Si vous avez la trentaine, nul doute que vous avez tout comme moi passé des heures à lire des Livres Dont Vous Êtes le Héros, endossant tour à tour le rôle de guerrier, mage, ninja ou autre archétype du genre. The Warlock of Firetop Mountain est l’adaptation en jeu vidéo du livre du même nom écrit par Steve Jackson et Ian Livingston il y a maintenant plus de 30 ans (sorti en français sous le nom « Le Sorcier de la Montagne de Feu », premier titre de la série Défis Fantastiques).
Allez au chapitre 42
Première surprise par rapport au livre, le jeu propose de nombreux aventuriers différents. Chacun est noté selon trois caractéristiques : skill (pour le combat et les tests physiques), stamina (le nombre de points de vie) et luck (utilisée pour les tests de chance). Ils disposent aussi de talents particuliers (comme la possibilité de lire par exemple) ainsi que quelques attaques spéciales. Ils ont également une motivation qui leur est propre à affronter la montage de feu (trouver une pierre précieuse, affronter le plus grand nombre d’ennemis possible…). Quatre personnages sont disponibles dès le départ, huit autres sont à débloquer via les âmes récoltées durant vos sessions de jeu et d’autres seront ajoutés plus tard par les développeurs de Tin Man Games.
Parlons directement du système de combat, les affrontements se font au tour par tour en simultané. Comprenez par là que les actions de tous les personnages sont résolues en même temps. Vous devrez donc très fréquemment prédire où vos adversaires vont se déplacer pour attaquer la bonne case ou au contraire vous mettre en sécurité. Pour vous aider et ne pas rendre le tout trop aléatoire, vous verrez une petite animation au début de chaque tour (si la figurine a été secouée, il y a de fortes chances qu’elle attaque).
Au fil de vos parties, vous apprendrez également les patterns d’attaque des ennemis (les serpents n’attaquent par exemple qu’en diagonale) et la chance n’entrera plus en compte que durant les clash, quand deux combattants se frappent en même temps. Deux dés sont alors lancés de chaque côté, auxquels seront ajoutés les valeurs de skill, le gagnant pouvant mettre un taquet à son adversaire. Simple, efficace et presque pas frustrant car vous aurez même la possibilité de tricher en mettant un petit coup dans les dés avant qu’ils ne s’arrêtent si le jet s’annonce trop pourri !
Pour le reste, c’est exactement comme dans le livre. Votre personnage se déplacera petit à petit, chaque arrêt étant l’occasion de lire un descriptif des lieux, de ce que vous pouvez y faire et des sorties disponibles pour continuer votre chemin (le jeu est uniquement disponible en anglais, même si le niveau requis n’est pas élevé, ayez bien conscience qu’il y aura énormément de textes à lire). Chose amusante, les illustrations d’époque sont présentes et vous aurez la possibilité de les colorer d’un simple clic. Ca ne sert à rien mais c’est plutôt joli.
Les décors se constitueront au fil de votre avancée, des blocs de pierre sont ajoutés, des pans de murs tombent pour révéler l’intérieur d’un bâtiment, etc. La réalisation, sans être exceptionnelle, tient la route et remplit parfaitement son rôle, donnant une impression de plateau de jeu animé très agréable.
Ne serais-je point déjà passé par ici ?
Il vous faudra quelques parties avant de voir la fin de The Warlock of Firetop Mountain. Certains combats peuvent être très difficiles et je ne parle même pas des évènements vous faisant perdre des points de stats ou vous tuant directement sans autre forme de procès.
Tout le monde a déjà utilisé la célèbre technique des « doigts marque-pages » pour revenir sur ses pas en cas de problème. Pour remplacer cela, vous aurez ici droit à trois vies. De temps à autres, vous touverez une souche où vous reposer pour regagner un peu de vie. Ces points de passage feront également office de point de résurrection en cas de mort. C’est vraiment appréciable car ça incite à prendre quelques risques en se disant qu’au pire des cas, même si ça se passe mal, il y aura toujours moyen de recommencer sans avoir à tout reprendre depuis le début.
C’est d’ailleurs là qu’est le principal problème du jeu (même si en tant qu’adaptation directe du livre ça paraît assez évident) : l’aventure est toujours la même. Les héros commencent au même endroit, visitent les mêmes lieux et affrontent les mêmes dangers.
Fort heureusement, l’histoire possède de très nombreux embranchements et les interactions disponibles seront modifiées en fonction du personnage que vous jouez. Certains assez agiles pourront se faufiler sans attirer les regards, d’autres possédant une vue perçante seront capables de découvrir des objets cachés, d’autres pourront négocier avec avec les humanoïdes croisés en jeu pour récupérer des renseignements, etc.
Sans aller jusqu’à dire que deux personnages vivront deux aventures totalement différentes, elles le seront assez pour vous donner envie de refaire une partie de temps en temps (comptez environ 1h / 1h30) avec un nouveau héros, pour voir par exemple si ce bouclier a priori inutile ne serait pas récupérable avec le gros balèze.
J’étais vraiment fan des Livres dont vous êtes le héros quand j’étais gamin (ils sont d’ailleurs toujours sagement rangés dans la bibliothèque de ma chambre chez mes parents). Quand j’ai vu que le Sorcier de la Montagne de Feu allait être adapté en jeu vidéo et que les premières vidéos sont parues, mon petit cœur a fait des bonds. Au final je suis vraiment content du résultat. L’aventure est conforme au livre, tout en apportant des modifications bienvenues via les très nombreux personnages disponibles. Graphiquement le titre est honnête sans être exceptionnel, mais le côté « plateau de jeu animé » fonctionne parfaitement et c’est un véritable plaisir de découvrir tous les lieux disponibles. L’aventure a beau être fixe, les nombreux embranchements et compétences disponibles permettent de recommencer pas mal de fois sans se lasser. Je ne dis pas que vous ne connaitrez pas le début par cœur, mais vous devriez encore avoir des surprises en traversant certains lieux, même après une dizaine de parties (il y a d’ailleurs pas mal de succès à débloquer en ce sens). Mis à part si vous n’êtes pas à l’aise en anglais (car il y a évidemment beaucoup de textes à lire), je ne vois aucune raison de ne pas vous laisser tenter par The Warlock of Firetop Mountain.