Je ne vais pas vous mentir, quand la clé d’Enter The Gungeon est arrivée à la rédaction, ça a été baston immédiate. Pas mal de rédacteurs étaient intéressés, certains avaient d’ailleurs de bons arguments « j’ai déjà rencontré les développeurs sur un salon », mais après une lutte acharnée j’ai obtenu le graal. D’ailleurs tant mieux, si je commence à rater un bullet hell dungeon crawler je serai obligé de modifier ma signature.
Welcome to the Gungeon
L’histoire est relativement simple, vous allez parcourir les cinq étages d’un donjon pour récupérer une arme permettant de tuer le passé. Quatre personnages sont disponibles : le pilote, le marine, la condamnée et la chasseresse. Chacun commence avec un équipement différent de ses compagnons et chaque joueur devrait rapidement trouver son/sa chouchou.
Pour faire simple, le jeu est une sorte de croisement entre Nuclear Throne et The Binding Of Isaac. Du premier il pioche ses nombreuses armes en tous genres que vous allez récupérer au cours de votre aventure (il n’y a par contre pas de limitation, vous pouvez vous balader avec une quinzaines de pétoires sur vous sans aucun souci) et du second tout le côté création aléatoire des niveaux, les salles à vider de leurs occupants pour accéder aux suivantes, sa multitude d’objets modifiant la progression et surtout ses innombrables secrets à découvrir run après run.
Car autant vous le dire tout de suite, le jeu est dur… vraiment dur. Comme dans n’importe quel rogue-like vous retiendrez au fur et à mesure les effets des différentes armes et objets récupérés (une encyclopédie du jeu est d’ailleurs disponible pour vous aider, entièrement traduite en français comme l’ensemble du jeu) et encore plus que les loots, vous devrez apprendre les patterns d’attaque des ennemis. Ici la dénomination « bullet hell » n’a pas été usurpée, l’écran sera vite rempli de boulettes, notamment durant les affrontements de boss qui vous rappelleront vos heures passées sur des shoot’em up.
Vous aurez deux atouts pour gérer cette pluie de boulettes : la roulade d’une part, vous rendant invincible la première moitié de l’animation et que vous devrez maîtriser pour espérer avancer et les ballablancs d’autre part, sorte de smart bomb héritée des shoot’em up. La déclencher aura pour effet d’endommager légèrement les ennemis et surtout de vider l’écran des tirs ennemis (et accessoirement ça révèle également les salles secrètes). Vous en posséderez deux de base (se rechargeant à chaque étage) mais vous aurez également la possibilité d’en looter d’autres.
Et paf le héros
Un peu comme dans Isaac, le contenu se révélera au fil de votre progression dans le jeu. Certaines actions ajouteront un objet ou une arme à la liste de ce qui peut apparaître à l’avenir. En fouillant un peu, vous trouverez un magasin à chaque étage pour dépenser les douilles récupérées sur vos ennemis. Avec un peu de chance, des points de vie, des points d’armure, des munitions ou même des armes vous y seront proposés. Je parle bien de chance car pour cette pièce comme le reste du jeu, tout est aléatoire et il sera fréquent que le jeu veuille votre mort et génère par exemple de nombreux coffres mais aucune clé !
Au cours de vos pérégrinations, vous aurez également l’occasion de sauver tout un ensemble de PNJs à qui vous pourrez ensuite parler à la brèche (la « ville » de base) avant d’entamer une nouvelle aventure. Certains vous donneront des conseils, d’autres des missions ou carrément la possibilité de dépenser la monnaie récupérée sur les différents boss du jeu pour débloquer de nouveaux objets et armes.
Chaque essai, même avorté rapidement donnera tout de même la sensation d’évoluer et vous permettra d’avancer peu à peu vers la perfection encouragée par le jeu, avec par exemple un point de vie supplémentaire (et je parle bien de supplémentaire, pas soigné) à chaque fois que vous battrez un boss sans vous faire toucher. Si je comprends la volonté derrière cette décision, je vous avoue que ça rend les affrontements assez stressants et vous devriez, tout comme moi, pester de nombreuses fois contre cette ***** de boulette de ***** encaissée juste avant le décès du boss. Surtout qu’avec un boss par étage, ça fait tout de même quatre cœurs supplémentaires potentiels au dernier niveau…
Tant qu’à lister les points négatifs, je regrette vraiment l’absence de sauvegarde, obligeant à finir les runs (environ 1h) d’une seule traite. Le jeu propose du multi à deux en local, mais la caméra est mal placée et rend l’expérience désagréable. C’est sympa de l’avoir mis, mais on sent bien que le jeu a été pensé pour un seul joueur.
Un dernier point regrettable et probablement le plus important : l’impact des armes… ou plutôt son absence. Le jeu propose un arsenal vraiment varié et délirant (canon à neige, fourche enflammée, lanceur de t-shirts…) mais contrairement à Nuclear Throne où chacun a vraiment de la patate, il faut bien avouer qu’à quelques exceptions près, le rendu est assez mou malgré le grand nombre de balles lancées à la minute.
Addiction quand tu nous tiens
Mais ne vous leurrez pas, malgré les quelques défauts énoncés précédemment, Enter The Gungeon est un excellent titre. Que ce soit au niveau des objets (actifs ou passifs) ou au niveau des armes, le contenu est simplement monstrueux. Même après une vingtaine d’heures de jeu, vous continuerez à découvrir de nouvelles choses.
Le jeu est dur mais sait récompenser l’acharnement et petit à petit vous verrez que peu importe les armes récupérées, vous irez à chaque fois ou presque jusqu’au quatrième ou cinquième niveau. Sans trop spoiler, terminer le jeu ne vous octroiera pas la vraie fin et vous aurez besoin de certains matériaux et autres secrets pour tout révéler. Les personnages se manient bien et la roulade ainsi que les ballablancs permettent de se sortir avec « un peu » de pratique de n’importe quelle situation (ou presque).
Graphiquement le pixel art fourmille de détails et si vous prêtez un peu attention à ce qui se passe à l’écran, vous verrez par exemple les revolvers tournoyer pour se recharger ou les objets voler dans tous les sens lorsque vous retournez une table pour vous mettre à couvert derrière (oui cette action est possible et c’est vraiment trop classe).
Très généreux en contenu, dynamique, joli, bénéficiant d’une réalisation soignée et d’une traduction française gardant au maximum les blagues d’origine, Enter The Gungeon devrait plaire à tous les amoureux d’Isaac souhaitant une action un peu plus soutenue. Par contre je le redis, il faut aimer la difficulté.
Et en mouvement, voilà ce que ça donne : https://www.youtube.com/watch?v=28Z5TY9xuxA