Depuis quelques années le studio Daedalic Entertainment nous a habitués à des point & click de bonne qualité comme les Deponia ou The Night of the Rabbit. Le studio reprend une recette qui marche pour nous offrir Anna’s Quest, un jeu d’aventure qui revisite les contes de notre enfance tout en nous livrant un vrai voyage initiatique avec l’héroïne.
Il était une fois une petite fille nommée Anna…
Anna vit seule avec son grand-père, un vieil homme très protecteur envers elle. Un jour, il tombe malade et Anna s’aventure dans les bois à la recherche d’un remède. Très vite, une sorcière met la main sur elle et convoite son pouvoir de télékinésie, un pouvoir dont la petite Anna ignore totalement l’existence. Commence alors un périple qui mènera Anna des geôles de l’enfer jusqu’aux sommets d’une montagne de verre en passant par un village magique où les épreuves seront nombreuses.
Au premier abord enfantin et peu profond, ce point & click se révèle être très plaisant car, bien qu’Anna soit très naïve et innocente au départ, l’histoire, elle, ne sera pas dans ce goût-là. Si la petite fille refusera de faire du mal à qui que ce soit en usant de ses pouvoirs, elle n’en sera pas pour autant inconsciente de la méchanceté de certaines personnes qu’elle rencontre et ce, de plus en plus avec le temps. Anna évolue donc au fil de ses péripéties et nous, joueurs, nous nous prenons en affection pour elle, nous voulons la protéger et l’aider dans sa quête au dessein noble d’aider son papy.
Une relecture libre et originale des contes de notre enfance
Le jeu se veut même ironique dans sa façon qu’il a de revisiter les contes avec de l’humour noir. Si quelques contes ne sont pas très connus et font plutôt partie du folklore allemand (Jorinde & Joringel, les Weisse Frauen par exemple), d’autres sont très populaires et on croisera entre autres une Cendrillon moderne lasse de la couture préférant rejoindre la garde impériale, les musiciens de Brême avec un coq très arrogant ou encore un homme ayant « par mégarde » perdu son petit Hansel dans la forêt.
En clair, on a droit à une galerie de personnages atypiques qui s’intègrent très bien à l’aventure. Ils ne servent pas juste de prétexte à inclure une référence aux contes mais auront tous un petit rôle à jouer dans la quête d’Anna. Après il y aussi d’autres références plus subtiles que seuls les fins connaisseurs des contes pourront reconnaître.
N’abandonnez-pas !
Le jeu se divise en 6 chapitres dont 4 chapitres longs (2-4h), en somme la durée de vie est bonne pour un point & click. Il faut savoir que les débuts de l’aventure ne sont pas représentatifs de la qualité du jeu dans sa totalité. En effet, au départ, on est fait prisonnier par une sorcière et on n’aura que peu de tableaux différents ainsi les allers-retours seront nombreux et la difficulté faible de ce début pourra ennuyer les joueurs confirmés qui y verront un jeu enfantin et puéril. N’abandonnez-pas le jeu ici, ce serait dommage car par la suite la difficulté est bien plus au rendez-vous et la réflexion sera de mise lors de puzzles originaux.
Le gameplay reste celui d’un point & click classique, seule l’utilisation de la télékinésie apporte du renouveau. On regrettera quand même que cet aspect du jeu ne soit pas d’une si grande utilité que ce à quoi on pouvait s’attendre mais son utilisation avec parcimonie permet de ne pas s’en lasser et de ne pas se retrouver avec un jeu ridiculement facile. Eh oui, dites vous que si chaque porte s’ouvrait avec l’esprit d’Anna et que chaque objet venait à elle rien que si elle y pensait assez fort, le jeu serait bien ennuyeux…
Quel plaisir pour les yeux et les oreilles !
Avec Daedalic, on s’attend à du bon comme du moins bon mais pour ce que j’en ai fait l’expérience, il y a un point où le studio a toujours excellé : la bande-son. Ce nouveau jeu ne déroge pas à la règle et nous livre des thèmes musicaux épiques superbement orchestrés et des doublages vraiment très bons avec des voix ayant du caractère, parfait pour coller à tous ces personnages hauts en couleurs !
Pour parler des graphismes du jeu on se retrouve avec un style sobre et coloré, des décors tantôt féériques et clairs et tantôt sombres et inspirant la crainte. La petite Anna est très mignonne avec ses petits yeux sans iris et les autres personnages sont autant réussis, une direction artistique de haute volée ! Juste un petit détail de rien du tout qui ne gênera pas grand monde mais NE METTEZ PAS DE COMIC SANS MS POUR LES SOUS-TITRES ! Euh… s’il vous plaît ? Ça casse la magie et ne colle pas aux environnements si soignés.
Au final Anna’s Quest est un très bon point & click qui nous livre le récit touchant d’une petite fille lors d’un voyage initiatique à l’issu duquel elle aura grandi intérieurement. L’habile relecture des contes avec une touche d’ironie et d’humour noir bien placés est très rafraichissante. Le tout étant fait dans une réalisation de grande qualité où le soin est porté sur les environnements minimalistes et sobres pour le moins réussis et sur les doublages qui apportent toute leur personnalité aux personnages grâce à des intonations et une prononciation très travaillées. Contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier abord, ce jeu n’est en rien destiné aux enfants qui ne comprendront pas l’ironie de certaines situations mais plutôt à nous, grands enfants ayant grandi avec Blanche-Neige, Cendrillon ou Raiponce.