus beau, j’ai été forcée de constater que la magie n’opère plus sur moi, peut-être à force de sortir tous les ans la même recette.
Banished
Aaah, Banished ! On pourrait dire qu’il s’agit de la caution sado-masochiste de ce Top 5, sans être trop éloigné de la réalité.
D’abord acheté car l’histoire d’un seul mec ermite dans les montagnes qui arrive à faire un jeu de cet acabit m’intriguait, j’y ai trouvé plus que ce que je ne m’y attendais. Sous ses dehors de petit jeu de micro-gestion gentillet, pas trop exigeant au premier abord, Banished est brutal. Proche d’un die-and-retry pour les jeux de gestion, il faudra se manger la gueule une demi-douzaine de parties pour comprendre qu’on ne plaisante pas avec la nourriture. Ni avec la courbe de démographie. Ni avec le bois de chauffage. Ni avec rien, en fait.
Alors qu’on pourrait penser que cela m’aurait rebutée, j’ai au contraire pris beaucoup de plaisir à tenter de déjouer le sort et trouver des parades, en consultant les wikis, en demandant à des potes. Ce jeu, c’est une des plus belles illustrations de la balance frustration/récompense en Game Design : t’en chies pas mal, mais quand tu arrives à 5000 de population, t’es le plus heureux des joueurs. Et tu peux regarder tes petits protégés aller et venir, voir quel métier un tel occupe, qui sont ses enfants et sa femme, où est-ce qu’ils habitent (oui, c’est micro-géré à ce point, et vaut mieux le prendre en compte).
Finalement, j’ai arrêté le jour où j’ai réussi à atteindre un seuil de population considéré satisfaisant, car ça manque un peu de challenge après ça. Mais les mods pourraient bien m’y faire revenir un jour, quand j’aurai du temps.
Threes
Bouuuh, un jeu mobile ! Et oui, un jeu mobile, et alors ? Qui n’a pas de jeu sur son mobile aujourd’hui ?
Là encore, comme Pokémon, c’est plus affectif que pour la profondeur du gameplay. Je l’avais acheté en début d’année uniquement en soutien au développeur, parce que j’avais lu des articles racontant comment il s’était fait honteusement plagier par 2048, et j’ai fini par y jouer pas mal, le recommander à mon petit frère, et on a passé plusieurs semaines à s’envoyer nos screenshots de high scores en mode tirage de bourre. C’est aussi le seul jeu auquel j’avais accès pendant ma semaine d’hospitalisation dans un désert reculé sans 3G, et ça m’a permis de penser à autre chose pendant que mon voisin de lit à moitié fou hurlait qu’il voyait la vierge Marie.
Au-delà de l’affect, j’ai été impressionnée par la simplicité du design, à la fois si minimaliste mais si puissant. Le succès mondial de 2048 montre bien à quel point le Game Design est brillant. Je m’en fais encore quelques parties de temps en temps dans le TGV, là où il y a autant de réseau que de toilettes propres.
Fantasy Life
La bonne grosse surprise pour ce jeu-là, qui a su parler au côté grindeuse qui est en moi. Je l’ai pris uniquement parce que j’ai vu des amis y jouer, je n’ai pas l’impression qu’il ait eu un gros budget de com’ pour le lancement.
Petit résumé du gameplay, on peut choisir l’un des douze métiers proposés, passer une quête d’initiation pour apprendre comment s’en servir, et à partir de là, c’est Fedex-Life. Je veux dire par là que toutes les quêtes sont quasiment les mêmes : tue x machins, rapporte-moi x trucs, fabrique x bidules. Et ce dans un parfum différent pour chaque métier.
Dit comme ça, ça ne donne pas tellement envie, mais la courbe de progression est très agréable (jusqu’à un certain point, que je nomme personnellement ‘point de méga-farmer’), et on se surprend à explorer le monde entier en ramassant des trucs, pêchant des machins, piochant des bidules. Le concept de l’amassage compulsif poussé à l’extrême, dans un monde choupi comme Level-5 sait si bien les faire.
J’ai atteint le point de méga-farmer dans presque tous les métiers avant de décrocher au bout d’une trentaine d’heures, mais c’était franchement assez intense.
Pix the Cat
J’ai à la fois trop et pas assez de mots pour décrire mon amour pour Pix the Cat. Pix c’est l’amour, c’est la joie, c’est le FEVER TIIIIIIIME- hum pardon.
C’est assez ironique qu’il se retrouve en haut de ma liste, car en fait, je ne le possède pas. Sorti en fin d’année sur le PS4 et PSVita, dont je ne possède aucun des représentants, je n’ai pu y jouer que sur la Vita des copains et sur la borne d’arcade présente aux événements auxquels j’ai assisté (6-0 Marc !), ce qui me suffit largement pour affirmer que le jour où il sort sur une plateforme que je possède, je lui ferai des trucs que la décence m’empêche de décrire ici.
Je suis une grosse accro du speedrun, en particulier quand il est réalisé en compétition : 99% des dizaines d’heures que j’ai passées sur Sonic Generations l’ont été à speedrunner le niveau 1 en mode Classic et à envoyer des photos de mon écran à mon petit frère. J’aurais tant aimé que Pix puisse sortir sur PC avant Noël afin de nous offrir des heures de bataille acharnée, hélas.
Ce n’est pas un jeu profond, ce n’est pas un concept incroyable, mais c’est un jeu très bien fini, de la pure arcade, d’un fun terrible à jouer à plusieurs, une musique envoûtante, de l’humour, bref pour moi c’est la définition même d’un bon jeu vidéo, épuré de toutes fioritures. J’en achèterai trois caisses et je l’offrirai à tous mes amis afin de répandre plein d’amour.
Je suis d’accord. Pix the cat ce n’est que de l’amour (mélangé avec beaucoup de rage).