Endless Legend est un jeu que j’avais beaucoup attendu après l’excellente surprise Endless Space et auquel j’avais beaucoup joué aux alentours de sa sortie, le jeu étant très très (très) bon (voir le test de Mwarf) . Malheureusement j’avais un peu lâché, par manque de temps notamment, Endless Legend n’étant clairement pas le genre de jeu auquel on peut jouer trente minutes par ci par là. La sortie de sa dernière extension, Endless Legend Shifters, était donc une bonne occasion pour moi de m’y remettre.
Plutôt trois fois qu’une
C’était aussi l’occasion pour moi d’essayer les deux précédentes extensions, Guardians et Shadows, sorties avant celle-ci et dont on ne vous avait pas parlé. Guardians ajoute tout un tas de choses destinées à agrandir l’univers du jeu et rendre Auriga plus vivant : une nouvelle classe « les Gardiens » surpuissants mais peu mobiles, mais aussi des quêtes légendaires qui viennent pimenter les parties en mettant les joueurs en compétition ou en coopération afin d’obtenir des récompenses généralement assez avantageuses (elles semblent malheureusement souvent ignorées par l’AI). L’univers d’Endless Legend était déjà un des gros points forts du jeu, avec ses factions travaillées, les factions mineures éparpillées dans le monde et ses quêtes spécifiques à chaque faction. Cette extension ne fait qu’ajouter à cela et à rendre le tout encore plus agréable.
La seconde extension, Shadows, ajoute une feature plutôt importante au jeu : l’espionnage. On peut dès lors envoyer un héros dans une ville ennemie avant de voir ce qu’il s’y passe, mais aussi de la saboter dans tous les domaines (en ralentissant l’industrie, les sciences ou en diminuant la population, les fortifications) ou même d’aller piller des villes ennemis. Ce nouvel aspect du gameplay est accompagné d’une nouvelle faction, les Oubliés, qui est entièrement basée dessus et pour qui l’espionnage est absolument nécessaire pour avancer, ne pouvant notamment pas faire de recherche scientifique (mais pouvant en voler à d’autres empires).
Shifters se présente un peu de la même façon, avec de nouvelles features accompagnées d’une faction en tirant pleinement partie. C’est d’ailleurs un format que je trouve plutôt intelligent, permettant de jouer directement avec les ajouts de chaque extension plutôt que de devoir se demander ce qui en fait partie ou pas. Un problème vient quand même du fait que ça rend la plupart des nouveautés intimement liées aux factions les accompagnant, celles-ci tirant partie de toutes les nouveautés, ce qui n’est pas forcément le cas des autres. Cette extension vient étendre une mécanique de gameplay un peu sous-exploité dans le jeu de base : l’hiver et le changement des saisons.
Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver
Si cette nouvelle faction et tout ce qui l’entoure sont toujours aussi attrayants au niveau de l’univers du jeu, que ce soit les visuels ou toute la partie scénaristique, je n’ai pas trouvé les nouvelles mécaniques particulièrement révolutionnaires. C’est peut-être dû au fait que je ne sois pas particulièrement bon au jeu, mais je n’ai pas eu l’impression de jouer quelque chose de sensiblement différent. Les perles permettent de contrôler les malus d’hiver et de s’adapter pour être moins gêné par l’hiver que les autres, mais ce n’est pas non plus un changement incroyable.
On a ainsi accès à un nouveau bâtiment, l’Autel d’Auriga, où l’on peut utiliser une certaine ressource – les perles donc – afin d’acheter diverses technologies exclusives mais aussi de prier (en dépensant des perles, donc) afin d’influencer les effets de l’hiver à venir. De plus, les perles peuvent être utilisées pour construire des bâtiments (généralement débloqués dans l’autel d’Auriga) ou bien pour des armes et de l’équipement après avoir débloqué la technologie nécessaire. Les unités liées à cette faction peuvent aussi se métamorphoser pendant l’hiver, obtenant alors de nouveaux attributs et pouvant accomplir des rôles différents le temps de l’hiver.
C’est ce dernier point qui est le plus convaincant pour moi, au-delà du contrôle de l’hiver qui rentre finalement très vite dans la routine de telle ou telle ressource à dépenser ou activer à tel ou tel moment afin d’améliorer telle ou telle production, soit le cœur du jeu et de la gestion de son empire. La métamorphose d’unités permet – en plus de profiter du très chouette character design – de pouvoir aller dans plus de directions différentes et donc d’agir différemment selon qu’on soit en hiver ou en été.
Les attributs des unités en temps d’hiver peuvent ainsi donner un avantage sur tel autre ennemi et donc pousser le joueur à attendre l’hiver pour attaquer (en plus du choix des bonus/malus d’hiver qui peut aussi aider dans ce sens) cet ennemi, ou bien le contraire selon la situation. Ce n’est pas non plus extraordinaire, mais ça ajoute un paramètre et une perspective à prendre en compte dans un jeu déjà assez riche de ce côté, quand l’hiver était autrefois une simple période où tout le monde était autant handicapé.
Biafine en été, Skyfin en hiver
C’est d’ailleurs là où ces nouvelles mécaniques sont les plus efficaces : au niveau de la narration et de l’univers du jeu. Le fait que l’hiver soit à géométrie variable et n’ait pas les mêmes effets sur toutes les factions ne rend que l’univers plus vivant et riche. Tout le contexte de cette faction, les Allayi, est aussi très intéressant.
En contexte, ils correspondent à une des factions les plus anciennes de l’univers, ayant survécu toutes ces années après un conflit avec les Endless et resurgissant suite à leur disparition. Décrits comme proches de la nature, cela se ressent pas mal dans la façon de les jouer, une preuve supplémentaire de l’efficacité et réussite d’Endless Legend en terme de narration. Le gameplay est plutôt orienté exploration du monde et des ruines, avec des malus en cas de forte expansion. Visuellement, je trouve que c’est une des factions les plus réussies dans un jeu déjà très joli, les formes lumineuses et sombres mettant bien en valeur le design de chaque unité.
Shifters est avant tout une extension à réserver aux fans du jeu cherchant à prolonger leur expérience dans ce merveilleux univers. Ce n’est probablement pas volontaire, mais j’ai trouvé que chacune des extensions sorties à ce jour apportait quelque chose au jeu sur un plan différent. Ainsi, Guardians enrichit pas mal la mythologie globale d’Auriga tout en ajoutant quelques sympathiques – mais pas indispensables – mécaniques à travers les nouvelles quêtes et les gardiens. Si Shadows contient aussi une faction et tout le contexte l’accompagnant, le vrai intérêt de l’extension provient de l’espionnage ainsi que des mécaniques autour de cette faction. Enfin, Shifters est donc plutôt un apport du côté de l’univers et d’une narration par le gameplay, sans révolutionner ce dernier. Probablement pas indispensable en soi, mais toute excuse est bonne pour se replonger dans le passionnant et sublime univers d’Endless Legend.