NOTE AU LECTEUR : Pour des raisons d’ambiance, cette critique a été écrite avec cette musique en boucle.
Il y a quelques années, beaucoup de gameuses et de gamers rêvaient le futur du jeu vidéo en imaginant de grands épopées onlines aux graphismes éblouissants et aux périphériques de jeu incroyables. Quand on y repense… Putain, qu’est ce qu’on était con à l’époque pour ne pas avoir vu que la révolution DYI (do it yourself ou « démerde toi et crée » en bon français des familles) et la domination des réseaux sociaux amèneraient à la fois une envie , mieux un besoin impérissable, d’indépendance et de retrouvailles autour d’un fauteuil ou d’ordinateurs.
Gamelles Comedy Club
Oui, c’est vrai que ça aurait été chaud à prévoir dis comme ça mais, tout de même, avouez qu’on s’était bien foutu le doigt dans l’oeil jusqu’au coude pour le coup…
Alors certes au final cette indépendance et cette extase collective vidéoludique existent d’autant plus qu’elles sont facilitées par la technologie moderne mais cela peut au moins servirf de leçon de modestie aux prédicateurs économiques ou intellectuels : ne sous-estimez jamais ce qu’une bande d’abrutis peut faire avec un peu de matos, beaucoup de débrouille et l’envie de profiter de la vie virtuelle. Pour le cas qui nous intéresse aujourd’hui, le résultat s’appelle « Gang Beasts » et je ne sais pas de combien de cerveaux malades, qui ne passeront donc jamais dans le circuit médiatique, ce jeu a eu besoin pour exister mais une chose m’apparaît désormais certaine, il faut donner à ce(s) con(s) une foutue médaille. Pourquoi une médaille ? Eh bien, je vais vous le dire madame/monsieur lectrice/lecteur.
L’alchimie de la physique pétée
Tout d’abord parce que ce jeu est complètement taré à tous les niveaux. On part sur un principe d’une simplicité désarmante : jusqu’à 8 mascottes (oui, le jeu peut sérieusement accueillir 8 manettes) dans des costumes qu’on croirait tiré d’un parc d’attractions au bord de la rupture de nerfs (genre Amagi Brillant Park pour les otakus de passage) et sans moyen se retrouvent à devoir se foutre sur la gueule et tuer leurs compagnons de jeu dans un battle royal glorieusement ridicule. Le meilleur arrive avec les terrains complètement décalés que propose le jeu : des camions lancées à pleine vitesse, une salle avec des ventilateurs mortels, une grande roue bordée par l’eau et des planches de bois qui s’effondrent quand on marche dessus, un quai de métro avec métros qui passent régulièrement, j’en passe pour vous laisser la surprise. Pour tuer, c’est simple, il suffit d’envoyer l’ennemi hors terrain ou dans un élément mortel, genre LE FEU MOUHAHAHAHAHAHAHA.
Or, je vous promet que si voir des gros nounours de couleurs flashy qui s’éclatent la tronche sans une gerbe de sang et qui tentent de s’agripper les uns les autres pour s’entre-tuer est déjà un spectacle assez hilarant en soi, on va encore plus loin dans le fun car le jeu, dont on peut noter qu’il est toujours en early access, dispose en plus d’une physique totalement pétée dont le niveau de wtf est une merveille savamment dosée pour les fous rires. Rajoutez à cela des contrôles suffisament random pour tenter des choses sans les maîtriser, des musiques et des bruitages qu’on croirait avoir été enregistrés par des mecs ultra crevés à la fin d’une gamejam et un rendu visuel dont la sobriété et le rendu des chocs confinent à la cerise sur cet étonnant speedcake légal.
LACHE CE POTEAU !! – NAAAAN ILS SONT MECHANTS EN BAS.
Disons le net : ce jeu est à crever d’ennui seul mais pour peu que vous ayez les potes à la maison et que tout le monde soit un minimum d’humeur, vous risquez de déclencher des crises de fou rires absolument dingues. D’ailleurs à ce titre, la direction de Game Side Story aimerait s’adresser à vous.
MESSAGE A CARACTERE INFORMATIF : Game Side Story décline toute responsabilité en cas d’overdose de fun sur Gang Beasts pouvant se traduire notamment par des maux aux côtes ou des sous-vêtements mouillés. Merci d’en tenir compte et évitez de prendre le volant. Ou alors rendez le nous après, on en a besoin.
Ahem. C’était vraiment très intéressant mais sur une note plus sérieuse et en guise de réel avertissement, il faut vraiment considérer Gang Beasts comme un potentiel. Ne serait ce que parce que le jeu va probablement changer mais surtout parce que le fun vient vraiment des gens qui jouent et qui regardent.Ce jeu fait partie de ces expériences multijoueurs où l’on joue autant avec la voix qu’avec le pad et où on se contrefout au final de savoir qui a gagné. Mais une fois lancé, votre serviteur vous garantit que ce jeu a provoqué parmi les plus grosses crises de fous rires auxquelles il m’ait été donné la chance de participer devant un jeu vidéo. Et pour cela, je lui suis vraiment reconnaissant.
Le plus gros atout de ce délire magnifique qu’est Gang Beasts est paradoxalement son statut d’imperfection maîtrisée, que ce soit ses erreurs de physique délicieusement foireuses ou son ton volontairement débile , qui fait de lui ce qu’il est. On en vient à souhaiter très fort que ses créateurs sauront continuer de marcher sur cette fine ligne et ne pas trop se corriger au péril de se perdre. Car au final, tout cela n’est qu’une bêtise mais parmi les plus merveilleuses des bêtises vidéoludiques qu’il m’ait été donné de toucher du pad pour peu, comme aurait dit Brassens, qu’on ait les copains d’abord.