« Vite Sky, dis-nous, ça vaut quoi Mafia 3 ? ». Malgré la tonne d’indépendants que j’ai vu à la Gamescom, le simple fait de clamer qu’on a vu du gameplay de Mafia 3 pendant vingt bonnes minutes suffit à voir vos interlocuteurs la langue pendante et des questions plein la bouche. Alors voilà : j’ai vu Mafia 3 et ce fut un peu déconcertant.L’ambiance du trailer, magnifique, bien orchestrée, était totalement présente. Quand une démonstration manette à la main commence par une visite de la ville (et c’était du vrai gameplay, car le jeu a planté en live) on se dit toujours que ça va être pipeauté. Les villes, dans les jeux, c’est encore ce qui se fait de pire en termes de bugs et de collisions. Ici, c’était correct et sincère : les personnages bougent encore un peu bizarrement quand ils sont en masse, les modèles des personnages se coincent, les PNJ semblent totalement dénués d’émotion : on est encore qu’en 2015 ! Mais il y avait un petit côté Assassin’s Creed dans ces passages…
Par contre, quand les scripts démarrent, c’est déjà plus sympathique ! Les personnages se choppent, s’empoignent, se draguent, se la jouent et l’ambiance reprend sa place : Mafia 3 et ses personnages ont une classe intersidérale. Doublés avec talent, les acteurs de cette histoire semblent complètement possédés par leur background. Mais d’ailleurs, l’histoire, c’est quoi ?
Notre héros revient du Vietnam plein d’horreurs en tête. Il débarque dans une Lousiane paumée entre tout ce qui brille et ces nuits fragiles ou la mafia fait la fête à ses voisins qui ont oublié de payer le dernier loyer. Il va s’y faire une place, se créer une « famille » et ainsi tenter de cacher tout ce qu’il a vécu en devenant quelqu’un d’effrayant, de respecté, de respectable surtout. Honnêtement ? Ce personnage transpire la classe et on a envie de jouer avec.
Le gros problème, finalement, c’est que Mafia 3 fait un énorme doigt d’honneur aux deux premiers épisodes. Les développeurs ont changés, l’éditeur veut clairement autre chose qu’un « récit ponctué de fusillades et de courses mollassonnes dites réalistes » et du coup… Bienvenue dans un nouvel Open World guerrier et bourrin ! On nous a montré la possibilité d’entrer « discrètement » dans un bar, à coup de bourre-pif et de fatalités sur un garde. Ensuite, on dégaine notre flingue, les balles fusent de partout… En fait, « discrètement », ça veut juste dire « par la porte de derrière ».
Mafia 3 est ultra-bourrin, même quand il ne veut pas l’être. Les courses-poursuite sur fond de Paint it Black des Rolling Stones, ça a beaucoup de classe, c’est jouissif et puissant… Sauf quand il est possible de détruire une bagnole ennemie d’une balle dans le réservoir. C’est le gros défaut de cette présentation qui devait en mettre plein la vue (c’est réussi, le jeu est magnifique et l’ambiance semble parfaite), mais qui par la même occasion oublie totalement ce qu’est l’ADN de la série Mafia.
On a de gros espoirs placés sur ce jeu, mais les premiers pas ont surtout confirmé qu’on n’allait pas s’ennuyer entre les différentes tueries, les interrogatoires en voiture (qui se finissent forcément par une balle dans la tête et un cadavre dans la rue) et ces facilités de gameplay permettant par exemple d’appeler le (vieil) héros du second épisode pour… annuler toutes les patrouilles de police. On se doute qu’il s’agira d’actions qui nous couteront des points d’aptitudes ou autre fantaisies et que ce ne sera pas accessible toutes les 5 minutes… Mais tout de même !
Tant pis pour la discrétion, le réalisme, le bon jeu récompensé : on est là pour vivre une aventure qu’on espère au moins bien écrite et intelligente comme les deux précédentes. Ce beau et intéressant jeu a 50% de chance d’être une coquille vide. Allez, soyons optimistes, misons sur l’autre partie du pourcentage.
Du coup, j’ai trop hâte en tant que fan du genre. Mais à 50% seulement. Les meilleurs 50% quand même, faut pas déconner 🙂