Minecraft Story Mode avait su nous mettre l’eau à la bouche avec son introduction en douceur à l’univers de Minecraft en transformant de façon fort ingénieuse ses mécanismes de jeu en élément narratif ou participant à la construction de l’histoire d’un monde pas vraiment comme les autres. Pris de court par un Telltale décidément productif, le deuxième épisode est sorti très peu de temps après le premier, ne précédant le troisième et le quatrième que de peu. Petit rattrapage avant le coup final pour un cinquième et dernier épisode.
Si vous voulez rester vierge de toutes révélations impromptues de ma part sur le scénario, passez directement à ma conclusion pour avoir mon avis condensé sans spoilers ajoutés.
Episode 2 – Assemblage requis
Une fois n’étant pas coutume, le deuxième épisode de Minecraft s’amuse avec les codes de ce dernier pour donner vie à un univers de plus en plus crédible qui ferait presque regretter l’absence d’un véritable mode histoire à l’œuvre originale. A la manière des Lego prenant vie et âme dans le film érigé plus à la gloire de l’imaginaire que des figurines en plastique, Story Mode poursuit son exploration du quotidien bouleversé de ces êtres cubiques en leur donnant toujours plus de sens et d’épaisseur.
Ce second épisode n’y déroge pas et nous offre, à contrario d’un rythme suffisamment soutenu, et d’un twist de fin qui se révèlera n’être qu’un pétard mouillé, une exploration plus approfondie des émotions de nos héros et de leurs incertitudes. Une surcouche émotionnelle bienvenue qui les rend plus humains et proches de nous, si seulement ils n’étaient pas fait que de cubes.
La dynamique est cependant cette fois-ci totalement différente sachant qu’elle dépendra complètement de votre décision. L’intrigue veut, et cela sera le point narratif principal de cet épisode, que vous alliez chercher l’un des deux membres de l’Ordre de la Pierre encore vivant et apparus sur la carte du monde du temple délabré découvert dans le premier épisode.
Le choix est ici entièrement le vôtre, même si en terme de répercussion, il ne semble pas vraiment y en avoir si ce n’est sur les activités qui vous attendent dans « Assemblage requis ». Si vous aviez décidé de suivre Olivia à la recherche d’Ellegaard, à la hauteur de l’experte en ingénierie que cette dernière est, son segment s’apparentera à une série de puzzles pour parvenir l’atteindre.
Magnus, que Axel voulait quérir, offrira pour sa part une bonne dose d’action. Le Maître ès explosifs préfère faire parler la poudre plutôt que ses cellules grises, et partir à sa recherche signifiera forcément beaucoup plus de sueur et de muscles mis en avant dans une série de QTE et autres dont Telltale a l’habitude.
Peu importe en fin de compte le chemin que vous emprunterez, car au final, ces deux héros de légende finiront par rejoindre votre fine équipe quoiqu’il en soit. Ellegard se révèle être une femme intelligente, sûr d’elle et qui sait ce qu’elle veut. Elle semble par contre un peu fermée envers ceux qu’elle ne considère pas suffisamment à son niveau pour l’aider dans ses recherches. La confiance en soi d’Olivia en fera d’ailleurs les frais.
Au contraire, Magnus est jovial, un peu brusque et fait peu d’état des mots finesse et subtilité. Il semble néanmoins courageux en apparence et également sûr de lui. Mais comme nous l’apprendrons par la suite, dans Story Mode, les choses ne sont jamais ce qu’elles semblent être, et même les plus grands héros peuvent avoir peur ou douter de leurs actes et décisions.
« Assemblage requis » passe à la vitesse d’un loading sur SSD en manquant par moment de rythme et se terminant sur une note faiblarde en comparaison du premier épisode.
Episode 3 – Le dernier endroit où l’on regarde
Quand Ellegaard et Magnus ne se chamaillent pas, ils vous aideront à retrouver Soren l’architecte, le dernier membre de l’Ordre à rapatrier pour défaire la tempête de Wither et sauver le monde accessoirement. La fortesesse de ce dernier est l’occasion rêvée pour repartir du bon pied après un second épisode un peu trop stagnant. Et Telltale ne s’est pas loupé pour le coup.
Rien de mieux que d’être accueilli en ce lieu qui impressionne par sa démesure et son fonctionnement en lui-même. Cette bâtisse apparaîtra très vite aux yeux de nos héros comme étant plus infernale qu’accueillante. Il faut dire qu’elle n’est qu’un broyeur géant pour les monstres qui hantent habituellement les recoins les plus sombres de Minecraft.
S’en suit forcément action et cascades, quelques choix cornéliens dans les priorités de Jesse, qui relanceront les cartes au niveau des liens affectifs qui unissent nos aventuriers, et finalement un peu de calme et beaucoup d’Endermen. Les familiers avec le jeu de Mojang se rappellent sans aucun doute de l’étrangeté de ces créatures toutes de noir habillées.
C’est qu’il vaut mieux les éviter du regard en général si l’on désire ne pas réveiller leur courroux dangereux pour la santé. Story Mode s’amuse alors à développer le mystère qui entoure ses bestioles peu commodes en leur inventant un comportement cohérent au travers de Soren qui les étudie, comme un scientifique étudierait des animaux en milieu naturel.
Soren est d’ailleurs le personnage central de ce « Dernier endroit où l’on regarde ». Ellegaard est immédiatement contente de le retrouver, ces deux-là s’étant toujours bien entendu. Il faut dire que Soren aussi froussard et mal dans ses bottes qu’il l’est, s’avère lui aussi être un petit génie. Il détient d’ailleurs possiblement la clé pour se débarrasser de la tempête de Wither, ce qui n’est pas rien.
« Le Dernier endroit où l’on regarde » agrandit un peu plus le casting de Minecrat Story Mode. Mais plutôt que de se disperser, il arrive à rassembler assez bien toutes ces personnalités plutôt fortes. On regrettera que la tentative de développer un peu plus les personnalités des deux meilleurs amis de Jesse n’aille pas plus loin. Si l’on comprend aisément qu’il était nécessaire d’introduire un nouvel héros de l’Ordre de la Pierre de façon à ce que l’intrigue se poursuive, on a parfois l’impression de passer un peu à côté de l’équipe de départ.
Les sous-intrigues se multiplient en effet, que cela soit pour le meilleur et le moindre. Selon nos choix, certaines situations seront différentes pour chaque joueur. Telltale arrive pourtant à nous accrocher et encore plus cette fois-ci. Il y a toujours ce souffle aventuresque qui nous pousse à vouloir aller de l’avant. Le rythme est cette fois-ci plus équilibré et les surprises s’accumulent pour mieux servir notre amusement.
Episode 4 – Entre le marteau et l’enclume
La formule de l’expérience narrative et interactive par Telltale aurait pu fatiguer et peut fatiguer. Pourtant, le petit plus d’émotions réelles donnent véritablement vie à ces héros de pixels. Poursuivant dans la continuité, un grand revirement va se produire dans cette ultime épisode de l’arc narratif sur la tempête de Wither. Les motivations de Ivor deviennent enfin plus claires, alors que pour l’occasion, nous allons nous rendre dans son étonnante demeure située aux limites de leur monde.
De rebondissements en scène d’action, l’histoire de Jesse et ses amis se poursuit non sans heurts. Telltale n’hésite pas à y malmener ses personnages pour les nécessités du scénario. « Entre le marteau et l’enclume » se ménage assez bien entre des moments purement émotifs et une action presque constante. La maîtrise en terme de mise en scène est réelle et cela fait du bien. Le côté humoristique que peut parfois prendre Story Mode a au moins le mérite de contre-balancer la noirceur de l’intrigue entre trahison et tragédie.
Le ton y reste malgré tout bon enfant, mais enfantin comme pouvait l’être le Pinocchio de Disney. Ni trop sombre, ni trop niais. Minecraft Story Mode trouve une première conclusion avec la fin de la tempête de Wither en demeurant étonnamment positif, bien que des zones d’ombres soient venu entacher le tableau idyllique que Jesse, Axel et Olivia s’étaient fait de leur héros.
Story Mode est au final un réçit très terre à terre parlant d’amitié, de courage et du passage à l’âge adulte. De Jesse et ses amis, encore naïfs et peu sûr d’eux en début d’aventure, on termine sur une dernière note où l’innocence n’est plus sans pour autant céder aux pensées négatives. Désormais, il y a un(des) nouveau(x) shérif(s) en ville.
Conclusion
Le second épisode manquait de rythme pour mieux tomber à plat sur sa fin nous laissant sur la notre. Heureusement, dès le troisième, les affaires reprennent et ensuite ce fut quartier libre pour l’aventure avec un grand A jusqu’au final de l’arc narratif de la tempête de Wither. Il reste encore une cinquième partie dont on ne sait rien. Et vu le final du quatrième, on est en droit de se demander ce qu’ils vont bien pouvoir encore nous raconter.
En attendant la conclusion de leurs aventures (ou plutôt le commencement de nouvelles), l’épopée de Jesse et ses amis se révèle particulièrement satisfaisante, surtout si l’on est client des expériences cinématographiques et interactives à la Goonies avec tout le côté bon enfant, et parfois inquiétant, que cela implique. De l’action, de l’humour et du rebondissement, voilà ce qu’on a eu. Étant donné qu’on ne savait pas trop à quoi s’attendre de cette adaptation étrange d’un jeu de survie sans intrigue, on a été agréablement surpris. Si l’on devrait retenir une chose de Minecraft Story Mode, c’est que Telltale aura pour l’instant réussi son tour de passe-passe.
Salutation. Attrayant ce site.