Une fois de plus la froideur du grand nord d’Eora m’appelle. De retour à Stalwart, je découvre enfin la deuxième partie de cette histoire greffée de manière un peu brutal de prime abord à mon cher Pillars Of Eternity. Les réponses vont enfin m’être données et je vais pouvoir reprendre mon périple avec ma voleuse auréolée d’une triple couronne solo. Comment ça ? « Sauvegarde corrompue » ? C’est bien ma veine. Allez, on reprend depuis le début.
On the roll again.
Si certains vieux jeteurs de sorts et de dés ont trouvé les différents crans de difficulté adaptés à leur niveau de briscard barbu des royaumes oubliés, il n’en fut pas toujours de même pour le croquant standard ou l’adepte de belles histoires qui osait pointer le bout de son nez sur Pillars Of Eternity. Il est vrai que la difficulté globale lors de la sortie du jeu avait de quoi rebuter le néophyte ou l’aventurier occasionnel n’étant pas tombé dans l’Infinity Engine étant petit. C’est ce constat en tête qu’Obsidian conclut son épopée tissée avec amour et talent et ouvre ainsi les portes de PoE à tous les joueurs frustrés de ne pas pouvoir, eux aussi vivre cette aventure.
Je relance donc une partie et tombe nez à nez avec ce nouveau mode de difficulté nommé « Temps d’Histoire. » C’est donc cette voie que j’emprunterai pour ce reroll. On m’explique avant la création de mon personnage que ce mode est volontairement biaisé en faveur du joueur et qu’il conviendra à ceux qui veulent vivre l’histoire sans être gênés par les combats. Bon, je joue le jeu. Les quêtes s’enchaînent sans difficultés. Je désactive les pauses automatiques liées aux statuts de mon groupe et laisse les scripts gérer les combats, les bras croisés. Je suis tout de même parfois tenu de déplacer un mage qui avait cru intelligent d’aller cogner avec sa petite baguette sur l’armure en plaque d’un paladin ou de rappeler à mon prêtre que la multiplication des pains dans la poire n’est pas sa vocation première mais finalement tout se déroule assez bien et je savoure le doublage et la lecture.
J’évolue donc paisiblement et prend le temps de cuisiner en mode camping au niveau six des tréfonds de Caed Nua. Du coup, l’histoire avance vite et je me tente un petit dragon des familles un peu plus tard que je réussis à transformer en sac à main sans trop transpirer mais que j’évalue tout de même comme un petit challenge sympa pour les nouveaux venus. Satisfait de mes nouvelles bottes en peau de lézard, j’avance jusqu’à mon objectif : Stalwart. Un pari réussi donc pour ce mode histoire qui permet de se faire plaisir de manière paisible tout en vous immergeant dans l’aventure à votre rythme et ce peu importe vos talents de stratège ou votre connaissance des règles martiales. J’ajoute qu’une nouvelle option de difficulté permet de ne pas recevoir de blessure de renversement lorsque l’endurance d’un personnage tombe à zéro en combat ce qui facilite les affrontements contre les ennemis puissants.
Sweet home Caed Nua.
Je découvre par la même occasion que la forteresse est désormais plus vivante et que mon petit chez moi m’offre de nouveaux défis et prend désormais une plus grande importance dans l’univers du jeu. Arrive enfin la missive attendue, direction la marche blanche et ces aventures. Je déboulonne sans trop de problèmes la première partie et découvre les nouvelles zones. On n’est pas dépaysé, la qualité est toujours au rendez-vous et un nouveau personnage vient renforcer les locataires de Caed Nua une fois que j’en ai fini avec sa trop courte quête. Je sens quand même bien que les nouveaux personnages des deux DLC ne bénéficient pas de la même profondeur d’écriture que ceux du jeu de base mais sont par contre bien plus puissants.
Une fois la carte pleinement nettoyée et le journal de quête vidé je constate que cette histoire désormais terminée s’imbrique bien dans l’ensemble du jeu à la faveur d’une nouvelle partie ou d’une découverte après la sortie des deux DLC. L’arrière-goût amer qu’il me restait de mon ancienne sauvegarde a disparu progressivement et je prends du recule face à l’œuvre globale désormais achevée. Ce qui m’a le plus marqué c’est l’abondance d’ennemis dans cette deuxième partie. Le jeu se rapproche donc encore plus d’Icewind Dale avec son coté bourrin mais l’écriture et la narration sont renforcées ce qui équilibre intelligemment le tout.
Les phases d’actions scénarisées à choix multiples sont plus nombreuses et plus longues ce qui n’est pas pour me déplaire. Les armes liées sont plus nombreuses et je peux enfin en trouver une qui colle bien à mon héros, le constat est immédiat : c’est ultra bourrin et renforce mon rôle de gardien. Un second run en voie des damnées me confirme qu’un personnage Clairvoyant restera ce qu’il y a de plus intéressant scénaristiquement et qu’il en va de même pour les combats révélant ainsi le plein potentiel des armes liées à l’âme, un pur plaisir. L’utilisation des compétences est plus fréquente, y compris dans l’histoire principale et de nouvelles recettes d’artisanat viennent compléter vos grimoires ainsi que deux niveaux supplémentaires que je n’ai pas eu besoin d’atteindre en mode « temps d’histoire » viennent porté à seize le palier final d’évolution de nos personnages. Non, je ne vous parlerai pas de l’histoire, pas plus que des ajouts au bestiaire ni des nouveaux objets.
Les yeux fermés.
Si vous êtes un joueur de la première heure, j’ai ceci à vous dire : Vous ne serez pas déçu par ce chapitre final et je vous conseille fortement de recommencer le jeu pour profiter pleinement des modifications apportées aux différentes classes de personnages durant leur évolution. La difficulté globale du jeu a été rehaussée et le nombre d’ennemis, augmenté. La fin de ce DLC vous réserve une surprise de taille qui influe directement sur l’ensemble du jeu et l’histoire des marches blanches viendra certainement vous aider à choisir différemment le destin de votre ennemi juré. Votre quête de la connaissance des âmes et de la nature des dieux sera renforcée et changera peut-être votre point de vue à propos de Thaos et votre regard sur les divinités du jeu.
Si vous êtes un nouveau venu je vous dis ceci : vous avez peut-être été un peu intimidé par ces vieux élitistes un peu bêtes qui vous ont persuadé de rester loin de ce titre parce qu’il était réservé aux vieux de la vieille. Rassurez- vous, ces abjurateurs à la voix chevrotante avec leur t-shirt « c’était mieux avant » et leur fierté ringarde d’être nés assez tôt pour pouvoir changer de CD toutes les trente minutes sur la première édition de Baldur’s Gate ne peuvent plus rien contre vous. Lancez-vous à cœur perdu dans cette œuvre unique dont la qualité de la narration et la profondeur de son univers vous satisferont pleinement. Vous découvrirez des personnages attachants et des lieux magnifiques et une bande son grandiose. À mon humble avis, c’est simplement le meilleur jeu de rôle de ces cinq dernières années. Désormais disponible dans son intégralité.