Voulant jouer dans la cour des grands RPG à clics, KYN débarque sur Steam avec toute la bonne volonté du monde pour faire la cour à des joueurs exigeants. Sympathique en preview, plutôt joli en screenshots, KYN paraît tout de même grand vainqueur au premier abord. C’était sans compter sur ce vilain tapis dans lequel les développeurs se sont pris les pieds…
KYN n’a pas le temps de bien faire !
Nous racontant l’épopée médiévale/fantastique de deux frères aux pouvoirs complémentaires (l’un soigne pendant que l’autre frappe fort), KYN possède un background et un scénario assez basique mais bien présent et intéressant. Dans un monde plus ou moins inspiré des Vikings et de leur mythologie, avec une bonne grosse dose d’inventions et de mélanges de tous les univers du genre au passage, KYN tente de nous donner l’envie de défendre ce monde en proie aux démons. Les cinématiques sont toutefois assez peu motivantes et l’absence de doublage vocal se fait furieusement ressentir tant on sent qu’il était prévu mais sans doute annulé avant la sortie du jeu.
Qu’est-ce que KYN, souris et clavier en main ? C’est un jeu de rôle voulu à l’ancienne, où l’on vous demande de sélectionner vos unités à l’écran et d’aller frapper de l’ennemi quand celui-ci se trouve sur votre chemin. À mi-chemin entre un Baldur’s Gate (sans rien de sa profondeur), mais aussi un jeu tactique qui proposerait de passer l’action au ralenti l’espace de quelques secondes pour avoir le temps de planifier ses attaques. Spoiler : on ne s’en sert jamais dans KYN, tant les combats sont brouillon et à la difficulté aléatoire.
On contrôle, la majeure partie du temps, deux personnages… Et c’est tout. Ce qui est parfaitement ridicule. À la moitié du scénario, votre équipe s’étoffera, comme à des points précis du scénario des différentes missions proposées. Car oui : KYN ne propose en rien un monde ouvert, loin de là ! Tout est à base de cartes figées, représentant chacune un niveau et une mission principale, donnée par vos supérieurs dans le « Hub » du jeu, votre village. Entre chaque niveau, le jeu vous y téléportera pour que vous puissiez mettre quelques points d’aptitudes à vos héros (si possible) et les équiper convenablement en forgeant des armes (cela coûte cher pour rien, préférez le loot malgré le fait qu’il soit exécrable) et en achetant du matériel. Quelques quêtes annexes vous y attendent, mais c’est tout.
La folie des grandeurs
KYN veut bien faire, mais il fait pratiquement tout de travers. Plutôt beau, il propose deux types de caméras (une libre et une autre qui suit automatiquement les personnages) particulièrement énervant et se positionnant toujours très mal en automatique. Un patch est sorti depuis la sortie du jeu et celui-ci corrige un peu le tir mais ne fait pas non plus des merveilles. Les musiques sont de qualité, certes. Mais les sons mal réglés (certains sont plus forts que d’autres) viennent gâcher cette osmose sonore qu’on désirait. Mais tout cela, c’est du détail, ce n’est rien face au plus gros problème de KYN après sa linéarité, ses couloirs, ses zones fermées, ses scripts, son découpage en missions fixes, ses quelques coffres mal cachés qui vous offrent une épée en bois et trois pièces d’or comme simple loot : en vérité, KYN est surtout buggé de partout.
Un ennemi qui ne vous voit plus et gambade gentiment, du loot qu’il n’est pas possible de ramasser, un arbre qui vous empêche de passer, un chargement qui se passe mal, un PNJ qui ne veut pas vous parler… La liste est longue et ridicule. Et quel gâchis ! KYN est certes très linéaire, mais ajoutez-lui un principe de loot plus consistant que « si je tape un méchant violet, j’ai une chance d’obtenir du violet », corrigez ses bugs et il devient un « bon petit jeu » qu’on lance de temps en temps pour faire avancer l’histoire et jouer à autre chose que Diablo. Mais en l’état, il n’est absolument pas conseillable. C’est la mort dans l’âme, avec sincérité, que j’affirme ne pas pouvoir défendre ce jeu pourtant plein de promesses. Il n’est pas dénué de talent artistique, mais il est terminé à l’arrache pour des raisons qu’on peut comprendre mais qui n’excusent rien. Une grande déception.