Voilà un jeu qui a lancé une grande promesse lors de son annonce courant 2012 : nous livrer un jeu de rôle sans pitié, très roleplay dans sa manière d’aborder le jeu. Après un peu de retard, les russes d’Iron Tower nous ont enfin livré leur jeu. Il ne reste plus qu’à savoir jusqu’à quel point le studio a tenu sa promesse.
Fight for die.
On ne peut pas dire que les premiers pas soient simples. D’entrée, le jeu nous prévient de sa difficulté, où les combats ne seront pas toujours la meilleure solution. Après un petit tutoriel qui explique les bases du combat (du tour par tour à point d’action), il nous demande de créer notre personnage en choisissant l’une des huit classes disponibles. Si certaines sont plutôt classiques telles que l’assassin, le voleur ou le mercenaire, voire le fermier comme la classe des indécis, le reste est bien moins conventionnel. Marchand, historien, arnaqueur ou bien « Praetor » dont je ne sais absolument pas comment vous le traduire (une sorte de guerrier diplomate). Une fois notre classe choisie, arrive le sacro-saint écran de répartition de compétences, divisé en deux parties.
Si la première est très classique et gère les statistiques physiques et intellectuelles de notre avatar, la seconde partie concerne, elle, les capacités de notre personnage. De nouveau, cette catégorie est aussi divisée en deux parties : les capacités de combat et les capacités civiles. Si la première catégorie est plutôt parlante, étant donné qu’elle concerne le savoir du combat, donc du maniement des armes, la seconde est bien plus intéressante puisqu’elle concerne toute l’interaction que l’on peut avoir avec le monde extérieur, allant du crochetage de serrure, à l’alchimie en passant par la connaissance du monde et surtout votre maîtrise de la parole. Une fois notre personnage créé, nous sommes catapulté dans la première des trois grandes villes nous donnant un vague état des lieux de ce qui nous attend : le monde a été délaissé des dieux il y a plusieurs centaines d’années suite à une grande guerre, laissant un monde dévasté où chaque territoire est dirigé par une haute maison d’une famille de grande noblesse. Vous êtes un voyageur en quête d’un ancien temple et arrivé à Teron, où le maître des lieux a des informations qui pourraient vous être utiles.
Littlefinger simulator 2015
Age of decadence propose réellement quatre aventures différentes, qui vont varier selon le type de chemin / classe que vous avez choisi. Si la trame principale (la recherche du temple) ne doit pas varier d’une classe à une autre, toute l’évolution du monde et le cheminement que vous prendrez pour arriver à la fin de votre quête seront bien différents. Il s’offre à vous la voie des quatre guildes présentes dans le jeu : les voleurs, les assassins, les marchands et enfin la garde impériale. Étant donné que le jeu m’a mis en garde quant à la voie du combat, j’ai décidé de le prendre à la lettre en me créant un arnaqueur, avec comme objectif de faire le jeu sans tuer une seule personne… du moins en combat. Magie : le jeu nous en donne la possibilité. Grâce aux diverses caractéristiques civiques liées à la parole (impressionner, étiquette (se faire passer pour un noble), persuasion et street cred’ (oui oui !)) ainsi qu’une forte connaissance du monde et de son histoire, j’ai pu intégrer la guilde des marchands, manipuler des gens, en dénoncer d’autres, le tout pour arriver à mes fins. Évidemment, tout n’est pas aussi simple, car si vous êtes capable de jouer les manipulateurs, vous pouvez tout aussi bien vous faire manipuler.
Ainsi dans la première ville qui offre environ 4/5h de jeu en faisant tout, j’ai réussi à me faire bannir de celle-ci en moins de trente minutes de jeu, tout ça pour avoir voulu menacer le dirigeant des lieux qui s’en est rendu compte. Tout comme j’ai pu comploter avec la guilde des marchands la mort du noble en titre de la seconde grande ville, mais en changeant ma veste au dernier moment en dénonçant l’intégralité du complot, le tout pour rentrer dans les petits papiers du noble, rien que pour accéder au second étage de sa résidence (en vrai j’ai rechargé ma partie pour ne pas trahir ma guilde, je suis peut-être un escroc, mais un escroc loyal). Des possibilités comme je viens de vous décrire, le jeu en a des dizaines, même si l’aventure est un peu courte pour une RPG (comptez une quinzaine d’heures pour la voie du marchand en ne faisant aucun combat, sûrement une vingtaine avec des combats) mais offrant une rejouabilité incroyable.
Pourtant, Age of Decadence n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Difficile (les combats sont sans pitié), très bavard (et uniquement en anglais), il faut aussi être capable de supporter toute la partie technique du jeu. Réalisé avec Torque, le jeu est techniquement dépassé et sa direction artistique est quelconque. On pestera contre la caméra qui, à la sortie de chaque dialogue, se placera au plus près de votre personnage et vous forcera à chaque fois à dézoomer pour pouvoir correctement vous déplacer dans les zones. Si tous ces problèmes-là ne vous rebutent pas, alors vous profiterez d’un grand RPG offrant un réel challenge, où tout ne se règle pas à la force du poignet. Intrigue politique, manipulation, dieux perdus, magie, raclures en tous genres, tout ce que l’on peut espérer d’un vrai jeu de rôle « game of thronesque » est réuni dans ce titre.