Fatshark s’est lancé en totale indépendance dans l’aventure périlleuse du jeu coopératif en ligne tout en se basant quand même sur une licence de prestige. Ils s’y amusent avec la Fin des Temps façon Warhammer dans un monde où les Skavens ont remplacé les zombies, où les héros riment avec nain, elfe et sorcellerie. Bienvenu dans Warhammer: Vermintide.
Surfez sur la vague
L’histoire est assez quelconque mais suffisante pour donner à Vermintide ce brin de profondeur nécessaire. Comme le titre l’indique, vous devrez faire face à des vagues incessantes de Skavens, ces rats géants tenant sur deux pattes et singeant les êtres humains en croyant que l’habit fait le moine. Ces derniers occupent tout le sous-sol du monde de Warhammer et ont visiblement décidé d’envahir la cité humaine d’Ubersreik. Ces êtres de l’ombre sont extrêmement mobiles et viendront par conséquent de tous côtés.
Warhammer: Vermintide s’affiche à l’aide du moteur 3D Stingray de la société Autodesk. Un moteur encore jeune qui semble promettre de jolies choses à la vue de ce que Fatshark a été capable de rendre avec sa simulation de dératiseur. Le jeu regorge d’effets en tout genre affichant un jeu de lumières et d’ombres tout en contraste pour un résultat ayant du caractère, bien que les graphismes soient parfois inégaux en qualité.
Ce qui étonne le plus souvent, c’est la variété des décors, qui peuvent être dans des tons grisâtres ou verdâtres, se passer la nuit ou le jour, ou encore en pleine campagne au milieu d’une verdure chatoyante. Les cartes à explorer sont souvent belles et témoignent d’un soin tout particulier dans les détails, bien qu’elles ne soient pas toutes à mettre au même niveau en terme de renouveau et d’originalité. Malgré le fait qu’il soit gourmand en ressources quand trop de vermines sont à l’écran, ou encore le côté brouillon des combats quand les effets de sang et de particules se multiplient, c’est un jeu doté d’une véritable personnalité graphique comme sonore. L’ambiance des rues d’Ubersreik est un élément majeur du plaisir que l’on peut y ressentir en y jouant.
Left 4 Tide
Enragés et très agressifs, les Skavens arriveront sur vous par paquet à intervalles régulières, comme autant de coups pendables organisés par un AI director. Nul besoin de le nier, Vermintide pille sans vergogne dans la recette éprouvée par Left 4 Dead.
De façon très similaire, on progresse naturellement dans des niveaux parsemés d’événements scriptés et d’ennemis à découper, qui couplés aux réflexions perpétuelles de nos héros, participent à créer un tissu narratif cohérent donnant une certaine ampleur à ce qui n’aurait pu être qu’un bête jeu d’action coopératif. Tout comme dans Left 4 Dead, Vermintide construit son intrigue sans interruption en l’intégrant parfaitement à son expérience de jeu.
La similitude ne s’arrête cependant pas à son traitement narratif. Les mécanismes intrinsèques de Vermintide sont strictement calqués sur ceux du jeu culte de Valve. On y retrouve quatre joueurs tentant de survivre aux assauts répétés des Skavens, dans des vagues générées de façon plus ou moins procédurale. Leur équipement se compose lui d’une arme de mêlée, d’une secondaire pour l’attaque à distance, d’une trousse de soin, d’un explosif et d’une potion de buff. Soit à peu près la même chose que l’on peut retrouver dans le jeu de zombies du voisin d’en face.
Un manque d’innovation, en apparence, qui tend à se confirmer une fois que l’on finit par se retrouver nez à nez avec l’adversaire dont les tactiques nous rappelleront encore et toujours le même jeu concurrent. Le bestiaire de Vermintide n’est pas d’une originalité folle si l’on met de côté l’univers de Warhammer. À deux ou trois exceptions près, le comportement des rats aux capacités un peu spéciales nous renverront à chaque fois aux smoker, hunter et cie.
Pourtant, bien que la formule en soit très proche, le titre de Fatshark se distingue par un travail de réalisation soignée et la retranscription réussie du monde imaginé par Games Workshop. C’est véritablement de ce côté-là qu’il commence à se démarquer de son illustre aîné, en martelant sa différence par une atmosphère bien à lui, et quelques autres particularités le distinguant avec talent.
Un ragout qui ne manque pas de sel
Il faut d’abord savoir que le jeu souffre d’une IA parfois déficiente. La mélasse qui sert de cerveau aux Skavens leur fait parfois oublier d’agir avec efficience. Il existe ainsi même en mode difficile la possibilité de se jouer d’elle en apprenant qu’elles sont ses limites. Malheureusement, ce défaut s’applique également aux bots qui vous accompagneront si vous ne voulez pas jouer en ligne avec d’autres joueurs. Heureusement, ce n’est très certainement pas ce que vous ferez, Vermintide n’ayant de raison d’exister que pour le jeu coopératif en ligne. De plus, les bots sont vraiment d’une incompétence sans pareil.
Il y a donc encore quelques angles à arrondir que quelques mises à jour devraient pouvoir régler. Des défauts qui d’ailleurs n’entachent pas forcément l’expérience qui nous est proposée. Surtout que le gameplay se démarque sur un point capital. Un élément devenu récurrent dans bon nombre de productions de nos jours, ayant très vite compris l’attrait des joueurs pour toute forme de récompenses à leurs exploits vidéo-ludiques. Des joueurs qui veulent la sensation que leur avatar numérique évolue d’une façon ou d’une autre.
Vermintide suit la tendance actuelle tel un bon premier de la classe, même si dans son cas, la raison l’emporte sur l’effet de mode. En puisant dans les racines jeu de rôle et heroic-fantasy de l’univers Warhammer, il propose naturellement une forme de progression de ses personnages avec le loot de rigueur proposant en général de meilleures statistiques. De fait, chaque fin de mission s’accompagne de points d’expérience accumulés, de niveaux gagnés et d’un lancer de dés permettant l’acquisition aléatoire de nouveaux objets pour l’un des cinq héros qui sont à notre disposition.
Bien que la montée en niveau n’apporte dans les faits absolument rien, si ce n’est de nouvelles armes et cie, ce sentiment de progression reste très agréable. D’autant plus que ces armes nouvellement acquises peuvent réellement influer sur la jouabilité de nos héros. Une épée avec des dégâts de feu, un arc aux flèches empoisonnées, une arquebuse puissante, précise mais lente, ou au contraire un fusil rapide à la dispersion plus large ; il est ainsi possible de panacher notre équipement pour obtenir notre configuration idéale avec des compétences qui nous plaisent véritablement.
La présence d’une forge et d’autres moyens pour améliorer ou transformer les dites armes sont là pour nous offrir une multitude de possibilités, pourvu que vous jouiez suffisamment longtemps pour obtenir de quoi faire. Il y a un peu de farming dans l’idée, mais en fin de compte, cela passe comme une lettre à la Poste. Il n’est cependant pas forcément nécessaire de se plonger corps et âme dans cette affaire de martingale. Seuls ceux qui voudront s’attaquer aux niveaux de difficulté les plus élevés y trouveront un réel intérêt, tant et si bien que tout ce loot et cette folle customisation ne deviendront nécessaire que dans ces hauteurs-là. Car Vermintide peut s’avérer étonnamment ardu et ce dès le mode normal.
En sachant que Fatshark a l’honorable intention de fournir à leur bébé nombre de contenus gratuits ou payants, selon un modèle économique qui devrait sans doute se rapprocher de celui de Payday 2 à ses débuts, il faudra s’attendre on l’espère, à de nouvelles aventures à venir.
Conclusion
Vermintide est un jeu à la conception solide et qui sait être amusant. Je n’ai pas eu à déplorer de bugs majeurs, bien qu’il soit parfois gourmand en ressources, même sur ma configuration plutôt costaude. Mais il dispose de tellement d’options graphiques qu’il devrait vous offrir l’opportunité de le régler à votre convenance.
L’ambiance y est absolument géniale, servie par une réalisation soignée qui a ce supplément d’âme qui le rend très attrayant. Les règles du jeu, vous les connaissez, c’est du Left 4 Dead sur le bout des doigts auxquelles s’ajoutent la subtilité de son leveling par armes améliorables interposées et son bestiaire bien pensé. Avec en bonus le petit monde de Warhammer par dessus. Si vous aimez les jeux en mode coopératif de qualité, alors avec ses petits plus qui font sa différence, il devrait vous séduire sans difficulté malgré un clin d’œil trop évident au jeu culte de Valve.
Page 2: Présentation des cinq héros d’Ubersreik
Page 3: Petit tour d’horizon des treize cartes disponibles
Page 4: Le bestiaire Skaven