Débutée à l’aube des années 2000 sur PS2 comme étant des jeux à petit budget, la série des Earth Defense Force n’en est pas moins un porte étendard du third person shooter japonais qui a su se faire une place de choix dans le cœur des aficionados de bons mauvais jeux. Car en effet, les EDF assument pleinement leur statut de productions de seconde zone en sautant à pieds joints dans le grotesque et nanardisant, ce qui en fait tout son charme pourra-t-on dire, mais qui de fait ne plaira pas à tout le monde. Typiquement japonaise et peu distribuée en Europe, la série avait fait un crochet par un épisode développé par les américains de Vicious Cycle afin de conquérir de nouveaux publics mais qui avaient échoué à la tâche en tentant d’en faire un bon jeu, sans panache et au contenu famélique. Nous tairons donc le nom d’Insect Armageddon.
Earth Defense Force 4.1: The Shadow of New Despair est le quatrième épisode canonique, dans sa version “plus” qui profite d’un contenu plus exagéré et d’une maniabilité revue, incluant les DLC de la version originale et sonnant la première apparition de la série sur PS4 sous le signe du 1080P/60FPS.
I’m here to chew bubblegum…
Faisant suite directe à EDF 2017, sept années se sont écoulées depuis la dernière invasion des Ravagers, venus avec aplomb détruire la Terre, mais fort heureusement anéantis par les troupes de la Earth Defense Force. Bien évidemment, et comme à chaque nouvel épisode, c’était sans compter sur le fait que ces bougres fomentaient une nouvelle invasion. Un scénario post-it, identique à tous les opus, qui fait toujours autant mouche, ou plutôt fourmi, les premières missions débutant toujours par la traditionnelle invasion de fourmis et d’araignées géantes.
Une fois la première mission lancée, c’est au premier tir de lance-roquette que nous comprenons à quel jeu nous faisons face : explosions improbables, immeubles qui s’effondrent par dizaines, physique absurde faisant valdinguer des fourmis de cinq mètres de haut par-delà les cieux dans une gracieuse virevolte… Nous sommes bien dans un EDF, et c’est sous le signe du crescendo que les missions vont s’enchaîner, pas loin d’une centaine, en acquérant un armement toujours plus fou avec des situations tout autant outrancières. Nous passerons donc du nettoyage d’insectes au débarquement de robots géants à dégommer au quintuple lance-missile nucléaire, jusqu’à l’attaque de monstres kaiju de cent mètres de haut à baffer à bord de mecha sous prozac, ces derniers étant une nouveauté jouissive mais quelque peu anecdotique de cette version 4.1.
Décomposée en cinq niveaux de difficulté, les missions d’un EDF ont toujours un objectif des plus limpides : anéantir tout ce qui traine sur la carte. Dans les missions les plus retorses, le twist s’effectuera dans l’identification des points faibles des ennemis pour ne pas se laisser surmener. Pour se faire, nous disposons à notre service de quatre classes de personnages : le Ranger, all-rounder de la bande ; la Wing Diver (faisant son retour après une absence remarquée dans 2017), équipée d’un jetpack la rendant très mobile, mais impliquant de bien gérer sa réserve d’énergie souvent partagée avec celle des armes ; l’Air Raider, spécialiste du bombardement et pouvant invoquer véhicules et soins ; et le Fencer, bourrin de son état mais absurdement lourd à manier.
La progression dans le titre implique de faire évoluer ces classes en récupérant des points d’armure et de nouvelles armes que nous trouverons en nettoyant les missions, les meilleures (et plus aberrantes) n’apparaissant que dans les niveaux de difficulté les plus élevés, et ce, de manière aléatoire, ce qui donnera bien souvent lieu à des séances de farming pénibles.
Enjaillez-vous
Fort complet en solo, le jeu prendra tout son sens en multijoueur, que ce soit en coopération locale via écran splitté, ou en ligne. EDF 4.1 étant par ailleurs le premier épisode de la série à nous proposer du jeu en ligne (si l’on exclut l’incident Insect Armageddon).
Si la campagne du titre n’est pas jouable en ligne (tout en l’étant en écran splitté à deux), le jeu dispose d’une autre fournée de cent missions à compléter jusqu’à quatre joueurs. C’est dans cette configuration que la complémentarité des classes se fera remarquer, mais c’est d’avantage l’improbabilité du gameplay qui donnera lieux à de nombreuses esclaffades devant l’illisibilité totale de l’action et le grotesque des situations. Des moments riches en émotions, dont la frustration.
À noter également la présence d’un mode versus, jouable uniquement à deux en local, tout à fait dispensable.
Bis-repetita placent
Les complétionistes auront fort à faire, déjà de par la quantité d’armes à débloquer (via moult séances de farming aléatoires, rappelons-le), mais aussi de par le nombre de missions à compléter, celles accomplies étant comptées par classes jouées et par difficulté. Ajoutons à cela qu’accomplir une mission en difficulté supérieure n’octroie pas le statut de complétion pour les rangs inférieurs, et cela nous amène à un total de missions à accomplir de… 1780. Rien que pour la campagne. Le multijoueur en écran splitté sera votre meilleur atout pour gérer cet artifice de durée de vie, la progression étant partagée.
Toujours au rang des tares que nous pourrons reprocher au moindre EDF (celui-ci n’y faisant aucunement exception), nous pouvons noter une réalisation d’une ère passée, tant sur les graphismes que sur la maniabilité. Admettons tout de même que ce 4.1 apporte quelques ajustements bienvenus sur la prise en main de certaines classes, sans pour autant faire entrer le jeu dans l’ère moderne du TPS. La recette reste néanmoins inchangées : bestiaire quasiment identique, missions et armements pour le moins similaires à travers les épisodes, et une action souvent illisible.
Malgré ces faits, EDF 4.1 représente la version la plus complète et jouissive de la série. Si les fans s’y retrouveront amplement et s’y adonneront avec plaisir, les non-initiés pourront y voir un très bon billet d’entrée dans la série, pour peu d’accrocher à son ringard extrême et de pouvoir faire fi de sa réalisation antédiluvienne.
Le plus grand regret de cet opus PS4 viendra cependant de l’absence de doublages français, dont la version 2017 avait pu jouir. Doublages qui étaient tellement affligeants qu’ils en sublimaient toute la facette série B du jeu. Nous nous en surprendrons toutefois assez peu tant la série a une diffusion confidentielle. Pour le coup, EDF 4.1 est intégralement en anglais, textes compris. Toujours vis-à-vis des problèmes de distribution de la série, nous nous surprendrons d’avantage de voir le titre débarquer dans nos contrées à un tarif relativement plus salé par rapport à celui appliqué dans son pays d’origine, c’est-à-dire deux fois plus.
En somme, un jeu qui pourra ravir les intéressés autour d’une pizza, ou être regardé de loin comme un objet étrange et kitsch par les autres.
J’aimerais tellement qu’il sorte sur PC, j’aime cette série de tout mon coeur <3