Il y a des jeux dont le titre met directement dans l’ambiance. En le lisant on se dit “Nom d’une pouliche, je sais que ça va envoyer du pâté” et on le lance en sachant plus ou moins à quoi s’attendre. Et puis il y a d’autres jeux, des jeux dont le titre ne paye pas de mine et n’est pas du tout un rappel du contenu de ce dernier. Le dernier exemple que j’ai en tête, c’est Battle Brothers de Overhype Studios.
Brother in Arms
Non franchement je n’y arrive pas. Ce titre est assez pourlingue, et pourtant… Bon après lecture du concept du jeu il a tout pour me plaire. On y incarne un chef de compagnie de mercenaires. Le but est de gérer cette compagnie tout en gagnant suffisamment de pognon pour entretenir nos hommes tout en en recrutant de nouveaux et en améliorant leur équipement.
On commence donc avec les 3 membres fondateurs, des gusses au passé douteux qui cherchent l’argent facile dans une région rongée par la mort, les créatures agressives, et la guerre. Sur ce troisième aspect cela dit, il faudra attendre des prochaines mises à jour car le jeu est encore en early access et ça se sent. Mais nous y reviendront plus tard. Au commencement, il faudra créer sa compagnie. Lui choisir un nom et un emblème. Sans plus d’explications, nous voilà alors largués sur la world map du jeu, générée aléatoirement à chaque nouvelle partie.
Frères de combat
La première chose à faire est de se diriger vers le village à proximité afin de recruter nos premiers camarades et prendre notre premier contrat. J’opte pour une mission facile, mettre à sac un camp de bandits non loin afin que le village retrouve la paix. Pas de soucis, j’enrôle deux malabars pas chers à la taverne et j’achète un peu de matériel ainsi que des vivres. Avant de partir, il est toujours important de bien se préparer. Faisons donc un petit détour par la fiche des personnages. Chaque membre de la compagnie a ses propres traits liés à son passé ou son métier. Par exemple à la taverne j’ai recruté un boucher. Le type est costaud et sait manier habilement son hachoir. Il a donc des bonus au combat rapproché. Mais j’ai également recruté un mendiant, de la chair à canon pas chère. Le type est faible et se paye des malus au combat, et il a également une mauvaise vue (et est donc prompt à rater ses cibles plus souvent). En revanche il a des poumons d’acier et se fatiguera moins vite. Vous ne comprenez pas encore tout ce que cela signifie ? Alors passons directement aux combats, le centre du jeu.
Direction le camp de bandit, via la carte du monde. Ici les déplacements rappellent fort ceux de Mount & Blade. Un simple jeton représente votre compagnie et il suffit de le déplacer sur la carte où bon nous semble. Le jeu gérant aussi les provisions, chaque trajet consommera un peu celles de la compagnie au fil du temps. Inutile de dire que tomber à court est synonyme de mauvaises choses. Bref, une fois arrivé au camp de bandits, je lance le combat. Là, le jeu passe alors sur le champ de bataille. Le déroulement de chaque échauffourée ressemble exactement à celles de XCOM. Au tour par tour, les personnages avec le plus d’initiative commencent en premier. Ici, j’ai de la chance, mes gars sont prêts et veulent du sang. Le but sera donc d’exterminer les brigands. Je préfère le dire de suite : la tâche ne sera pas aisée. Le jeu est très difficile et ce dès le premier combat. Les ennemis tapent for, et il faudra faire preuve d’un sens tactique assez aiguisé.
Concrètement qu’est ce qui va jouer en notre faveur ? Chaque homme possède ses traits propres, comme je l’ai souligné plus tôt (les passifs de métier, les bonus/malus…). En plus de ça, les armes équipées par nos hommes vont leur donner des skills. Par exemple donner une masse et un bouclier à un homme lui permettra de parer certains coups à l’aide d’une aptitude et la masse permettra de taper ou d’étourdir l’adversaire. Chaque compétence est extrêmement importante et il faudra les utiliser judicieusement, la défense étant aussi importante que l’attaque. En plus de ça, des tas de barres influeront sur la puissance des coups portés par nos ouailles. Qu’il s’agisse de leur moral (influé par le déroulement du combat) ou de leur fatigue (générée par les déplacements), il ne faut rien négliger. Perdre un homme aura une influence non seulement sur la stratégie qu’il faudra employer, mais donnera des malus à ceux qui vivent encore. Il faut alors systématiquement avoir quelques coups à l’avance afin de ne pas y laisser trop de plumes. Petit détail ayant son importance, le jeu gère aussi les attaques d’opportunités (les fameux coups que l’on prend quand on essaye de s’éloigner d’un ennemi adjacent). Vous comprenez alors toute la profondeur tactique que propose le soft.
Les combats sont clairement le point fort de Battle Brothers. Ils sont déjà très au point et chaque bataille est différente. Combattre des brigands sera différent que de tenter d’égorger des loups-garous ou des zombies. Les humains n’ont rien de particulier, ils ont des armes classiques et s’en servent normalement. Les loups-garous eux peuvent se déplacer très loin sur le champ de bataille et portent des coups extrêmement puissants. Les zombies enfin peuvent se relever même une fois mis au sol. Certaines aptitudes pouvant les décapiter, il faudra tenter de privilégier ce genre d’attaques. Chaque combat se pare donc d’une approche différente. Et je ne vous ait pas parlé des orcs ou des nécromanciens. La variété est au rendez-vous et le système de jeu est déjà complexe et intéressant.
Les Facteurs d’Elite
Peut-on en dire autant de l’enrobage ? Eh bien malheureusement… pas vraiment. Les quêtes sont très répétitives et il n’y en aura que très peu de différentes. Protéger une caravane d’un point A à un point B, péter la gueule à tel camp, explorer la carte à la recherche d’un point d’intérêt particulier. On ne peut pas dire que les missions soient aussi variées que les combats. Malgré tout elles sont nécessaires car c’est comme ça que l’on gagne de l’or, de l’expérience (pour upgrader les compétences de nos personnages) et que l’on paye la solde de nos recrues. C’est en ça que le côté early access du jeu se sent encore car les activités sont trop peu nombreuses. Les développeurs promettent cependant un vrai scénario avec une faction envahissant la région, notre compagnie devant évidemment l’en empêcher.
A côté de ça, malgré une partie sonore plutôt sympathique (avec quelques musiques vraiment réussies), la partie visuelle est quelconque et ne plaira pas à tout le monde. Certes les développeurs ont voulu donner un côté med-crade à l’ensemble avec un univers qui rappelle la série de livres les Annales de la Compagnie Noire de Glen Cook… mais la direction artistique ne rend pas honneur aux illustrations vraiment classes que l’on peut observer dans le jeu. En fait en combat on pourrait même comparer les représentations graphiques de nos hommes à des culbutos. Avouez qu’on a vu plus badass. Finalement ce n’est qu’une question d’habitude, mais certains n’adhéreront pas à ce parti pris graphique assez discutable.
Si Battle Brothers vous intéresse je ne peux que vous recommander d’attendre. Les combats sont plaisants et tactiques, mais à côté de ça le jeu est vite répétitif. Beaucoup de contenu reste à venir et d’après ce que j’ai pu voir, le jeu sera intéressant lorsqu’il se sera enrichi. Un titre à surveiller donc en attendant que l’accès anticipé avance un peu. Quoiqu’il en soit le projet semble sérieux et suivi par les développeurs, ce qui est toujours bon à noter par les temps qui courent.