L’arrivé de la 3D à clairement été l’un des artifices qui a presque fait disparaître les point and click à la fin des années quatre-vingt-dix. Il y a bien eu quelque essais, notamment avec les épisodes trois et quatre des Broken Sword de Revolution Software qui furent un échec, ce qui enterra quasiment le passage à la 3D du genre. Depuis, peu à peu, le point and click est revenu sur le devant de la scène mais en deux dimensions. Jusqu’ici, seul Telltale avait osé le passage à la 3D avec les reboots de Sam and Max et Monkey Island. Ceci jusqu’à l’arrivée de Perils of Man d’If Games.
Une histoire de légende.
Derrière If Games se cache un grand monsieur répondant au nom de Bill Tiller, ex Lucas Arts aillant travaillé notamment sur The Dig, Curse of Monkey island, Indiana Jones and the Infernal machine, ou A Vampire Story plus récemment. Bref, on n’est pas devant un petit jeunot ce qui devrait garantir une certaine solidité au titre. Le jeu commence avec une longue vidéo nous présentant deux personnages, deux grands scientifiques de leur époque. Le premier, Thomas Eberling a fait énormément de découverte dont une, dont il ne dévoilera rien, notamment suite à sa disparition mystérieuse au milieu des années 1850. Un peu plus de cent cinquante ans après c’est au tour de Max Eberling, descendant de Thomas, de continuer les recherches de ce dernier et de disparaître aussi à son tour. Le jeu commence dix ans après la disparition de Max.
Le joueur y incarne Ana, sa fille, le jour de ces seize ans. Fait étrange, elle reçoit un cadeau de la part de son père. Un étrange Cristal violet. Evidemment, la curiosité de la jeune fille est piquée. Elle décide donc d’essayer de découvrir la signification et l’utilité de cet objet. Pour cela, elle devra parcourir la vielle maison familiale, digne d’un manoir de film d’horreur, alors qu’il y a un énorme orage à l’extérieur.
BOUH ! Non je déconne, le jeu ne fais absolument pas peur, même s’il est question de « fantôme ». On découvre rapidement que tous les membres de la famille sont des scientifiques. Au fur et à mesure de vos recherches, vous finirez par trouver le labo secret dans la maison, restaurerez un oiseau mécanique qui vous guidera dans votre aventure mais surtout, vous fabriquerez des lunettes spéciales, grand secret de la famille qui ont causé la disparition de Thomas et Max Eberling. Que font ces lunettes ? La police du « spoil » m’interdit de dévoiler cette information.
Une histoire de non choix.
Une fois les lunettes obtenues, la véritable histoire commence. Sachez qu’il sera question de choix aux conséquences terribles. Le problème, mais qui permet aussi au joueur d’avoir une réflexion, est que le jeu ne nous permet pas de choisir. Même pire, il nous impose le non choix : la fuite de toute responsabilité. Il faut dire que ça fait un peu mal à l’égo et forcement, on s’imagine les possibilités multiples qu’auraient pu offrir le jeu s’il nous en laissait le choix. Quoi qu’il en soit, on suit avec plaisir les aventures d’Ana, complètement isolée à cause de la paranoïa de sa mère suite à la disparition de son père, avec une fin qui pourra provoquer un petit peu de violence dans votre petit cœur sensible tant les propos d’Ana peuvent être durs.
Le tout est mené par une direction artistique simple, sans énormément de détail, mais qui provoque une certaine sérénité dans chacun des tableaux, en dehors du manoir qui, lui, dégage bien le senti d’une vieille maison avec un lourd vécu. Afin de casser une certaine lourdeur dans l’atmosphère du jeu avec son thème plutôt sérieux, Ana lancera énormément de petits pics dignes d’une adolescente de seize ans qui vous feront sourire.
Hélas, le jeu souffre d’un certain nombre de défauts qui ont pour la plupart la même cause : le jeu est un portage. Initialement sorti sur iPad fin 2014, le jeu n’a absolument pas été pensé pour le PC. Tout se joue uniquement avec un clic de souris. Vous voulez observer un objet dans le décor ? Impossible. Sauf si vous pouvez le prendre. Mais dans ce cas-là, il faudra aller dans l’inventaire. Vous voulez combiner deux objets entre eux ? Vous serez obligé de les déposer dans « la roue de la fusion » plutôt que de prendre un objet et le déposer sur un autre. Cliquer en dehors de l’inventaire ne le fera pas. Bref vous aurez compris, l’ergonomie de l’inventaire est d’une lourdeur incroyable sur PC. Autre problème du au portage : les vidéos. Si ces dernières sont plutôt jolies et réussies, la compression de celles-ci les rendent dégueulasses. Enfin, pour les anglophobes ou germanophobes, le jeu n’a pas une once de français, aussi bien dans le doublage que dans les sous-titres.
Conclusion
Perils of Man est un jeu réussi. Sans être trop facile, le jeu est cohérent quant à ces puzzles. Avec une histoire plutôt bien écrite, on regrettera toutefois de n’avoir aucun contrôle réel sur celle-ci, puisque elle nous est imposée. Hélas, le jeu est un portage feignant d’un jeu tactile, qui rend toute l’interface du jeu non adaptée à la souris ou tout du moins, particulièrement lourd. Si vous êtes possesseur d’un iPad, préférer cette version de ce jeu toutefois sympathique.