Les Saints, passés la période où ils copièrent leurs idoles gangstas de GTA, n’ont eu de cesse d’étonner par leur désinvolture et leur capacité à choquer vos grand-mères. Entre une épée godemiché, son ultra-violence assumée, son swag qui swag plus vite que son ombre ou une invasion extra-terrestre badass à s’en crever la rate, la folie qui les anime est sans équivalent. Plutôt que de miser sur les mêmes méthodes que la concurrence, Volition avait fini par trouver la recette à appliquer. Beaucoup d’humour, de l’action non stop et une assurance à en faire rougir les Rambo et autres James Bond. Et surtout aucune retenue ! Un peu comme une forme de révérence, on sent venir la fin d’une série avec cet ultime et tout petit épisode. Avant de sans doute nous revenir sous une nouvelle forme, un nouveau concept ou je ne saurai quoi encore. Sans verser dans la philosophie de bas étage, Saints Row Gat out of Hell nous sert une dernière danse où nos couleurs pourpres préférées iront batailler contre leurs derniers démons.
Jezebel, belle, belle comme le jour
J’imagine volontiers le brainstorming qu’il y a du avoir chez Volition avant de nous sortir ce Gat Out of Hell. Après avoir ratiboisé la majeure partie des thèmes du grand n’importe quoi. Après le grand foutoir de l’invasion des Zins, Satan en personne frappe de plein fouet nos anti-héros. Le Président des Etats-Unis, le Boss des Saints, le Protagoniste, c’est à dire vous, est enlevé par le Grand Maître des Enfers pour vous faire entrer en épousailles avec sa fille, Jezebel. Rien que ça. Happé dans un portail tri-dimensionnel, vous voilà disparu ou tout du moins votre avatar de Saints Row IV.
Heureusement, votre fidèle second Jonnhy Gat n’a pas l’intention de laisser faire même Satan en personne. Les Saints se battent jusqu’à la mort pour leurs amis dussent-ils aller faire un tour dans les flammes éternelles de l’enfer. Il faut dire que l’ange déchu a eu l’outrecuidance de perturber la petite sauterie donnée en l’honneur de Kinzie. Par conséquent, comme il s’agit de son anniversaire, elle est autorisée à accompagner Gat botter des culs dans l’autre monde. Et puis il fallait bien respecter la parité d’une façon ou d’une autre.
Si l’histoire démarre sur des chapeaux de roues, qu’elle multiplie les grands moments de n’importe quoi arracheurs de zygomatiques, tristement, elle se termine aussi vite qu’elle n’a commencé. Et c’est drôlement dommage. Car on y voit du beau monde. Nos deux héros, inter-échangeable à l’envie, vont en effet être confrontés à tout un tas de personnalités de l’univers des Saints ou pas.
Leur mission, s’ils l’acceptent, sera de s’attirer les faveurs des dites personnalités. Car si le Protagoniste a été enlevé par Satan en personne, c’est parce-que ce dernier fut responsable d’un tel chaos sur Terre, qu’il a forcément attiré l’œil du chaos personnifié. Or, le seul moyen de rivaliser avec de tels monstres sacrés est de faire confiance à Gat (Kinzie est cool, mais c’est réellement le moment de Gat auquel on assiste) pour mettre suffisamment le boxon pour que tous les regards démoniaques se portent enfin sur lui. Et ainsi lui permettre de s’infiltrer à la cérémonie du mariage de l’année.
Du coup, se mettre dans la poche les seconds de Satan comme Vlad le Vampire originel, Barbe Noire, William »Fucking DJ » Shakespeare et les jumelles bien connues de la série, Viola et Kiki est dans un premier temps nécessaire. Le reste consistera à accumuler activités secondaires et cie histoire de répandre l’anarchie et ainsi augmenter une barre, celle de la colère de notre célèbre kidnappeur. Et voilà, en deux ou trois heures, plus si on vivote à droite ou gauche, le rideau sera tiré. Fin de l’aventure.
Le gâteau de l’enfer
Toujours aussi irrévérencieux, cet épisode à part des Saints ne fait pas plus dans la dentelle que les précédents. Bien qu’étant disponible en standalone, c’est à dire ne nécessitant pas de posséder Saints Row IV, il faudra plus le voir plus comme un gros dlc assez généreux de ce dernier. Le contenu n’est ici pas celui d’un véritable nouveau numéro dans la franchise, mais plus d’un amuse-gueule plutôt costaud. Sans pour autant offrir un renouveau quelconque. Les fans y retrouveront leurs marques très rapidement. C’est limite si on n’est pas face à un bête skin de l’épisode IV.
On s’y retrouve aisément entre les activités à base de vagues d’ennemis de plus en plus intenses, la fraude à l’accident qui fait son retour à la sauce infernale où les dollars sont remplacés par des années de purgatoire. Petite nouveauté, l’une d’entre elles vous obligera à maîtriser le vol grâce à de clinquantes ailes d’anges dont nos héros seront affublés. Avec, ils devront empêcher des âmes déchues d’être repêchées par les instances supérieures. Enfin bon, c’est bien gentil tout ça, mais cela sent quand même un peu le réchauffé. .
Même les pouvoirs démoniaques de Gat et Kinzie ne s’éloignent pas des masses de leurs pendants super-héroïques du quatrième Saints. C’est donc sans réelle surprise que l’on découvre le menu des aventures de Gat au pays des pêcheurs. Par contre, pour ce qui est de l’enrobage, on ne sera pas déçu. GooH est bourré de références aux anciens volets de la série. Poursuivre cet enfoiré de Dex pour lui faire la peau, ça n’a pas de prix. Une séquence cinématique qui prend des allures de comédie musicale, encore moins. Une princesse satanique qui transpire le kawaii (mode Bisounoursland à fond les ballons), c’est incalculable. Je n’ose même pas parler du passage de la prison aux allures de colonie de vacances. Affreux.
Si on pourra le prendre en défaut sur son manque d’innovation, impossible de ne pas aimer ce jeu ne serait-ce qu’un peu, beaucoup, à la folie, pour son délire totalement assumé. J’aimerai donner une mention spéciale à quelques une des nouvelles armes disponibles comme ce crâne cracheur de feu ou l’arche sacrée (Indiana Jones ?!) dotée d’un canon à deux fonctions : une qui aspire des âmes, l’autre qui les recrache comme de vulgaires balles de revolver.
What the Hell !
Saints Row Gat out of Hell est une sympathique distraction en attendant peut-être un nouvel épisode plus important. Il ne faut pas le prendre autrement que comme un petit plus qui vient s’ajouter au quatrième Saints. L’esprit reste le même, c’est à dire toujours aussi jusqu’au boutiste dans les délires les plus extrêmes. Gat a sacrément de charisme et sait poser ses cojones sur la tête de ses ennemis pour leur montrer qui est le chef. Pour résumer, il a la classe dans le genre bourrin qui s’en fiche des conséquences.
La jouabilité est toujours aussi réactive et de bonne facture, alors que par contre, les Enfers manquent un peu d’intérêt. Si certains coins sont plutôt bien foutus, l’ensemble des décors restent malheureusement ternes sans réellement nous impressionner. En mode de difficulté normale, vous pourrez vous attendre à une balade assez posée, tandis que le mode hardcore vous proposera des ennemis vraiment plus retors. Néanmoins, avec une bonne utilisation de vos pouvoirs, vous devriez vous en sortir dans un cas comme dans l’autre. Il est juste un peu dommage qu’il soit si court, sachant qu’objectivement, ramasser la totalité des clusters qui permettent de débloquer des pouvoirs n’est pas forcément ce qu’il y a de plus intéressant.
Ne vous attendez pas à un miracle de la part de Gat out of Hell. Il ne chamboule rien dans la série, accumule les clins d’oeil, l’humour à tous les niveaux et reste dans le fond diablement fun. Et cela est sans doute suffisant.