Marcus, Dom et les autres sont de retour sur Xbox One. Pas dans un nouvel épisode, en tous les cas pas pour l’instant, mais dans un remaniement graphique de leur première aventure. La plus marquante, celle qui a marqué toute une génération en étant le premier jeu Unreal Engine de la Xbox 360 à nous en mettre plein les yeux, les oreilles et le Gamepad. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Des hominidés !
Définissons Gears of War. Vous jouez à la troisième personne à un jeu brutal, où les humains sont envahis par les Locustes, une race Alien venue des profondeurs qui n’a qu’une envie : conquérir ce territoire très intéressant qu’est la Terre. On commence dans une prison où Marcus, simple soldat au trou pour trahison (mais pourquoi ?), vient se faire réveiller par Dom’. On a besoin de lui, on s’habille, on prend son arme et on part en bataille.
L’histoire ? Elle est beaucoup plus intéressante que vous pouvez l’imaginer, mais elle reste toujours en filigrane, elle sert parfaitement l’action sans pour autant être inutile. Les héros sont, eux, des brutes épaisses pleines de testostérone. Ça gueule, ça parle avec des mots que votre maman ne voudrait pas entendre sortis de votre bouche, ça explose des têtes, ça saigne, ça s’insulte joyeusement, ça se chambre méchamment et ça ne fait jamais, absolument jamais dans la dentelle. PEGI 18, quoi.
Le jeu fut le premier jeu de tir de la Xbox 360 et de la génération que cette console à lancée. La génération de la PS3 (qui arrivera plus tard) et de la Wii (qui démocratisa le jeu-vidéo au grand public). A l’époque on l’achetait parce qu’il était le jeu de lancement, parce qu’il était une claque technologie et il faut se rappeler qu’à l’époque… Le jeu PC était « mort ». Il n’y avait pas encore d’indépendants mis en avant (mais ça allait venir, aussi grâce au Xbox Live Indie Game). Bref, Gear, c’est toute une époque. C’est le jeu d’une certaine génération, pas la mienne, peut-être pas la vôtre, mais c’est un fait.
Troisième personne remastérisée
En vue de derrière, donc, vous vous planquez derrière des murs très bien insérés par le hasard des champs de bataille (aka le Level Designer) et vous évoluez dans un jeu aux teintes très marrons. Le jeu est sale, les personnages sont des badass, tout est crade, ça saigne, c’est plein de boue, c’est désespérant et pourtant ça en met plein la vue. Dans ce Gears of War : Ultimate Edition, premier problème : le jeu est sublime, les décors sont incroyables, les effets de lumières sont ravissants et les personnages ont des têtes de jeunes premiers qui prennent un peu trop de protéines. Bref… Le jeu est « trop » beau, il a perdu de sa crasse, de son impureté. Et c’est choquant pour qui a joué et rejoué au titre original.
On trouve aussi quelques petits soucis : en tir, on peut exploser du Locuste, avec un tir bien placé en pleine tête, avec une grenade… Et l’effet de « j’explose en petit morceaux » n’a pas changé, mais la beauté du jeu le fait jurer avec le reste et cela en devient presque ridicule. Ajoutez à cela les bugs d’origines (les alliés qui « volent » au-dessus des marches d’escaliers) ou les quelques oublis de remasterisation (les personnages qui traversent certains murs/portes). Vous l’aurez compris : Gears of War sur Xbox One c’est une grosse, belle et réussie mise à jour graphique. Mais qui tue un peu le charme de l’original.
30 fps en solo. 15 en coop’ ?
La Xbox One n’est définitivement pas la console des amis assis sur le même canapé. Alors que Halo 5 s’annonce sans mode de coopération locale (et c’est une honte), voilà que Gears of War : Ultimate Edition débarque avec un coop’ bien présent, mais complètement à la ramasse. En plus des jolies bandes noires de chaque côté de votre écran 16/9ème, le jeu vous obligera à jouer avec une violente perte de framerate. On y voit rien, ça rame, c’est lent. Quel gâchis ! La coop’ locale est vraiment décevante.
Un multijoueur amélioré et jouissif
Le multi, par contre, quel bonheur ! En 60 fps (et on voit la différence quand on sort du solo), avec de nouveaux modes de jeu en colline, en drapeaux, mais aussi avec un deathmatch « à plusieurs vies par camp », le mode multijoueur de cette Ultimate Edition fait honneur à toutes ces heures passées dessus sur Xbox 360 ! Skins d’armes pour rigoler en amis (et donner un peu d’argent à Microsoft sur le marché en ligne), personnages qui font le retour pour se différencier visuellement, des cartes connues et parfaitement remasterisées… C’est un sans-faute.
Surtout qu’en multijoueur, le principal problème du solo (sa beauté qui jure face à l’ambiance visuelle de l’original) n’en est pas du tout un. On s’éclate au sens propre comme au sens figuré dans des cartes visuellement impeccables, qui profitent à fond de la puissance de la console pour proposer une expérience de qualité. Alors oui, la construction des murets et autres endroits de couverture ne viendra pas exploser votre rétine, mais les fonds le feront sans doute si ce ne sont pas les petits effets par-ci, par-là qui s’en chargent.
C’est réussi, certes…
Je dirais tout simplement que Gears of War : Ultimate Edition se destine uniquement à deux types de joueurs : ceux qui n’ont jamais fait l’original sur 360 et veulent s’y mettre sur la One (mais oubliez la coopération locale) et ceux qui aiment le multijoueur de la saga. Ces deux catégories trouveront cette «Ultimate Edition » vraiment réussie, parfaite pour eux.
Les autres ? Clairement, si vous vous attendiez à vous éclater en coopération locale et à retrouver à la perfection l’univers crade de Gears of War alors attention : vous risquez d’être un peu déçu. Mais globalement, Gears reste Gears : un jeu de qualité, bourrin, défoulant, loin d’être aussi bête qu’on pourrait le penser. Une œuvre assez marquante, sans être non plus obligatoire dans la vie d’un joueur.
Rien que pour le plaisir de voir Marcus insulter un locuste Boomer, après que celui-ci lui ai crié un « Boom » annonçant la venue d’une roquette qui frôlera votre oreille et créera une jolie note dangereuse au milieu de composition musicales de grande qualité, le voyage vaut le coup d’être rejoué. Mais cette Ultimate Edition ne supplante en rien la version originale. Sa vision est un poil trop… différente, pour cela.