Zeno Clash, Rock of Ages, Abyss Odyssey… Les développeurs de l’ACE Team n’en sont pas à leur première curiosité. Néanmoins, cette fois, ils tentent de nous amadouer avec une série B totalement jouable et narrée par son réalisateur, façon Commentaire Audio pour film en DVD. Si vous aimez les monstres en latex et les docteurs psychopathes, alors ce jeu est peut-être pour vous…
Bienvenue à Nanarland
Dick Starspeed vient de s’écraser sur l’étrange planète Gravoria. N’écoutant que son courage, il va devoir grimper une tour infernale afin d’affronter l’infâme Empereur qui gouverne Gravoria en affreux dictateur qu’il est. C’est sans compter sur l’aide de Scarlet Nova, la fille unique de l’Empereur qui, bien décidée de faire tomber son monstre de père, va rejoindre la cause de notre héros. Ils seront aidés, au fil de l’aventure, par « Robot », un ami fidèle et plein d’astuce. Ensemble, ils sont le seul espoir de cette planète et de ses habitants, devenus esclaves.
Voilà le synopsis de ce film/jeu qui brise en bien trop de morceaux le quatrième mur. Vous jouez donc des acteurs jouant dans un film. Le réalisateur vous parle en fond, vous donne des directives et commente tous vos faits et gestes. Tout est fait de carton-pâte, de pâte à modeler, de costumes bien trop ridicules et de fils même pas gommés à la post-production pour faire tenir les soucoupes et autres personnages pouvant voler. Tout est réaliste et fait référence à la production de films de Serie B avec amour du genre et respect des effets-spéciaux de l’époque. La Stop-Motion étant par exemple monnaie courante à l’époque, la plupart des ennemis se déplacent de façon très saccadée.
The Deadly Tower of Monsters prend la forme d’un Metroidvania, avec trois héros différents à débloquer au fil du jeu et dont quelques téléporteurs bien placés permettent le switch. Ces héros ont tous des capacités uniques, comme des mines pour faire exploser des rochers géants (en fait des ballons de baudruche bien camouflés) ou des ciseaux permettant de couper le papier aluminium qui sert de « bouclier » aux ennemis pour les gens des effets-spéciaux. C’est complètement inventif visuellement, alors que tout se repose sur un gameplay assez classique.
Le latex est mon ami
Le jeu se repose entièrement sur la verticalité de son seul niveau, à proprement parler : la tour mortelle. Vous devez grimper d’étage en étage en passant par des défis toujours très originaux. Vous ne retrouverez quasiment jamais deux étages identiques et quelques intérieurs viendront aussi donner un peu de nouveaux environnements à votre progression. Il est aussi possible de se « pencher » sur les rebords des niveaux pour tirer sur des ennemis (ou des cibles bonus cachées) en contrebas. Un gameplay jamais vu auparavant à mon sens et qui me semble très intelligent.
On notera aussi la possibilité de sauter (ou tomber) de la tour à tout moment et de tenter de passer à travers des anneaux « bonus » débloquant des succès. Il vous suffit ensuite, avant de vous écraser sur le sol de préférence, d’appuyer sur la bonne touche pour vous téléporter au niveau où vous étiez. La verticalité du jeu est donc son point fort, surtout qu’elle est très bien utilisée.
Néanmoins, le jeu d’ACE Team est blindé de problèmes de gameplay. Ils sont très rarement pénibles, mais mis bout à bout, ils finissent par faire rager les perfectionnistes. Des roulades trop lentes, des personnages qui se coincent entre deux objets, des animations qui prennent leur temps lorsqu’on se fait toucher entraînant d’autres coups… La visée à la manette est aussi peu précise par moment. Tous ces petits soucis de gameplay viennent entacher l’aventure et la ponctuer de moments de ras-le-bol où on vient pester devant son écran. Heureusement, l’univers sauve le tout avec ses musiques d’antan complètement folles et ses protagonistes aux looks improbables.
Faites taire le réalisateur !
L’autre grosse erreur du jeu, c’est de nous proposer un narrateur qui vient vous raconter sa vie à tout moment. Et il est bien trop bavard. Il ne cesse de parler, quelle que soit votre dernière action, sans jamais vous laisser une seconde de répit. C’est des plus énervant et surtout, l’écriture n’est pas toujours drôle puisque le réalisateur est une personne assez lourde, macho, ringarde, qui ne fait pas toujours dans le bon mot. Même si on accroche à ses délires, cela n’empêche en rien la progression d’être gênée par ce narrateur qui ne s’arrête jamais. Au contraire d’un Bastion par exemple, qui choisissait les moments de narration orale avec intelligence.
Il ne faut cependant pas bouder son plaisir : The Deadly Tower of Monsters offrira un premier run d’au moins 5 heures de jeu avec des Boss amusants et une fin complètement folle. Un système d’armes à évoluer avec des rouages cachés dans les niveaux vous forcera à fouiller un minimum, ce qui viendra gonfler la durée de vie. Surtout, The Deadly Tower of Monsters est un formidable hommage aux films de science-fiction d’antan, que l’on appelle Nanar à cause d’une réalisation bancale à base de grosses ficelles, mais qui ont un charme unique. Tout comme ce jeu, finalement.