Les jeux d’aventure estampillés Sherlock avaient l’habitude de sortir chez Focus mais cette fois-ci, les développeurs de chez Frogwares ont changé de cabanon d’édition. Désormais il faut compter sur BigBen Interactive derrière eux. Un gage de renouveau, de qualité, tout cela à la fois ? Il y a du chamboulement dans la façon de nous raconter l’épopée du célèbre détective mais rien n’est très élémentaire ici, mon cher Watson…
Une fille ?
Reprenant un moteur (amélioré) qui a déjà fait son office précédemment, The Devil’s Daughter propose un jeu à la troisième personne nous demandant la plupart du temps de discuter avec les différents protagonistes du jeu et fouiller de fond en comble les lieux pour y trouver tous les indices. En parallèle, Sherlock peut activer quelques sens uniques permettant de simplifier la recherche d’objet. Point de vue gameplay, rien n’a changé ? Au contraire ! Si on retrouve rapidement l’analyse de témoins (les traces sur la peau, le moindre tissu déchiré, les yeux rouges, tout cela veut dire quelque chose pour Sherlock Holmes et cela aidera grandement son enquête), on découvre aussi la venue de plusieurs phases de jeu beaucoup plus « pêchues ». En équilibre sur des poutres, au tir sur des cibles mouvantes ou non, au bras de fer ou bien dans d’autres Quick Time Event plus ou moins réussis, Sherlock Holmes s’énerve un peu et dynamise ses actions… qui restent répétitives de scénario en scénario, cependant.
The Devil’s Daughter c’est plusieurs petites histoires, cinq exactement. Celles-ci sont liées par un seul personnage : la fille de Sherlock Holmes. Cette jeune fille débarque comme un coup de pied dans une fourmilière ancestrale pour donner à cette huitième aventure signée Frogwares une raison de jouer beaucoup plus intéressante qu’à l’accoutumée. On s’attache vite à cette jeune fille et la volonté du joueur de découvrir toute la vérité, rien que la vérité, sera rapidement utilisée par les développeurs afin de « pousser » le public à aller jusqu’au bout de l’aventure. C’est malin, même si évidemment… La finalité peut laisser un peu sur sa faim.
Déductions simplifiées
Avec les nouvelles phases en QTE ou demandant un peu de rapidité, les développeurs semblent ajouter un peu de dynamisme dans ce monde de belles paroles ronflantes, pour faire dans le cliché. Ils ajoutent alors la possibilité de perdre, en se faisant attraper par un accusé, en se prenant une balle en pleine forêt lors d’une chasse à l’homme sordide… Mais ce n’est pas grave car juste après, on revient quelques secondes avant pour retenter le coup ou faire le bon choix directionnel. Le dynamisme a donc ses limites et rapidement, on se rend compte que ce The Devil’s Daughter est bien plus simple que les épisodes précédents.
Plus simple mais aussi moins passionnant. Curieusement, si l’envie de connaître tout de l’histoire de la fille de Sherlock Holmes est intéressant, les cinq enquêtes proposées sont très inégales et certaines n’oublieront pas de nous faire ronfler devant notre écran en manquant d’être originale et/ou en n’oubliant pas, à contrario, d’être prévisibles. Si le gameplay a changé quelques peu, la façon que propose Frogwares de « raconter » Sherlock Holmes n’a pas vraiment évolué… Et c’est bien dommage, malgré toutes les qualités que l’on peut trouver à cette aventure qui manque de constance.
Sherlock change de maison mais pas de géniteurs et se propose plus dynamique, mais pas moins simple et prévisible dans ses aventures. Si l’écriture reste intéressante, on se demande tout de même si les développeurs ne devraient pas changer leur façon de nous raconter leurs enquêtes, qui semblent de plus en plus classiques et ne servant qu’un fil rouge assez prévisible malgré tout. Ce huitième épisode est toujours amusant, amène un peu de dynamisme à la série, mais manque tout de même de corriger, révolutionner, voir étonner. Malgré cela, on y passe de bons moments et ce Sherlock à l’écriture proche des romans de Conan Doyle reste passionnant à suivre pendant cette petite dizaine d’heures proposée.