Bienvenue dans la vie de Reynardo, renard plus roublard que trouillard qui devra faire face à un problème le dépassant de très loin. Spearhead Games nous prend royalement au dépourvu avec ce jeu d’action plein de fraîcheur qui s’illustre par un certain classicisme dans l’action et d’une providentielle idée dans sa manière de gérer son intrigue. En vous lestant de quelques malheureux euros, il pourrait vous surprendre. Si la perfection ne peut être de ce monde, on lui reconnaîtra malgré tout un certain panache qu’il serait dommage de bouder.
Le livre qui fera de vous un héros
Reynardo est d’habitude du genre sacripant. Sauf que cette fois si le destin a décidé de rattraper sa fourrure de rouquin. Il se retrouve malgré lui en possession d’un livre aux vertus inconnues qui très vite projettera ce dernier à la poursuite d’une vérité, dont l’enjeu sera aussi bien de sauver son monde et surtout celle qui tient une place spéciale dans son cœur, la sorcière féline Zenobia (accessoirement fille de leur empereur batracien). Si cela sent les ennuis en perspective, c’est que l’empereur, jadis bienveillant, se retrouve à faire la guerre à son propre peuple qui s’est organisé en rébellion.
C’est ainsi que l’on est à la poursuite de niveaux en niveaux du salut d’un empire fait d’îles aériennes et de magie. A chaque tournant majeur de l’histoire, le livre attendra de nous de choisir la suite des événements entre plusieurs voies possibles. Si vos décisions s’avèrent judicieuses, peut-être arriverez-vous à découvrir une des quatre vérités majeures vous permettant à terme de débloquer le fin mot de tous ces salamalecs.
Bien évidemment, rien n’est jamais aussi simple. Le champ des possibles s’étend jusqu’à vingt-quatre variations existantes de l’intrigue que vous devrez éventuellement explorer tant que vous n’aurez pas mis la main sur les quatre vérités sus-mentionnées. Pourtant bien qu’il soit dans son cœur un jeu d’action et d’aventure, Stories n’a pas négligé son scénario pour autant en offrant son lot de moments amusants ou rocambolesques, et nous faisant parcourir un univers où se mélange le contemporain et l’ancien fait de mythologie aux artefacts instables et dangereux.
De capes et de crocs
Afin de parvenir au mieux à son but, Reynardo ne sera pas dépourvu de moyens pour y arriver. Outre sa célérité naturelle, le presque-fauve pourra selon ce qu’il aura réussi à débloquer, dasher avec classe, utiliser son grappin, et couper dans le vif des sujets de l’empereur à l’aide d’une épée pouvant être amplifiée de quelques pouvoirs magiques. La maîtrise de l’escrime de notre renard reste cependant très seche avec des mouvements cassés et peu fluides.
Ce style aux mouvements arrêtés tout comme l’entièreté de son système de combat, ainsi que toutes les capacités à débloquer, rappelleront sans équivoque une longue tradition des beat them up modernes à laquelle un certain homme chauve-souris de l’Arkham participa grandement en le rendant célèbre. Les similitudes entre les deux sont telles que l’on ne se sent pas perdu manette en main, alors qu’on enchaîne les combos entre utilisation du dash, du grappin tout en timant avec efficacité tous les contres et parades nécessaires.
Le bestiaire adversaire est pour sa part constitué entièrement des troupes de l’empereur. Donc des corbeaux nourris aux hormones de croissance musculaire exagérée, hargneux et aux actions téléphonées très prévisibles, qui finissent assez vite par être rejoints par d’autres subordonnés. Dès lors, les combats qui semblaient pourtant peu finaud, finissent par se complexifier sans pour autant se révéler insurmontables. Mais l’ajout de corbeaux spéciaux comme des sorciers de feu ou pouvant booster la volaille de base, de suicidaires explosifs ou encore lourdement armés d’un bouclier, rend toute confrontation un peu plus subtile que prévu. L’utilisation à bon escient des talents du renard devient alors le minimum syndical.
La plume plus forte que l’épée
Sur le fond, Stories – The Path of Destinies se joue comme un jeu d’action et d’aventure peu innovant où l’on se déplace d’île en île en se défaisant des corbeaux à tire larigot. Tout en récoltant moult ressources pour améliorer Reynardo dans sa quête de l’impossible. Malheureusement, si les affrontements se révèlent un peu plus intéressants que prévu, sur la longueur, ils finissent par tomber sur madame la répétitivité. La difficulté n’est jamais bien grande si on prête suffisamment attention à ce qui se passe à l’écran, malgré un côté parfois confus des rixes. Un peu de finesse est ça passe en général avec douceur.
Spearhead arrive avec un certain talent à nous faire refaire en boucle les mêmes niveaux, en introduisant régulièrement de nouveaux chemins et quelques menues modifications. Pourtant, la sauce finit par tourner au vinaigre à force de répétition. En ce qui me concerne, c’est peut-être parce-que je suis arrivé assez vite au dénouement final que la lassitude ne s’est pas faite sentir autrement que dans la dernière heure ou plus. Stories est néanmoins bon joueur et n’hésite pas à vous donner quelques indices sur les choix pertinents à prendre. Des indices visuels comme autant de petits cailloux blancs laissés sur place pour nous indiquer la meilleure marche à suivre.
Une partie complète peut alors revenir à l’équivalent de quatre à six histoires à parcourir avant de toucher du doigt la conclusion idéale tant recherchée par Reynardo. Une bonne durée de vie pour un concept original mais qui peut finir par s’essouffler sans garantir une réelle re-jouabilité. La simplicité de son histoire finit par devenir trop apparente, malgré la présence de la voix off d’un narrateur souvent sarcastique et drôle contant nos actes et méfaits. Cette trop grande naïveté se développe aussi au travers d’un gameplay parfois encore trop en surface d’un potentiel pouvant se rêver à mieux.
Néanmoins, Stories est un jeu très abordable. Il serait donc difficile de lui reprocher de ne pas être aussi complet qu’un titre plus onéreux. Mais à la hauteur de son accessibilité pécuniaire, il délivre une aventure plaisante et divertissante. Seule son action pâlit en comparaison de son histoire à embranchements définitivement divertissante. Répétitifs à la force des coups d’épées portés par son héros malgré lui, Stories peut finir par lasser de ce côté-ci. D’autant qu’il n’y a pas vraiment de puzzles à résoudre, ni d’exploration suffisamment signifiante. Et ce malgré sa réalisation technique et artistique magnifique renouvelant régulièrement les panoramas traversés.
La version PS4 testée ici souffrait aussi parfois d’un affichage tardif du décor, de bugs de collision et de quelques chutes du framerate que l’on espère voir corrigé pour la version finale.
Stories – The Path of Destinies est un jeu d’action et d’aventure très plaisant à l’esthétique sublime et narré par un conteur plutôt doué. Son principe d’intrigue découpée en plusieurs morceaux en offrant au joueur le choix de son propre parcours apporte un vent de fraîcheur plus que louable. Les combats sont plus subtils et amusants qu’il n’y paraît même si à la longue, la répétitivité finira par s’installer. En dehors de l’échange de politesse par épée interposée, il n’a cependant pas vraiment plus à offrir que son histoire. Mais de par son prix accessible, il reste une jolie proposition vidéo-ludique honnête et divertissante dont vous deviendrez le héros.