La vision d’une petite fille enlevée par une force maléfique, un petit garçon qui part à sa recherche dans un monde peuplé de dangers où une ambiance sinistre et moribonde plane dans les airs, voilà comment l’aventure commence. Et là vous vous dites « encore une copie de Limbo ! » et moi je vous dis non. C’est un puzzle-platformer comme Limbo, l’univers est glauque comme celui de Limbo mais ça s’arrête là. Albert and Otto propose un gameplay varié et inventif qui nous fait très vite oublier ses similitudes visuelles avec le titre de Playdead.
Coopération avec un lapin magique, puzzles environnementaux et énergie télékinétique
Albert and Otto propose en effet une progression qui surprend agréablement tant les énigmes seront intéressantes et bien pensées. Si vous commencez l’aventure seul vous allez assez rapidement retrouver Otto, un petit lapin qui vous offrira une aide bienvenue. D’une part, lorsqu’Albert porte Otto sur son dos, il va pouvoir effectuer des doubles sauts, et d’autre part, la peluche se révèlera utile pour les classiques puzzles de caisses à déplacer puisque vous pourrez le déposer sur une plaque actionnant une porte par exemple. Là on reste dans le classique mais par la suite Otto développe un pouvoir puissant, une sorte d’énergie télékinétique qui vous permettra de déplacer des objets à distance ou d’activer des circuits électriques.
On va donc pouvoir se servir de cette nouvelle capacité en posant la peluche près d’un boîtier électrique, en se plaçant sur un monte-charge et en activant le pouvoir à distance pour que le mécanisme s’enclenche par exemple. Aussi, avec Otto sur son dos, Albert pourra attirer des objets vers lui pour résoudre des énigmes (placer des caisses sur des pics, attraper un rocher pour le déposer dans un conduit, asservir un mouton…).
Albert possède un pistolet qui lui sera utile pour se défendre contre les corbeaux mais aussi pour libérer des caisses suspendues et autres mécanismes retenus par une corde. On pourra aussi combiner le pouvoir télékinétique avec l’utilisation de l’arme d’Albert pour ainsi envoyer des projectiles vers un conduit situé en hauteur. Là où le jeu fait aussi preuve d’inventivité c’est dans la façon qu’il a de proposer des puzzles « environnementaux » puisque vous pourrez utiliser un mouton pour traverser une rivière sur son dos, le jeter dans les flammes et vous en servir comme torche ou utiliser des piranhas pour tirer des plateformes en les appâtant avec un petit en-cas. Alors, il est où Limbo là dedans ?
Dextérité recommandée
Albert and Otto combine des phases de réflexion où vous vous retrouvez dans une zone pleine de mécanismes et de portes scellées, avec des phases plus rythmées où vous devrez réfléchir et agir rapidement. La difficulté croît beaucoup lors de ces moments-là car il faudra être précis et bien anticiper les différentes actions à réaliser. Par exemple, il faudra à un moment se placer sur une caisse flottant sur un cours d’eau tout en sautant sur les plateformes se trouvant sur notre trajectoire. Des portes bloquant le passage devront être rapidement ouvertes à l’aide de caisses à placer sur une plaque, de lapin à lâcher dans un étroit tunnel pour qu’il active un circuit électrique (attention à le récupérer à la fin de sa glissade !) ou de rochers à envoyer dans des conduits. Tout cela devra se faire en quatrième vitesse en esquivant pics et corbeaux qui vous barrent la route ! Autant dire que certaines phases ne sont pas de tout repos et même assez corsées ! Optez pour la manette qui sera beaucoup plus adaptée à ce type de jeu qu’un clavier. Les checkpoints pourraient d’ailleurs être plus nombreux lors de ces phases-là même s’il faut dire la vérité, il y en a tout de même un bon nombre.
Épisodique !
Les joueurs qui ne demandent que du challenge pourront se lancer dans la collecte des 25 morceaux d’une photo qui sont disséminés dans le jeu, un jeu qui malheureusement se termine sur un « To be continued » auquel on ne s’attendait pas. Si vous regardez l’image du jeu vous verrez écrit en petit « The adventure begins ». Après renseignement, le jeu est épisodique et comportera quatre épisodes au total qui seront vendus comme des DLC. Ce premier opus ne vous tiendra en haleine que 2 à 4 heures environ selon votre niveau de maîtrise des puzzles-platformers.
Ambiance IIIe Reich, jawohl !
Autant le joueur était transporté dans un monde étrange et horrifique dans Limbo, autant il reste plus dans un monde pseudo-réel dans Albert and Otto. L’ambiance qui se dégage des environnements est plus celle d’une guerre (chants militaires, chars, barbelés) et on ne veut pas faire polémique mais il est vrai qu’une certaine ambiance « IIIe Reich » est perceptible. Le choix des couleurs noires, blanches et rouges, la police gothique, les traits secs et durs, les noms à consonance allemande des personnages et sur les plaques de rues, la forme du « & » du titre, il nous est impossible de ne pas faire le rapprochement. C’est plutôt bien vu et je ne trouve pas ce choix artistique choquant, combien de jeux vidéo avec des nazis existent ? Une bonne pelletée, pas de quoi stigmatiser ce jeu-là.
Au niveau de la bande-son, les thèmes du jeu sont bons, pas mémorables mais bons. L’ambiance est plutôt portée par les musiques durant les niveaux qui combinent instruments à cordes, chants militaires et voix glaçantes. Cette OST apporte un côté horreur au titre qui se mêle bien avec le rendu froid de ses graphismes majoritairement blancs.
Au final, la coopération entre Albert et Otto, les pouvoirs télékinétiques du lapin et l’inventivité des puzzles environnementaux font que ce jeu a réellement une identité propre qui le différencie de Limbo. Les développeurs ont toutes les clés en main pour réaliser un bon jeu car on le rappelle, il ne s’agit là que du premier épisode sur les quatre prévus. Malgré toutes les qualités du titre, je ne ressens néanmoins pas une forte envie de continuer l’aventure car, en effet, l’histoire n’est vraiment pas ce qui nous préoccupe dans le jeu et la difficulté ayant grimpé en flèche sur la fin de l’épisode, je ne pense pas que la suite s’adresse à des joueurs tels que moi. En tout cas, je ne regrette absolument pas d’avoir suivi les débuts du périple d’Albert et Otto !