En quelques années, No Man’s Sky est passé du statut de curiosité indépendante à une production magnifiée par sa mise en avant sous les feux des projecteurs d’une PS4 ayant le vent en poupe et surtout sa promesse de mondes infinis. Véritable tour de force technique, c’est surtout embourbé dans d’innombrables attentes d’un public affamé qu’il s’est retrouvé bardé d’un lourd bagage sur ses épaules. Allumez vos réacteurs.
Grind Me a River
Perdu dans les sillons aux couleurs saturées d’une planète inconnue, nous sommes seul au monde ou presque à côté d’un vaisseau aux multiples avaries. Notre premier objectif devient alors de récolter les ressources nécessaires à sa réparation. Voici donc nos premiers pas dans cet univers d’infinité et nous voilà déjà en train de ramer durant nos premières heures alors que des galaxies très, très lointaines nous narguent du bout de leurs étoiles.
Ainsi nous devons trimer et suer d’un labeur répétitif de récupération de ressources s’exprimant sous la forme d’un tableau périodique des éléments. Qu’elles soient utilisées pour crafter ou réparer, ou bien pour les vendre, vous n’en finirez plus d’en ramasser ayant à l’occasion la nécessité de faire un arrêt sur un nouvel astre inconnu pour faire le plein comme vous le feriez à une station essence.
C’est ainsi que se construit dans un premier temps l’expérience de No Man’s Sky, nous rappelant les heures sombres de Minecraft. On aurait pu penser que depuis des progrès technologiques nous aurait évité la tâche fastidieuse de miner à en perdre tête, mais que nenni. Notre quotidien sera ainsi fait de tâches un brin rébarbatives mais familières des survivalistes vidéo-ludiques en herbe.
A Space Odyssey
No Man’s Sky est doté d’une histoire parcellaire. De par sa nature de jeu aléatoire, où l’exploration est laissée libre à la volonté de ses joueurs – bien que comprise dans un système limité par la nécessité de constamment récolter les ressources obligatoires à ce voyage – le jeu essaye de mettre en place sa propre mythologie au travers de ruines d’une civilisation supérieure, de rencontres sporadiques avec d’autres races extra-terrestres dotées d’intelligence et de multiples artefacts. Ou encore d’événements inattendus tel qu’un vaisseau écrasé nous contant le destin funeste de son équipage.
On ressent parfois ce sentiment d’être peu de chose dans un univers qui n’a pas attendu que l’on soit là pour exister. Il y a là quelque chose d’intrigant qui pourrait potentiellement participer à notre envie d’aller toujours plus loin. Sauf que l’émerveillement ne dure que quelques heures avant que le réalisme ne refasse surface. On se prend à rêver de tellement plus. Ces morceaux de vie laissés ça et là au plaisir de la découverte du joueur, finissent par lasser inexorablement à cause de leur répétitivité ou de leur manque de surprises.
Ce n’est pas faute d’avoir essayé, alors que pour la énième fois nous atterrissons sur une nouvelle terre marquée du fer rouge du prétendument inconnu. Ces rochers à l’atmosphère plus ou moins accueillante ne sont en vérité jamais totalement vierges. Ici et là gisent les vestiges d’une ancienne civilisation, les restes d’avant-postes qui ne sont certainement pas les nôtres et surtout ces ineffables drones en surveillant la croûte terrestre comme autant de chiens de garde un peu trop zélés. Ces derniers deviennent par ailleurs la symptomatique de la lassitude que peuvent finir par provoquer les choix de gameplay discutables de No Man’s Sky.
Ces petits robots volants réagissent très négativement à toute tentative de notre part si l’on tente de récupérer la moindre ressource en devenant très agressifs et moyennement dangereux. Il n’y a en fin de compte pas de réelle exploration en solitaire de nouveaux horizons. Nous ne sommes jamais complètement seul ni réellement accompagné. Juste entouré d’une vermine pestilente de métal nous entravant pourtant dans la tâche redondante de récolte d’éléments chimiques obligatoire à notre survie.
Hyperdrive enrhumé
Heureusement, notre étalon de métal réparé, un tout autre dessein se dessine sous nos yeux ébahis alors que l’on s’envole dans l’atmosphère de notre planète d’accueil. Et ensuite à nous les étoiles et parfois quelques vaisseaux amis ou ennemis. C’est à ce moment-là que nous remarquons pour la première fois ce qui fait réellement la beauté de ce jeu : son moteur rutilant à la technologie si impressionnante.
S’envoler de notre planète de départ devient alors presque secondaire à partir du moment où nous en repérons une nouvelle et que nous y entamons notre atterrissage. Dans notre esprit, cette promesse d’infinité prend enfin pied dans la réalité. Nous pouvons ainsi virtuellement nous envoler de planète en planète de façon continue et sans temps de chargement. Chacune d’entre elle étant unique, bien que similaires de par les limites imposées par leur génération procédurale.
Jamais nous n’avions pu voir un tel niveau d’immensité. Qui plus est sur console, la PS4 s’en sortant avec les honneurs malgré un clipping très prononcé et une qualité d’image parfois discutable. Le reste de l’expérience n’est pas vraiment plus désagréable si ce n’est de gros soucis de jouabilité dans les phases de tir, que cela soit à terre ou dans l’espace.
Ces dernières manquent cruellement de précision et de punch pour vraiment arriver à passionner le plus férus des amateurs d’action. On sent qu’il ne s’agissait pas de la première priorité dans un jeu où il sera plus avisé de se cantonner à l’exploration et l’observation pacifiste plutôt que de s’impliquer dans les conflits avoisinants. Cependant, si ce côté-ci de l’aventure est très dépaysant et unique dans le paysage video-ludique, il se heurte à la vérité d’un jeu au fonctionnement qui implique son lot de vicissitudes répétitives et d’imperfections techniques.
L’île du Docteur Moreau
Si exploit technique il est, No Man’s Sky n’en reste pas moins imparfait. La génération aléatoire des créatures vivantes habitant chaque planète donne parfois des résultats cocasses, voire complètement ridicules. Devant une machinerie aussi complexe, il aurait été presque étonnant qu’il en fut autrement.
Derrière se trouve aussi une palette de couleurs étrangement saturée dans des extrêmes que j’ai personnellement trouvé difficilement supportable. Il aurait aussi gagné à être un peu mieux optimisé et plus spécialement sur ordinateur semblerait-il. Les jeux vidéo de nos jours n’étant plus gravés dans la pierre et enfermés entre les parois d’une cartouche de plastique, des mises à jour salvatrices sont toujours possibles pour en rectifier le tir.
Il reste pourtant un a priori qui lui reste peu favorable. Certes, les musiques de 65daysofstatic lui apportent tellement dans leur capacité à renforcer cet idée d’un ailleurs angoissant et fascinant à la fois. A contrario, le sound design manque cruellement de pêche, spécialement dans l’espace, ce que finalement aucune musique ne saurait remplacer. Et puis soyons honnête, s’il lui reste ces morceaux d’exploration sans frontières inconditionnellement majestueux, l’impatient s’y ennuiera devant l’éternelle répétition de tâches rébarbatives.
No Man’s Sky n’est pas comme tout le monde. Il arrive bien en avance sur son temps avec sa technologie fabuleuse reproduisant avec brio ce concept d’un univers infini en constante expansion. D’un autre côté, il se retrouve les réacteurs coincés dans une tentative maladroite d’y apposer un gameplay aux accents trop traditionnels et fastidieux sur la longue. Certes, le centre de cet univers doit se mériter, mais n’aurait-il pas été plus simple de nous offrir plus de libertés plutôt que de nous enchaîner à terre avec un travail de minage sans fin ?
No Man’s Sky fut une promesse d’aventure comme aucune autre. Un rêve éveillé de gamin qui devait nous offrir ce qu’il y aurait de plus proche de l’exploration sans bornes dans l’immensité étoilée. Malheureusement pour lui, si par certains côtés il s’avère dix ans en avance, sur d’autres il demeure dix ans en arrière. Il aurait pu être tellement plus ; il peut toujours l’être d’ailleurs. Rien n’est immuable. Comme l’univers.
Très bon test ! 🙂 Un avis mesuré sur ce jeu, ça fait du bien.^^
Bien vu pour ces robots présents à chaque planète. Le sentiment d’exploration est probablement facilement tué par ce genre de détails : les mêmes structures à tous les endroits, et les mêmes machines qui nous imposent les mêmes règles…
Davantage de planète sans rien du tout, ni structure ni robot, voire ni ressources, n’auraient peut-être pas été un mal. C’est parfois nécessaire de laisser le joueur ne rien faire (« s’ennuyer ») pour mieux apprécier l’environnement !
Une remarque intéressante que j’ai lu au sujet de No Man’s Sky, c’est son immensité qui sert elle-même plutôt que la variété. Et ce n’est pas négatif ! Dans le sens où ce n’est pas grand pour promettre un contenu infini, mais pour mettre face à des décors littéralement immenses. C’est quelque chose de rare, du moins à ce point.
Le jeu a le potentiel d’un Proteus. Ici aussi on a des îles générées aléatoirement (avec une option pour rendre les couleurs complètement folles), mais on sait bien qu’elles restent largement similaire, sans que ce soit un problème pour autant. Il a fallu que No Man’s Sky ait des systèmes de minage, de craft, d’upgrades, de combat, de quêtes et machin…
Techniquement, c’est en effet prodigieux, et mine de rien très proche de ce qui a été annoncé. Hello Games s’est peut-être raté sur ce coup-là, ça reste une équipe à suivre de près !
No Man’s Sky est tout à la fois génial et bardé de défauts. On ressent l’étape vidéoludique qu’il représente, tout en ne pouvant qu’en dire du mal sur de nombreux points. Le gameplay est bancal, la faute à un manque de vision évident des développeurs, qui ne savaient clairement pas quoi proposer aux joueurs (on se retrouve avec des embryons de gameplays frustrants, des pistes qu’on aurait aimé voir explorées quand elles ne sont qu’amorcées, sans plus). La technique est largement discutable : le clipping est impressionnant, les textures décevantes, certains éléments comme l’eau vraiment laids. Et on peut citer mille autres défauts.
Et pourtant, No Man’s Sky est unique et grandiose. L’infini n’a jamais été aussi palpable, le sentiment de liberté rarement été aussi absolu. No Man’s Sky demeure, même maintenant qu’il est sorti, une formidable promesse pour l’avenir. Pour ce qu’il peut lui-même devenir (à travers les patchs), mais aussi pour les portes qu’il a ouvertes. L’échelle a changé. L’univers est devenu accessible en même temps qu’il reste bien trop vaste pour nous. No Man’s Sky est indéniablement un jeu marquant.
Un univers infini qui fait rêver malheureusement terni par un gameplay et des situations copié collé annulant tout effet de surprise d’une planète à l’autre, passé les premières heures de découvertes (qui sont fort sympathiques). Le terrain de jeu reste grandiose et ça en est que plus frustrant car on ressent bien tout le potentiel qu’il pourrait exploiter!
A ce jour, le jeu est surévalué au niveau du prix, 20/30€ me semble adéquate, sans doute plus avec un patch et pas un petit : créer des nouveaux éventements aléatoires, diversifier les configurations des planètes, les constructions et les rendre plus rares (toutes les planètes sont donc habitées? vivables? surveillées?), varier les combats terrestres/spaciaux… en somme aller à fond dans l’aléatoire puisque c’est le parti pris du jeu.