Déjà à l’origine de Richard & Alice, Owl Cave revient sur PC avec The Charnel House Trilogy, un autre point’n click à dimension narrative. Ambiance mature et habillage rétro, embarquons donc pour un voyage étrange et inquiétant.
L’atmosphère comme objectif
The Charnel House Trilogy s’inscrit dans la lignée des jeux narratifs dont l’ambition est de raconter une histoire, de créer une atmosphère plutôt que de proposer un défi ou une chasse au score. Les énigmes point’n click proposées ne sont donc pas bien compliquées à résoudre, et constituent plus des phases de gameplay censées rythmer la progression de l’histoire que de véritables puzzles. L’histoire, qui débute dans une sorte d’appartement new yorkais et dans un contexte réaliste, bascule peu à peu dans le fantastique et l’angoissant, captivant le joueur au fur et à mesure qu’elle distille ses mystères.
La mise en scène est travaillée, et joue à merveille sur la notion de solitude : le personnage est souvent seul à l’écran, ou ne fait face qu’à un unique PNJ. Ces derniers ont par ailleurs une forte tendance à disparaître après avoir tenu des propos intrigants, laissant supposer qu’ils en savent plus sur nous qu’ils ne devraient. Cette solitude est encore accentuée par l’étroitesse des lieux à parcourir : un appartement, le quai d’une gare, un wagon… On se sent presque oppressé, prisonnier de cette aventure. L’environnement sonore est quant à lui très soigné, et les doublages (en anglais uniquement) sont tout à fait réussis, sublimant l’atmosphère étrange du jeu. L‘objectif principal est donc atteint, et justifie pleinement qu’on s’essaie à The Charnel House Trilogy pour peu qu’on apprécie les jeux narratifs.
Abrupte trilogie
L’aventure est globalement très linéaire. Elle ne propose pas de choix susceptibles de modifier le cours de l’histoire comme un Walking Dead, mais plutôt un système à la The Last Door : avancer dans le jeu permet d’avancer dans l’histoire telle qu’elle est écrite. Le « Trilogy » du titre indique que le jeu se compose de trois épisodes (tous disponibles lors de l’achat du jeu), ce qui paraît étrange : les deux premiers permettent en effet de présenter deux personnages (chacun étant le protagoniste principal d’un épisode, et donc le personnage dirigé par le joueur), et le troisième… se recentre sur Alex, la fille du premier épisode. Pas de réunion, pas de véritable lien avec le chapitre précédent, comme s’il n’avait représenté qu’un (agréable) aparté. C’est là le principal défaut du jeu : certains éléments scénaristiques sont laissés en suspens, et la fin laisse quelques frustrations, comme s’il manquait un véritable chapitre final. Bien sûr, conserver une part de mystère n’est pas nécessairement une mauvaise chose, et cela contribue à l’ambiance fantastique du jeu, mais en l’état le manque de réponses a comme un goût d’inachevé.
Conclusion
The Charnel House Trilogy réussit clairement à proposer une histoire et une ambiance captivante, dans un contexte mature où le fantastique sait parfois se montrer inquiétant. Si le gameplay s’avère correctement dosé, en n’étant présent que pour faire la transition entre les différentes parties du scénario, on regrettera tout de même que ce dernier semble s’achever abruptement, sans avoir été au bout de ce qu’il avait à raconter, tant sur lui-même que sur ses personnages. Cela ne gâche pas le plaisir de jeu, bien présent, mais nous convainc que le titre aurait pu être encore bien meilleur. Dommage.