Après la douzaine de jeu, voilà le grand écran. Premier d’une surement longue série de films d’animation estampillés « Playstation Originals », ce Ratchet & Clank était attendu au tournant pour les amoureux de la franchise. Tandis qu’Hollywood continue d’aspirer toutes les idées du jeu vidéo pour en faire ses propres films, voilà que les rôles sont inversés. Ce n’est pas la première fois, ce ne sera pas la dernière, mais on était en droit de s’attendre à quelque chose de nouveau et de motivant pour la suite des adaptations en films d’animation. Parlons-en…
Ratchet & Qwark
Ratchet est un Lombax, le dernier de son espèce semble-t-il, rêvant de gloire et d’aventures. Alors que Ratchet commence à perdre patience et ne sais pas trop quoi faire de sa vie de mécano, les Rangers Galactiques recrutent avec à leur tête, le célèbre Capitaine Qwark. Le lombax va alors tout faire pour être engagé, malgré ses faits d’armes peu glorieux auprès des forces de l’ordre. En parallèle, l’infâme Drek a mis au point une arme pouvant détruire une planète toute entière et compte bien mettre en place un plan diabolique pour régner sur la galaxie. Il est aidé par le Dr.Nefarious, un savant-fou qui veut absolument se venger de Qwark. Des usines de Nefarious sortent alors l’armée de robots qui aidera à cette invasion galactique… Mais alors que la foudre s’abat sur les machines, un petit robot tout sauf malfaisant sort de la chaîne de production…
Ce scénario, on le connait plus ou moins : c’est celui du premier Ratchet & Clank sorti en 2002 sur PlayStation 2. Plusieurs nouvelles idées ont été ajoutées à ce long métrage : la genèse de Nefarious (le méchant du troisième épisode) par exemple. Visuellement, le film est plutôt joli, très éclairé, avec des animations riches et une finesse de mouvements réellement appréciable. Les décors sont aussi de véritables peintures qu’on aimera contempler. Mais tout cela à un prix et le budget du film n’est pas celui d’un Minions ou du dernier Pixar : une majorité de plans rapprochés sur les personnages seront proposés, pour éviter de montrer des décors assez vides et une absence totale de foule. On perd beaucoup en ampleur, ce qui est malheureusement très voyant à cause d’un scénario assez bancal et incomplet.
Pour commencer, le héros du film est clairement Qwark : insupportable égocentrique, héros de la galaxie, il sera au cœur de la majorité des blagues, des dialogues et des situations du film. Clank, le petit robot normalement héros à la hauteur de Ratchet sur l’affiche, passe réellement en second plan et c’est furieusement dommage. La faute à une amitié qui prend trop de temps à se construire, avec des ellipses incroyable de bêtise qui empêchent l’histoire de progresser logiquement. Ratchet passe de zéro à héros d’un coup de baguette magique, Ratchet parle de Clank comme de son meilleur ami trois scènes après la première rencontre et rapidement, on assiste surtout à un film basé sur Ratchet & Qwark. Pour ne pas dire Qwark & Ratchet.
Fan-Service appréciable
Coté références, les amateurs de la série vidéoludique seront vraiment ravis : entre toutes les affiches de propagandes référencées, les apparitions de guests dans les quelques rares moments de « foules » (dix fans qui courent après Ratchet, tout au plus), des références à d’autres univers PlayStation et même aux consoles elles-mêmes, on en a réellement pour son argent si on aime la série et qu’on souhaite juste y comprendre des blagues et clins d’oeils que la majorité des gens n’auront même pas cernés. A coté de cela, le film à réellement les fesses coincées entre deux types de public visé : les enfants pour commencer.
Le nouveau doublage plutôt convaincant, à base de Squeezie et autres youtubeurs connus, est destiné aux plus jeunes spectateurs qui n’ont pas suivis la série de jeux vidéo. C’est pourquoi aucun doubleur original n’est dans le film. En même temps, le Ratchet des jeux est bien loin du Ratchet du film et c’est là son plus gros défaut : on passe d’un héros désinvolte, un poil prétentieux sans trop en faire, qui ne se laisse jamais surmonter par l’ennemi et qui sait être intelligent quand il le faut… à un gamin du désert qui cherche la gloire mais qui y trouvera « ce qu’il y a de plus beau : l’honnêteté, le courage et l’amitié ». Oubliez le coté « Badass » du Ratchet des jeux, désormais c’est une boule de poils pleine d’amour. Il est certes très appréciable, mais beaucoup moins charismatique. Cela explique aussi le choix de Squeezie au doublage qui s’en sort par ailleurs très correctement.
L’autre public visé, se sont les parents et là, j’émet quelques doutes sur des idées de doublage qui m’ont parues à coté de la plaque. J’ai réellement ris quand Nefarious, doublé par le même acteur que la voix de Cartman dans South Park, fait une référence grossière à ce personnage d’un tout autre genre. Mais la question se pose : qu’est-ce que ça fout là ? Quid de la version américaine et de ce que dit réellement Nefarious à ce moment du film ? Un visionnage en V.O sera obligatoire pour les fans hardcore et ceux qui n’aiment pas être « sortis » de leur film avec un gros coup de pied aux fesses à base de « je fais ce que je veux, du moment que c’est drôle ». Un petit coté Georges Abitbol et Grand Detournement se ressentait lors de ce court moment aussi drôle que gênant, à la limite des doublages officiels détournés des dessins-animé de notre enfance tels Ken le Survivant. Bref, y’a plus de respect.
Bien que très classique dans sa construction et un peu bancal dans son respect des personnages du produit original, Ratchet & Clank est un film d’animation amusant et pour tous publics. On regrettera vraiment que le studio ait accepté que les doubleurs fassent ce qu’ils veulent, cassant la version originale et se permettant des private-joke assez déplacées. Aussi, Ratchet est devenu un vrai héros, mignon, courageux, loin du Badass Lombax des jeux. Clank se fait aussi voler la vedette par Qwark, ce qui est assez triste. Reste des méchants très méchants, un visuel globalement ravissant et une promesse de films tirés de jeux-vidéo qui ne soient pas complètement crétin. On fera avec ça.