Homefront était un fps générique, médiocre sur bien des points qui ne s’est démarqué que par l’originalité de son intrigue. Il fut un succès commercial suffisant, à défaut de l’être critique, pour justifier aux yeux d’un THQ, encore bel et bien vivant, de l’intérêt d’une suite. Les choses étant ce qu’elles sont, le bébé et l’eau du bain sont tombés des mains de l’éditeur américain décédé dans celles de Crytek, à qui avait été initialement confié sa réalisation.
Pour raisons économiques, celui qui s’appelle Homefront The Revolution a atterri ensuite chez Koch Media/Deep Silver, dont la suite du développement échoua au studio Deep Silver Dambuster, basé à Nottingham. Un studio comptant parmi ses membres des anciens de Crytek UK ayant travaillé sur The Revolution. La boucle fut ainsi bouclée.
On aurait pu imaginer que The Revolution ait pâtit d’un parcours si chaotique. Pourtant, souris en main, il se joue comme un charme. On restera prudent jusqu’à la sortie du jeu, mais en attendant, il a délivré lors de cette démo de solides arguments, mais aussi quelques questionnements. J’avouerai l’attendre personnellement, me positionnant comme un enthousiaste quand il s’agit d’un fps, et trouvant intéressant l’idée de jouer au résistant plutôt que le sempiternelle envahisseur américain sur-armé.
Mais avant même d’avoir pu poser mes paluches sur celui-ci, les développeurs nous ont fait l’honneur d’une succincte présentation. Le scénario tout d’abord devrait bénéficier d’un soin plus approfondi que son aîné. Si les joueurs avaient apprécié l’originalité de son scénario, ses invraisemblances ne sont pas bien passées. Le défi pour ce nouvel Homefront serait alors d’avoir une histoire un peu plus crédible. Cependant, rien ne nous aura été révélé en détail sur cet aspect-là, donc nous devrons ronger notre frein en attendant.
L’autre élément mis en avant fut les Strike Points. Si les développeurs tiennent à préciser que ce système est différent de la prise de camps ennemis dans les derniers Far Cry, ils restent malgré tout similaires dans l’idée. D’ailleurs, avec le recul, The Revolution se contrôle à la manière d’un Far Cry dans une jungle urbaine pour vous en donner une vague idée de comment se joue la bête. Avec un côté plus sérieux en prime.
Les Strike Points sont par conséquent des lieux stratégiques dont il vous faudra prendre possession par la force des armes et la complétion de certains objectifs. Ici, en l’occurrence, il fallait repousser les avancées de l’ennemi sur le dit point, et trouver un générateur pour ses besoins en électricité. Une fois capturés, ils deviennent un point de repli pour le joueur, un lieu pour faire le plein de munitions et changer son armement.
Les développeurs ont tenu à préciser que réussir à conquérir un Strike Point ne vous débarrassera pas définitivement des ennemis aux alentours. Ces derniers resteront toujours présents mais en moindre nombre. Le but à demi avoué étant de maintenir le joueur dans un état de menace permanente. Si la difficulté suit, cela pourrait être le cas.
Le décor choisi pour cette démo était un tant soit peu monotone et vide de vie. Il y aura visiblement des lieux plus habités, mais pas pour cette fois-ci. C’est donc enfermé entre quatre murs invisibles que j’ai exploré à volonté cet ensemble de complexes industriels. L’endroit était parfaitement adapté pour porter des attaques rapides en fourbe en contournant l’adversaire à l’aide de la multitude de chemins offerts, que cela soit à travers les bâtiments, sur les toits ou parfois en sous-sol. S’il y a une chose qu’on ne peut lui reprocher, c’est son manque d’ouverture. A vous les possibilités stratégiques en prenant l’ennemi par son flanc.
The Revolution, c’est aussi une tripotée de gadgets allant de la bombinette artisanale à la voiture télécommandée explosive à subtilement téléguider sous un véhicule blindé. On peut également y modifier à l’envie les options de son arme à la manière de Crysis. Les deux jeux ne tournent pas sur le même moteur pour rien. D’une touche, l’arme est inclinée alors que les points modifiables apparaissent en sur-impression, tout comme dans Crysis. D’un clic, en temps réel et sans mettre le jeu en pause – à la volée donc – on lui ajoute un silencieux ou bien encore une lunette à viseur holographique par exemple.
Ce nouvel Homefront en monde ouvert suit un peu cette nouvelle mode où on vous laisse assez libre de résoudre une situation donnée. Plutôt que de se rendre à un endroit précis pour y déclencher une mission scriptée à mort (même s’il y en aura sans aucun doute pour faire avancer le scénario), de nombreux points d’intérêts sur la carte seront là à attendre d’être résolus selon la bonne volonté du joueur. La façon de les aborder devrait nous appartenir. L’ouverture du niveau que j’ai pu explorer m’offrait le loisir d’attaquer par où je voulais, même si les objectifs restaient les mêmes. Pour les besoins d’un déplacement rapide, le jeu fut prompt à me diriger vers une cargaison contenant une moto. Rapide et véloce, l’engin était parfaitement adapté pour se glisser entre les ennemis qui occupent les rues.
Homefront The Revolution m’a laissé la tête encore pleine d’incertitudes, comme notamment la façon dont il va aborder ce scénario d’invasion nord coréenne presque improbable. Arrivera-t-il aussi à se démarquer des autres jeux en monde ouvert, qui ont de plus en plus de mal à le faire autrement qu’en remplissant leur carte d’objectifs secondaires à l’intérêt moyen ?
S’il s’applique à jouer sur ses points forts, comme le fait d’incarner la résistance avec ce que cela implique en terme de situations stressantes et tendues, ou encore l’ouverture de son monde, laissant au joueur aborder chaque affrontement sur plusieurs angles, alors il pourrait surprendre. Ce que je veux y voir, c’est cette impression de dynamique, de vie qu’il y a pu y avoir par moment. Car vous n’êtes pas seul dans la bataille. D’autres résistants sont à vos côtés sans pour autant entacher votre expérience de jeu en étant collé à vous lourdement, et vous laissant vous amuser en faisant le plus gros du boulot. Ils apparaissent parfois subitement, sans qu’on s’y attende, au hasard d’un coin de rue, dans un échange de balles avec l’ennemi.
C’est cela que j’ai envie de voir se concrétiser à terme pour The Revolution. Un jeu en monde ouvert étant vaste, on se focalisera sur ses facettes positives en attendant qu’il pointe le bout de son nez en 2016 sur toutes les plate-formes du moment, histoire d’en explorer tous les recoins.