Preview – Kôna

Parabole est un studio pour le moins atypique. En effet, il ne s’intéresse pas qu’au jeu vidéo mais s’est déjà fait remarquer en participant à une campagne de sensibilisation aux accidents du travail, en réalisant une sorte de petit jeu de course rétro pour le compte d’une assurance dans le cadre d’un concours promotionnel ou encore en développant une espèce de serious game donnant des informations sur divers parcours professionnels. Autrement dit, on ne s’attendait pas vraiment à ce que ce studio basé à Québec se trouve à l’origine de Kona, un jeu ambitieux en early access mêlant aventure, exploration, survie, mystère et narration. Rien que ça.

Mélange des genresKona_01

Que cette petite intro n’induise pas en erreur : Kona n’a rien d’un serious game ou d’un habillage interactif servant un but annexe. Il s’agit bien d’un jeu à part entière, qui se présentera sous forme épisodique. Parabole a voulu mixer les genres, puiser de tous les côtés pour offrir un rendu unique pas loin de transcender la notion même de genre.

L’introduction est à ce titre révélatrice. Le personnage principal est tout d’abord présenté par un narrateur omniscient, qui interviendra régulièrement pour commenter diverses situations ou éléments, inscrivant le jeu dans un cadre narratif. Devant lui, une table, sur laquelle reposent un certain nombre d’objets. Une lampe torche, des allumettes, une map : un nécessaire caractéristique des jeux de survie (et une pression sur Echap permettra de constater la présence d’une jauge de stress éloquente). La carte permet évidemment de se repérer. Mais en dehors d’elle, pas de boussole, pas de marqueur de quête, pas d’indication. A la manière d’un Firewatch, sorti récemment, la découverte du monde se fait à l’ancienne, uniquement en se repérant sur la carte (une icône y indique tout de même la position du joueur). Il est temps d’entrer dans le vif du sujet, alors on se dirige naturellement vers la route, qui est fermée par une barrière attachée par une chaîne. Et voilà poindre le côté jeu à énigme, voire puzzle game, puisqu’il va alors falloir dégoter les objets adéquats afin de pouvoir avancer et commencer enfin la véritable aventure. Celle-ci amène alors le joueur au cœur d’un village enneigé, aux maisons si espacées qu’il faut prendre la voiture pour aller de l’une à l’autre. Un village désert, les résidents ayant mystérieusement et subitement disparu. Chaque habitation devient alors un lieu à visiter, une pièce du puzzle pour comprendre la situation. Que s’est-il passé ? D’où viennent ces blocs de glace étranges ? Ces traces de pattes dans la neige ? Ces flèches rougeoyantes fichées dans certains bâtiments ?

Kona_05Jeu d’ambiance

Le mélange fonctionne à merveille. Pour le moment, l’aspect survie n’est pas poussé outre mesure, et il faut principalement veiller à trouver des sources de chaleur pour ne pas finir en glaçon. Inutile d’en faire des tonnes, même s’il semble que la notion de faim pourrait devenir importante, à en juger par la possibilité de récupérer des aliments ou de remplir des bouteilles d’eau. Mais Kona s’attache avant tout à se rendre mystérieux, dans son scénario bien sûr, mais également dans la façon qu’il a de ne pas guider le joueur, de le laisser explorer à sa guise. A lui de chercher, d’avoir la curiosité de contourner cette maison, de prendre cette petite route sur le côté, de suivre ces traces. L’aire de jeu est vaste, mais suffisamment restreinte toutefois pour ne pas décourager les arpenteurs ludiques. Alors on découvre peu à peu ce monde gelé déserté, accompagné par la voix du narrateur qui insuffle une ambiance particulière à l’ensemble (jouez plutôt en VF, l’accent québécois et certaines tournures donnent un ton original très plaisant, façon vieux film de détective privé). Kona devient alors un jeu d’enquête que la liberté d’exploration associée au mélange des genres sublime.

Kona est une vraie bonne surprise, qui parvient habilement à dépasser la notion de genre pour proposer un jeu complet et prenant, sans complexité superflue. L’accent mis sur l’exploration se marie à merveille avec le thème d’enquête du jeu, de même que l’absence d’éléments prenant le joueur par la main, ce qui rend chaque découverte plutôt grisante. Le cadre enneigé et l’ambiance très québécoise apportent de plus une touche de fraîcheur bienvenue. Pour autant, le jeu reste une early access, et mieux vaut savoir dans quoi l’on s’embarque. A l’heure où j’écris ces ligne, l’aventure (seul le premier épisode est partiellement disponible, quatre étant prévus) est relativement courte (2h30 à 3h) et le jeu souffre de temps de chargement importants au lancement, ainsi que de bugs sonores réguliers. Pas de quoi entacher la promesse qui nous est faite, mais les plus exigeants attendront peut-être que le jeu soit peaufiné avant de mettre la main au portefeuille.

1 réflexion au sujet de « Preview – Kôna »

  1. Merci pour le test, je l’avais repéré sous Steam et je me demandais ce que ça valait. Par contre je n’avais pas du tout remarqué que c’était à épisode.

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