Daedalic Entertainment nous sort ici le deuxième volet de son RPG tactique basé sur l’univers de l’Oeil Noir, n’ayant jamais joué au premier opus c’est avec un regard neutre que je me suis lancé dans l’univers sombre de Blackguards 2. Le jeu est la suite directe de Blackguards j’ai compris que les personnages que je rencontrais peu à peu avaient été les héros de ce premier chapitre mais je ne peux pas pour autant vous parler de cette transition c’est pourquoi je ne m’attarderais pas dessus.
Une journée de merde, vraiment…
Notre histoire commence avec Cassia qui jusqu’alors été la reine du royaume, la kyria. Son histoire commence au plus sombre de la nuit lorsque vous êtes tirée de votre sommeil et jetée dans un cachot humide sans raison apparente, ainsi vous vous réveillerez allongée sur la pierre froide sans plus d’explications sur la raison de votre déchéance. Vous savez toutefois que ces oubliettes sont réputées pour n’avoir jamais laissé s’échapper quiconque et qu’une créature nommée Corapia, une arachnide considérée comme d’essence divine hante ce lieu et que son venin n’a que deux issues possibles : la folie ou la mort.
Il s’agira donc de la vengeance d’une brune jadis magnifique qui s’échappa de sa prison tout en se demandant ce qu’elle a bien pu faire pour mériter cela. Le visage défiguré par les morsures, le spectre de la folie aux trousses, vous êtes désormais Cassia Corapia… Rien ne se mettra en travers de votre route, votre but désormais est de faire tomber celui qui fut votre époux , le Kyrios, votre roi. En sortant de votre prison didacticielle vous serez confronté à une carte de la région des grandes villes et des régions de moindre importance, vos objectifs sur cette carte ainsi que votre campement où l’essentiel des dialogues et de l’histoire du jeu vous seront accessibles ce qui représente environ vingt pour cent de votre temps de jeu le reste ne sera que combats au tour par tour.
Des Combats épiques…
Les combats sont l’intérêt principal de ce titre, si l’histoire est bien présente et originale elle n’en est pas moins un prétexte à la baston. Un tour par tour simplifié par rapport au premier opus ce qui semble d’ailleurs avoir fâché les fans puristes de Blackguards, personnellement j’ai trouvé le système simple, intuitif et jouissif. Rares sont les jeux tactiques nécessitant une véritable réflexion Blackguards 2 en fait partie, ici pas de sauvegarde durant les combats qui sont longs et éprouvant, pensez et pesez toujours vos mouvements et actions avant d’agir les erreurs dans ce jeu sont extrêmement punitives de même que le rapport de force, l’ennemi sera toujours en surnombre et bien souvent plus fort que vous, c’est donc en mode guérilla que vous devrez résoudre vos escarmouches.
Un petit exemple : votre commando est constitué de vous-même (peu importe la classe que vous avez choisi mage, archer ou guerrier), un soigneur, un tank et un lancier ; en face une dizaine de soldats comprenant des archers, des lanciers et des duellistes ainsi qu’une créature magique de grande taille ayant la capacité de lancer des sorts et qui vous empoisonne lorsque vous en approchez. Autant vous dire que votre tour sera court et que vous encaisserez bon nombre de dégâts avant d’abattre un seul de vos adversaires.
Si vous êtes attentif vous découvrirez que la créature magique a trois ruches accrochées à elle, vous remarquerez que les ruches en question sont l’élément ciblable de la créature qui empoisonne vos troupes au corps à corps et que vous pouvez les faire tomber au sol à l’aide d’une flèche ou d’un sort privant ainsi cette créature de son pouvoir d’empoisonnement. De plus vous pouvez également attendre que cette créature soit proche de vos ennemis afin que lorsque vous faites tomber les ruches elles les empoisonnent. C’est ainsi que l’on s’aperçoit que les mécaniques de combat ne se résument pas à des coups directs mais que la nature de l’ennemi ainsi que son environnement et même les objets sur la carte ont leur importance. Un autre exemple: les caisses et autres tonneaux empilés peuvent être renversés afin de procurer un couvert ou écraser des adversaires qui seraient sur la trajectoire de leur chute. Les décors destructibles pour certains sont autant de matériels à votre disposition pour tendre des pièges comme par exemple un mur branlant peut écraser une escouade d’un coup pour peu que vous visiez la poutre qui le maintient.
Graphiquement inégal…
Les effets de lumières et les décors sont réussis mais la modélisation de certains personnages laisse clairement à désirer jurant même parfois avec la qualité globale. Autre bémol la caméra ne peut bouger que dans le sens de la hauteur, un mouvement panoramique complet aurait été plus que nécessaire ainsi qu’un zoom arrière plus puissant. Mais que l’on ne s’y trompe pas le jeu reste agréable et fluide.
La dimension sonore du jeu est loin d’être suffisante : les effets sont banals et sans saveur et si certaines musiques à base de guitare sèche m’ont rappelés par exemple Tristram dans Diablo la majeur partie d’entre elles restent insipides et se remplacent volontiers par un MP3 de votre choix. Pour ma part j’ai terminé le jeu en réécoutant la discographie d’Alestorm pour pallier à la redondance des musiques trop semblables.
La progression des personnages est intuitive tout en restant très classique : une feuille de personnages façon JDR papier, les caractéristiques physiques en moins… Ici, pas de force, de dextérité ou d’intelligence mais à la place des compétences spéciales augmentant vos caractéristiques comme l’attaque, la défense, l’esquive et la possibilité dans les spécialisations martiales d’orienter vers la défense ou l’attaque les points de maniement d’une arme. A l’aide d’une réglette allant de droite à gauche, la gauche étant la défense et la droite l’attaque, si vous réglez le maniement de votre arme tout à gauche vous parerez plus de coups mais au détriment de vos jets d’attaques et de dégâts. Vous pouvez aussi mettre le curseur au milieu de la réglette afin d’obtenir un mélange équitable entre attaque et défense.
La vengeance est un plat qui se savoure froid…
Lors de votre périple vous aurez accès à des troupes supplémentaires de mercenaires qui seront améliorées en fonction du nombre de territoires conquis par Cassia : au menu vous trouverez une magicienne , un assassin, un ogre noir, des archers, des lanciers et des duellistes que vous pourrez parfois ajouter à votre commando ou qui serviront à la défense des villes sous votre joug lors des tentatives de reconquêtes du roi. En cliquant sur certaines villes conquises vous accéderez à des boutiques d’alchimie, de commerces ou encore de forges ou donner de l’or à votre espion afin d’obtenir des détails stratégiques sur vos futurs objectifs, c’est également là sous forme de Point’n click que vous aurez accès aux dialogues avec vos compagnons. Lors de votre progression en vous rendant à votre campement vous pourrez interroger les ennemis que vous avez fait prisonniers, les torturer, les exécuter ou les relâcher. Vos décisions vis à vis du peuple vous vaudra son soutien ou son dégoût et la fin du jeu en sera grandement altérée.
Attention toutefois il est un fait important à connaitre à propos de ce jeu : vous pouvez passer à côté de toute la dimension scénaristique et de la profondeur même de ce titre si vous vous contentez d’enchaîner les combats et ce n’est qu’à la fin que vous vous rendrez compte que vous avez tout raté du contenu de ce jeu si vous n’avez pas fouillé les zones que vous avez conquises. Vous pourriez alors ne pas l’apprécier à sa juste valeur et le trouver très court et vide de contenu ce qui serait dommage.
Un bon jeu tout de même.
En résumé, ce jeu manque d’une ligne directrice obligeant le joueur à passer par toutes les étapes afin de le comprendre et reste de manière globale très inégal. Il n’en demeure pas moins que j’ai adoré les combats qui m’ont rappelés la série des « Vandal Hearts » et que le scénario aurait mérité d’être un peu plus étoffé mais reste bien conçu. J’ai tout de même aimé Cassia et son histoire, j’ai souffert avec cette reine déchue et elle est entrée dans mon Top 5 des héros ayant vraiment eu une vie de merde!
L’ossature scénaristique est très mélancolique presque triste, je pense qu’il me manque les heures de jeu nécessaires sur Blackguards premier du nom pour apprécier pleinement ce titre et me lier ainsi émotionnellement à mes personnages secondaires. Bien qu’imparfait Deadalic Entertainment nous livre un jeu plein de bonnes intentions et bien conçu, si vous aimez le tour par tour c’est un des meilleurs du genre. Courage les gens, le troisième opus pourrait bien être épique si vous continuez comme ça !