Fondateur de l’association Coin (Comité d’Organisation des Interactivités Numériques) regroupant les passionnés et créateurs de jeux-vidéo de l’Est de la France, Thomas Altenburger est aussi et surtout un concepteur de longue date et fait désormais son office chez Flying Oak.
Leur premier jeu, Dead End, fut testé chez nous et plutôt apprécié. Son prochain titre, NeuroVoider, commence à faire terriblement parler de lui et on attend de voir débarquer « Hoy ! », ce génial jeu de postures via Kinect, qu’on a vu débarquer un beau jour de Global Game Jam 2011. Bref, Thomas est quelqu’un de très occupé et pourtant… Il a trouvé le temps de nous dire quels jeux l’ont fait vibrer cette année. Merci !
NaissanceE
Jeu d’exploration à la première personne, NaissanceE se base (comme la plupart des jeux de son genre) sur un travail d’ambiance et une direction artistique atypique pour se démarquer. Loin de sortir du lot dans son ensemble, le jeu m’a tout de même stupéfait dans son level/environment design qui mise sur l’immensité de ses architectures en jouant autant sur la complexité des volumes que leur parfaite répétition.
Il s’en dégage une atmosphère qui a de quoi déstabiliser de par l’infinité apparente des choses, ce que notre esprit a tendance à traduire en angoisse. Se retrouver perdu dans l’immensité d’une mégastructure m’a remémoré les meilleurs passage de l’œuvre de Tsutomu Nihei, et rien pour ça, NaissanceE mérite le coup d’œil.
Out There
Me devant d’inclure un jeu mobile dans ce top, le choix fut difficile tant j’en affectionne. Mentionnons tout de même la magie qu’est Bounden et la drogue dure qu’est Duet. Out There est un curieux mélange à mi-chemin entre le jeu de survie spatiale punitif et le livre dont vous êtes le héros. Blotti sous ma couette, tablette en main, je me suis surpris à créer mon histoire, me rappelant mon premier livre-jeu (Le Mercenaire de l’Espace, collection Défis Fantastiques) mais aussi ma quête dans l’Arche du Capitaine Blood en tentant d’apprendre une langue extra-terrestre.
Fort en écriture tout comme il est fort en événements hasardeux (et souvent malheureux), Out There se laisse recommencer maintes fois pour tenter d’en divulguer d’avantage sur son mystère. De quoi être attentif à la prochaine sortie de son remake/extension Omega et des livres s’en suivront.
Joust
Présent dans la compilation Sports Friends sur PS3 & PS4, ce jeu PS Move représente tout ce que j’apprécie dans le motion gaming et ce vers quoi il devrait tendre plus souvent. Le concept est simple : chaque joueur, PS Move à la main, doit secouer celui de ses adversaires pour les éliminer.
Le twist ? Si la musique du jeu se ralenti, les PS Move deviennent ultra sensibles, empêchant tout mouvement. D’une efficacité redoutable, Joust est un jeu de prise de position et de risque entièrement encré dans la réalité, puisque le jeu se dispense de l’affichage. Ce que j’y trouve de magique ? Le fun vient des situations créées par les joueurs dans le monde réel.
TowerFall Ascension
Sorti initialement en 2013 sur OUYA, TowerFall s’est vu évoluer sur une vraie console et PC en 2014, suffixé par Ascension. Devenu véritable institution de nos pauses déjeuner, ce brawler multijoueur a redonné ses lettres de noblesse au local multiplayer, à l’heure où l’on ne jurait plus que par le réseau et le matchmaking.
Et pour cause, un gameplay simple mais calibré comme du papier à musique et des parties frénétiquement bon enfant. TowerFall est un party game par excellence que l’on conjuguera volontiers avec une soirée pizza, entre coupée de l’absurdité qu’est Mount Your Friends pour relâcher la pression.
Bioshock Infinite: Complete Edition
Je vous entends déjà dire « il triche encore ! » car, oui, Bioshock Infinite est un jeu de 2013, mais son histoire se termine en 2014 avec la sortie de la deuxième partie du DLC Burial at Sea. J’admets mon tort, mais ce jeu mérite bien sa mention. Si cet opus n’innove en aucun cas dans son gameplay par rapport à ses ainés, ou même par rapport à son genre, il frôle néanmoins la perfection en terme de réalisation.
La Columbia de Bioshock Infinite est d’une crédibilité rare dans laquelle on s’immerge instantanément. Riche et superbement écrit, l’univers du jeu est sublimé par une narration dans la lignée des jeux d’Irrational, mais ici amenée à son apothéose pour servir une des histoires les plus marquantes du jeu vidéo. Le tout que forme l’univers Bioshock est pour moi le climax de ces dix dernières années de gaming.
D’ailleurs en parlant de Bioshock Infinite, j’ai souvent lu le reproche comme quoi Columbia faisait trop factice, statique, comme un parc d’attraction pourrait-on dire. Pour moi, ce n’est pas un reproche, mais un élément important du jeu !
Effectivement que Columbia est factice, comme la réalité du joueur peut l’être. Il se ment à lui même dans un monde qui n’en est finalement que le reflet et l’expression la plus symptomatique qui soit. Le crochet et les rails sont un indice supplémentaire sur sa nature superficielle de parc d’attractions.
Tout n’est que mensonge. De là à y voir une analogie entre l’histoire du héros, le mensonge de sa vie avec le joueur et le jeu vidéo, ce n’est qu’un pas que je laisserai d’autres franchir.