Dex

On peut dire que les Tchèques de Dreadlocks Ltd sont des champions des modèles économiques pré-release d’un jeu. Après une campagne de crowdfunding réussie avec brio (un peu plus de deux fois la somme demandée) et une phase d’early access, Dex est arrivé en version complète, puis sous une version Enhanced Edition courant novembre. Place à un RPG 2D ultra dynamique dans un monde cyberpunk.

Run Dex, run !

Alors que vous êtes tranquillement en train de surfer sur les internets, une personne, ou du moins son hologramme, vous avertit que l’Ordre de Force du Complexe, une corporation qui a grandement la main mise sur tout le système, vient vous chercher pour vous tuer. Vous fuyez par les toits poursuivi par une force bien trop armée pour vos deux malheureux petits poings. Raycast, le monsieur de l’hologramme, vous demande d’aller au bar de Decker, un ancien pirate qui s’est plus ou moins posé.

Une fois en sécurité, vous découvrez que Raycast est le plus grand pirate existant mais ce petit vilain ne vous explique pas vraiment pourquoi vous êtes pourchassé. Il vous fait juste une révélation : vous pouvez vous connecter au cyberspace sans même vous brancher directement. Bref, vous êtes une sorte de super héros des temps modernes, sauf qu’en vrai, vous êtes tout naze comme héros. Comme on est dans un RPG, évidemment, vous gagnerez en puissance, mais aussi, en corps puisqu’il faudra vous faire augmenter (via des implants) pour devenir un gros Bill.

Transhumanisation.

Nous sommes ici clairement dans un univers cyberpunk des plus classiques : votre aventure se passe dans les bas-fonds d’Harbord prime, une grosse mégalopole entièrement gérée par les multinationales et les corporations où l’argent est maître, et la drogue, les mafias ainsi que le sexe sont les uniques possibilités de survie dans les bas quartiers. On retrouve, tout comme dans un Deus Ex, le grand débat entre humanité pure et gens augmentés (même, s’il faut l’avouer, il n’est pas aussi poussé que dans le titre d’Eidos Montréal). Il est d’ailleurs même dommage de ne pas pouvoir compléter toutes les quêtes sans se faire augmenter (une des quêtes principales vous oblige à vous faire implanter un chipset).

Quoi qu’il en soit, que ce soit les quêtes principales ou secondaires, elles vous mèneront toutes à combattre, de manière directe ou indirecte, les grandes corporations pour lutter contre le système. Quel que soit l’endroit que vous visiterez, on ne peut que saluer le travail du directeur artistique. Le jeu est clairement un parfait exemple de ce qui peut être fait en pixel art ultra fin. Les rues sont pleines de vie, les animations sont pour la plupart réussies, le tout avec une bande sonore qui accompagne parfaitement l’ambiance de déchéance et d’oppression que l’on peut imaginer dans des bas quartiers.

Dexterminator.

Si la map n’est pas ultra-grande, sept à huit quartiers de taille très modeste, elles ont toutes une identité forte, du quartier chinois à la rue des clubs de prostitution au haut gratte-ciel des corporations. Les quêtes vous mèneront partout, et évidemment, il y aura toujours du beau monde pour vous accueillir. Dex étonne par son système de combat, digne d’un beat them all bien plus poussé que du simple martelage de bouton. Ainsi, au corps à corps tout du moins, il sera possible de faire des combinaisons de touches (bas + poing pour faire un coup de pied balayé par exemple) et des combos, à condition d’augmenter la catégorie corps à corps lors des level up. Ce système donne ainsi des combats bien dynamiques, où vous devrez apprendre les patterns de la petite dizaine d’ennemis si vous voulez survivre. L’autre possibilité des combats est via des armes, gourmandes en munitions mais ravageuses, au risque de perdre tout l’intérêt du dynamisme des combats.

La seconde grosse partie concerne le piratage qui se déroule en deux phases : le piratage en extérieur et le piratage d’un PC. Dans les deux cas, lorsque vous passez dans le cyberspace, le temps s’arrête et votre projection dans le monde virtuel se transforme en petit vaisseau. Ainsi, dans le monde extérieur, vous pourrez pirater diverses caméras, tourelles (afin qu’elles canardent les ennemis plutôt que vous), mais aussi vos ennemis afin de les étourdir. Lorsqu’on lance une phase de piratage, il faut rester dans un cercle pendant une bonne dizaine de seconde pour réussir le piratage. Évidemment, lorsque l’on pirate, des ennemis popent et le jeu se transforme en petit shmup simpliste. Le piratage d’un PC est similaire au piratage en extérieur à la différence que cela se passe dans un niveau propre à chaque PC et non dans la carte monde. Si au début il est très compliqué de pirater les divers éléments par manque de force de frappe, une fois quelques points attribués à votre agilité à vous servir d’un PC, les combats en réalité virtuelle deviennent tout de suite ultra plaisants.

Conclusion.

Si tout n’est pas parfait dans Dex, il reste encore quelques bugs, notamment au niveau de la configuration des touches qui n’est pas sauvegardée, le fait de devoir passer par un outil (livré avec le jeu) externe pour configurer le pad, et certaines animations qui plantent, Dex est un vrai régal. Avec une durée de vie très correcte (environ 20H pour faire l’intégralité des quêtes), c’est aussi bien son système de combat ultra dynamique que les phases de shmup pour le piratage qui rendent le jeu agréable à parcourir. Même si l’histoire est assez classique, elle tient le joueur en haleine et le pousse à faire les quêtes secondaires. De plus, le jeu est traduit en français de manière tout à fait honorable. Au final, on ne peut que demander à Dreadlocks Ltd de nous fournir une suite !

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