Il y a quelque chose de fascinant dans le gigantisme à l’écran, c’est un thème qui m’a toujours plu dans le cinéma ou le jeu vidéo. Il n’y a rien de plus grisant que de découvrir un colosse immense de plusieurs dizaines de mètres que l’on va devoir terrasser à l’aide de notre simple épée courte, ou même de venir à bout d’un vaisseau-mère enfoncé dans le siège de notre chasseur qui fait peu ou proue la taille des obus que le truc nous envoie. C’est bien souvent parce que ces scènes sont épiques que ça me plaît, et c’est un thème que l’on va retrouver dans le jeu qui nous intéresse aujourd’hui.
Seul sur Terra
Après moultes retards, voici que Battlefleet Gothic : Armada (BFG pour les intimes) est enfin disponible sur nos machines de bourgeois et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on se demande un peu ce que c’est au premier abord. A moins d’être un fan hardcore de jeu de plateau, vous ne connaissez peut-être pas Battlefleet. Et je vous vois déjà chercher dans tous les sens ce dont il s’agit. En fait, BFG est une adaptation d’un jeu de grande stratégie dans l’univers Warhammer 40K. Le concept en 2 mots : Qui du gigantesque vaisseau Orks ou Eldar est le plus solide ? Car oui, dans Battlefleet, les vaisseaux sont immenses, parfois plusieurs kilomètres (!) de long et si tirer fait partie des actions possibles, sachez que rentrer dans le tas est aussi envisageable.
Bref, avec tout ça vous n’êtes pas plus avancés. Le scénario de Battlefleet est très basique et vous laisse aux prises avec un méchant très méchant du Chaos du nom d’Abaddon qui veut tout péter et il vous revient la tâche de l’en empêcher, vous l’amiral de la flotte impériale, tout en croisant le fer avec les pirates Orks et les Eldars.
Le scénario est classique, accompagné de cutscenes pas trop mal doublées, le tout sur fond de drama galactique rappelant les heures les plus glorieuses de Twitter. Le déroulement de la campagne rappelle un peu ce qu’on avait déjà pu avoir dans Dawn of War 2 où l’on était sous pression constante… Même si la finalité restait la bagarre. Et là-dessus le solo traîne un peu en longueur. Les objectifs finissent par être redondants (escorter un convoi, détruire une cible spécifique, récupérer des choses…) et la quinzaine d’heure nécessaire pour en voir le bout semble s’étirer inutilement, surtout que les décors changent très peu. Le pire étant que certaines missions sont complètement débiles, du genre des poursuites contre les vaisseaux Eldars – la race craquée du jeu – qui mettent un vent total à notre flotte et qui sont une horreur à rattraper.
Warhammer feat. XZibit
Malgré tout, la campagne fait office de tuto sympathique car il faudra faire continuellement évoluer notre flotte pour la rendre de plus en plus puissante. Là où on commence en simple peigne-cul de l’espace, on progressera petit à petit pour devenir le Palpatine des galaxies. Il sera notamment possible d’acheter des améliorations pour notre armement ou nos défenses, de faire monter l’équipage en galons ce qui influera pas mal sur nos différentes capacités.
Et du coup, permettez moi de sortir un instant de la campagne pour parler d’un aspect commun au solo et au multi, à savoir la personnalisation des vaisseaux. Véritable point fort du jeu, prendre du temps pour choisir avec soin quel équipement on va mettre sur nos corvettes est un vrai jeu dans le jeu et nécessitera de se farcir pas mal de chiffres en tout genre. A côté de ça, il faudra faire avec une UI qui m’a posé quelques problèmes. Car à mon sens, elle est jolie graphiquement, mais assez illisible quand on débarque juste. Les boutons cliquables ne sont pas hyper clairs et les infobulles sont microscopiques. C’est heureusement la seule chose avec laquelle il faudra composer car en dehors de ça, la partie custom’ marche très bien.
Là-haut, dans les étoiles, la guerre passe comme un soleil
Mais tout ça, ce n’est pas gratuit, et l’argent sera une fois de plus le nerf de la guerre. Chaque mission rapporte de la renommée qu’il faudra dépenser pour rendre nos vaisseaux plus puissants. Et là, attention, car si dans la plupart des jeux une défaite est synonyme d’écran en rouge indiquant “Vous avez perdu, vous êtes nul”, dans BFG une destruction de vaisseau nécessitera de passer chez le mécano du coin pour refaire la peinture si l’on souhaite le réutiliser à la mission suivante. D’ailleurs ce modèle là est utilisé en solo, mais également en multi. Vous comprenez maintenant pourquoi je disais que la campagne est un bon tuto ?
Le déroulement d’un match/mission/escarmouche est globalement assez simple. En temps réel, il faudra placer notre flotte correctement pour utiliser l’armement de nos vaisseaux le plus efficacement possible face aux différentes situations rencontrées. Le tout nécessite beaucoup de micro-management pour utiliser les différentes capacités des vaisseaux, tout en se repositionnant continuellement en tenant compte des risques de collisions et des lignes de vue à risque. Pour pimenter tout ça, les niveaux sont parsemés de petits obstacles comme des champs d’astéroïdes, des mines de précédentes batailles, ce genre de joyeusetés. Bah oui, vous attendiez quoi d’un jeu prenant place dans l’univers Warhammer 40K ?
Bon après je ne vais pas vous faire l’affront de présenter les classes. Les Orks sont bourrins, costauds, mais pas très maniables (c’est d’ailleurs marrant de foncer dans les vaisseaux ennemis avec les Orks), l’inverse des Eldars qui vont très vite mais sont en papier. Les vaisseaux de l’Imperium quant à eux sont polyvalents face à ceux du Chaos qui favorisent les engagements à longue distance.
Ordinateur, lance une analyse tactique !
Je passerais rapidement sur l’enrobage graphique du jeu, correct mais sans plus surtout quand on sait que ça tourne sous Unreal Engine 4. En fait à chaque fois que je lançais Battlefleet, je ne pouvais m’empêcher de me dire que certains jeux faisaient du gameplay similaire, sans que ce soit aussi chiant de rentrer dedans. Car pardonnez moi du peu, mais Battlefleet n’est pas très palpitant. La partie sonore est potable, mais les affrontements manquent un peu de patate (à ce titre, les screenshots sur Steam ont probablement été fait par un flûtiste professionnel tellement c’est du pipeau). On pourrait s’attendre à un truc épique où des vaisseaux immenses grincent en se rentrant dans le tas, mais non. C’est plutôt plan-plan et ça nécessite un temps monstrueux pour comprendre comment monter sa flotte de manière efficace.
C’est un problème que j’avais déjà eu avec le jeu Space Hulk, lui aussi issu du même univers. Pour le coup je n’avais trouvé aucun intérêt au jeu car il n’était qu’une bête transposition du jeu de plateau sans aucune plus-value. Dans BFG le problème est inverse : il ne transpose pas assez le côté tactique du jeu de plateau dans son support vidéoludique. On perd cet aspect en partie parce que c’est du temps réel et pas du tour par tour. En fait, si je veux faire du micro-management sympa, dans l’espace, haletant et un peu moins sur fond de tableur Excel rempli de chiffres, j’ai un tas de jeux qui sont déjà disponibles (Dawn of War 2, Starcraft 2…) et rien dans Battlefleet ne me donne envie de lâcher ces titres là. Surtout que la phase de voyage vers son objectif en début de partie est très longue et ennuyeuse alors que d’autres jeux ont le mérite de directement lancer l’action. En ce sens, je pense que BFG s’adresse avant tout aux fans hardcore de l’univers Warhammer 40K, mais eux aussi pourront être déçus par cette absence de tour par tour. De plus paradoxalement, arrivé à un certain cap, le jeu manque de profondeur : certaines stratégies fonctionnent à tous les coups, l’équilibrage laisse à désirer, les flottes sont trop petites.
C’est bien dommage pour Battlefleet Gothic : Armada qui n’arrive pas à passer le stade de jeu moyen. C’est sympa au début, on a l’impression que c’est très complexe car il y a des chiffres partout et le système de progression a l’air énorme… Puis bien vite l’ennui montre le bout de son nez car BFG ne fait rien de mieux que les ténors du genre. Un jeu probablement réservé aux fans de la licence Warhammer 40K avant tout. Les gros joueurs de RTS peuvent passer leur chemin et rester sur des licences proposant une profondeur de jeu bien plus marquée.