Malgré un Kickstarter raté, Cross of the Dutchman est quand même parvenu à sortir complet sur nos plateformes. Enfin, complet, c’est un bien grand mot. Car nul doute que le vaillant et historique Grutte Pier méritait un jeu bien plus à même de nous raconter avec talent son histoire formidable et peu connue des petits français que nous sommes…
Histoire de Frise, Pays-Bas
Dans l’une des douze provinces du Pays-Bas, nommée Frise, se trouve la ville de Kimswerd. C’est là-bas que naît le petit Pier Gerlofs Donia en 1480 et des brouettes. Cross of the Dutchman nous raconte la genèse de ce héros, cette montagne de muscles qui possède encore des statues à son effigie dans sa ville natale. Pier est un simple agriculteur du domaine de Meylsmastate à Kimswerd, alors qu’une bande de mercenaires vient piller son village. Nous sommes en 1515. Une guerre civile fait rage entre les Schieringers et les Vetkopers, opposés pour les premiers et partisans pour les seconds de la domination des Bourguignons et des Habsbourg aux Pays-Bas. C’est cette guerre civile que vous allez vivre.
Cross of the Dutchman nous raconte donc, en 9 chapitres d’une dizaine/vingtaine de minutes chacun, la transformation de Pier, simple fermier qui deviendra un héros de la résistance de Frise. Il y croisera son neveu pour renforcer ses troupes et devra compter sur ses plus proches amis pour combattre. En jeu, par contre, c’est beaucoup moins glorieux que ça ne pourrait l’être…
Vu de haut avec une caméra doucement penchée (et un peu trop proche du personnage), vous contrôlez Pier en laissant appuyé votre clic de souris tout en bougeant le curseur dans une direction. Pour frapper des caisses, on laisse appuyé dessus et Pier se charge de frapper (avec peu de souplesse et des temps de pause abominables qui coupent l’action trop violemment). Même chose pour combattre : on laisse le curseur appuyé sur l’ennemi et Pier frappe. Bien sûr, il n’y a aucune esquive, aucune défense. Juste de l’attaque très bête et pas bien méchante.
Pier méritait sans doute moins de bugs !
Cross of the Dutchman est un jeu qui n’a pas réussi son Kickstarter et cela se ressent énormément. Très court (deux heures pour le terminer), le jeu de Triangle Studios est aussi plein de bugs de collisions, de personnages qui traversent le décor, de textures qui bavent et de modélisations grossières. Plutôt mignon en screenshots, Cross of the Dutchman n’est en rien formidable à découvrir une fois la manette ou la souris en main. C’est même carrément décevant.
Vous allez passer la moitié du temps à faire des allers-retours entre alliés et à exploser des caisses et des coffres vaguement cachés pour obtenir de l’argent. Avec celui-ci, vous pourrez augmenter vos barres de vie et de Stamina (permettant de lancer un coup spécial) jusqu’à deux fois. Autant vous dire qu’en fouillant bien les zones, on possèdera un personnage au level maximum très rapidement. Ensuite, il y a les combats : on frappe avec ses mains pendant la première moitié du jeu, avec le clic gauche, puis on effectue un coup spécial avec le clic droit. Et c’est tout !
Dans la seconde partie/heure du jeu, on possède une épée. Même chose : clic gauche pour frapper, clic droit pour un coup spécial. Il y a trois coups spéciaux (un faible, un moyen, un fort) à débloquer avec de l’argent pour les deux types d’attaques et autant vous dire qu’on débloque cela très rapidement. Le jeu n’a pas une once de difficulté à proposer.
De l’infiltration ridicule, du combat ennuyant
Certaines fois, le jeu vous demandera d’arrêter de vous battre mollement et avec trop de répétitivité, pour vous laisser vous infiltrer dans les rangs ennemis. Il vous faut alors éviter les gardes avec leurs lanternes, sous peine de revenir au début du niveau. Cela n’a aucun sens puisque, après ces passages, notre héros tabasse tout ce qui bouge. Pire, l’infiltration n’a pas de réelle utilité puisqu’il suffirait de foncer dans le tas pour s’en sortir aussi bien. La lanterne des soldats serait-elle magique ? Même pas, puisqu’au dernier niveau ces mêmes soldats « invincibles » seront à frapper à la suite, il n’y aura plus d’infiltration qui comptera. Ridicule.
Surtout que l’intelligence artificielle des ennemis est au ras des pâquerettes : ils ne vous voient jamais malgré vos 200 kilos de muscles et vous pouvez les contourner en passant juste à côté d’eux du moment que vous n’êtes pas trop dans la lumière de la lanterne. C’est complètement raté, risible et même quelquefois frustrant quand la dernière mission du genre décide de se faire trop longuette et pleine de pièges signés par le Level-Designer qui vous invente des barrières et des murs invisibles à tout bout de champs.
Cross of the Dutchman n’est pas totalement une perte de temps car j’ai découvert une histoire qui m’était totalement inconnue et qui mérite d’être lue. Mais voilà : lisez-la, ne jouez pas à ce jeu. Il est malheureusement plein de bonne volonté mais rien ne fonctionne vraiment, même pas les cinématiques sous-titrées mais pas doublées qui manquent un peu de rythme. Au final, on est même frustré de voir une si petite durée de vie et une histoire qui commence quand notre personnage devient réellement le héros que l’Histoire a fait de lui. Un peu comme si on avait joué à une introduction et qu’on attendait le plus gros de l’œuvre. Un ratage assez triste et difficilement défendable.