Après un remake surprenant et très amusant d’une vieillerie FPS oubliée de beaucoup de gens (rappelez-vous), Flying Wild Hog décide de réaliser un second opus totalement différent. Un pari osé, casse-gueule s’il en est, qui se conclut par un Borderlands-like bien gore et bourrin. La recette, pleine de grumeaux et de morceaux de viandes fraichement découpés, réussi néanmoins à être bonne ?
Lo Wang, briseur de mondes
Faisons-la courte : dans le premier épisode, on jouait Lo Wang un puissant guerrier qui combat pour son boss Yakuza. Finalement, il s’avère que ce patron n’est autre qu’un infâme traître ayant pactisé avec les démons. Après avoir fait le ménage (ou plutôt tapissé son monde de gerbes de sang), Lo Wang a brisé cette alliance et les deux espèces humains et démons doivent désormais cohabiter. Pour le meilleur et pour le pire.
On retrouve une introduction qui déchire, mais le jeu se lance rapidement dans son scénario passant d’une jolie campagne éclairée à une zone futuriste très sombre (rappelant d’ailleurs furieusement Hard Reset, le premier jeu des développeurs). On nous raconte les mésaventures d’une jeune femme à qui l’on a capturé l’âme pour la mettre… dans le corps de notre anti-héros. Ils devront alors cohabiter et tenter de résoudre ce souci qui, bientôt, aura des conséquences bien plus importantes pour le monde qui les entoure.
Armé de ses sabres, ses flingues et de ses blagues de mauvais gout, le lourdeau « à la Deadpool » qu’est Lo Wang est de retour avec une écriture digne du premier épisode. C’est débile à souhait et pourtant, cela tente de raconter quelque chose de solide. Cependant, le jeu n’est désormais plus un FPS bourrin et rapide… c’est un Borderlands-like. Bourrin et rapide certes, mais un Borderlands quand même.
La première heure de jeu est assez pénible : du scénario, des couloirs, deux trois ennemis, du loot dont on ne sait pas quoi faire… Le jeu terrifie et ne s’explique pas bien. Puis vient enfin ce moment libérateur où la place centrale du jeu, celle qui vous permettra de discuter avec des PNJ et accepter des missions, ouvre ses portes et nous sauve de l’ennui. Car désormais, dans Shadow Warrior 2, il va falloir suivre quelques quêtes : les principales, pour suivre le scénario, mais aussi des quêtes annexes pour participer à des missions complètement bêtes permettant de gagner en expérience et en niveaux.
Sabres ou flingues ?
Les quêtes annexes ne sont pas nombreuses. Une quinzaine tout au plus. Celles-ci se déroulent à des points précis d’une carte qui, par un savant génie des développeurs, génère totalement procéduralement ces zones de missions une fois qu’on y téléporte notre héros. Même la pluie et le beau temps sont aléatoires pour le bonheur de ceux qui n’aiment pas visiter encore et toujours les mêmes zones. Une mission peut être recommencée une dizaine de fois sans que la configuration ne soit la même : pour la prise d’expérience, de loot ou même le plaisir coupable de frapper de l’ennemi juste pour se défouler, c’est une très bonne idée qui fonctionne plutôt bien.
Forcément pensé pour être joué à quatre joueurs (aucun écran splitté n’est disponible, tout se joue en réseau), Shadow Warrior 2 propose tout de même une partie en Solo assez convaincante. Néanmoins, il vous faudra revoir à la hausse la difficulté à chaque fin d’acte scénaristique important, tant celle-ci est très mal pensée. Clairement, Shadow Warrior 2 devient trop vite facile.
On y fait évidemment toujours la même chose : on se rend dans une zone, on frappe du monstre, on ramasse du loot permettant d’améliorer nos armes, on les stocke pour forger de meilleurs loots ou bien on les revend pour… acheter du loot ou des armes. Original non ? Rapidement débordé par tant de machins de couleurs qui envahissent votre inventaire, il vous faudra en tirer les meilleurs morceaux. Apprendre les différentes améliorations élémentaires, jouer avec les bonus de vitesse, de munitions, d’attaques, de défense, vous prendra beaucoup de votre temps. Vous comparerez tous vos objets, trouvant les bons à sertir sur les armes (uniques, elles) que vous avez récupérées au fil de votre aventure et rapidement, votre arsenal sera des plus conséquents.
Il y en a pour tous les gouts, allant du sabre au pistolet, à la griffe démoniaque jusqu’à la tronçonneuse, au lance-roquette dévastateur au minigun qui défouraille, tout en pensant à corriger le gros défaut du premier jeu. En effet, Shadow Warrior premier du nom plaçait les armes à feu dans un rôle extrêmement secondaire : ici, les ennemis seront très différents, qu’ils soient humains ou démons et surtout, ils vous forceront à jouer de la molette ou du raccourci pour trouver la bonne arme qui viendra les mettre à mal. Shadow Warrior 2 reste un jeu rapide, qui vous demande de la dextérité et de la précision malgré son gros foutoir global.
Totalement différent du 1er
Si vous avez aimé Shadow Warrior, ne vous précipitez pas forcément sur ce jeu. Car si même l’idée d’un Borderlands-like vous plaît, il n’empêche que sa routine globale et son manque de level-design maitrisé de A à Z lui porte réellement préjudice. Cela propose une coopération de qualité où il est très facile de s’amuser, mais rapidement les niveaux se suivent et se ressemblent énormément dans leurs constructions. Effectivement, visuellement, tout change souvent du tout au tout entre la pluie battante, la zone ensoleillée, le marécage, la jungle démoniaque, la ville, le temple, mais au bout de quelques heures on a réellement l’impression de toujours trainer au même endroit et d’y réaliser les mêmes actions.
Seules les armes, jouissives, viennent sortir le joueur de certains moments réellement trop linéaires. Les développeurs en sont pleinement conscients, tant les nouvelles épées et fusils viendront s’ajouter à l’inventaire au bon moment pour rompre l’ennui. Mais cela est de courte durée : comme un Borderlands, un Destiny ou tout autre jeu du genre, Shadow Warrior se joue à quatre joueurs au micro et en suivant le scénario d’une oreille à la limite de l’inattention, ou en solo mais pour de très courtes parties, deux missions par session au grand maximum. Aussi, il viendra sans nul doute décevoir ceux qui s’attendaient à un Fast-FPS de plus : il n’en est rien, même s’il a gardé quelques éléments ainsi que les mouvements spéciaux à l’épée proposés dans le premier jeu, qui permettent toujours des combos de folie.
On remarquera néanmoins, avec tristesse, que la construction des niveaux (ici pourtant procédurale), le look très fade de la ville futuriste et les soucis de linéarité du jeu, nous rappellent toujours furieusement l’échec que fut Hard Reset pour convaincre. Comme si ce Shadow Warrior 2 ressemblait davantage à ce que veulent proposer Flying Wild Hog en lieu et place d’un simple remake rigolard. C’est une bonne nouvelle pour leur indépendance et leur créativité, mais pour convaincre il va sérieusement falloir remettre en question certaines des décisions du studio. Parce que l’amusement, aussi génial soit-il, n’a qu’un temps : pour convaincre, il faut réussir à tenir le joueur en haleine… A mon sens, c’est là que Shadow Warrior 2 échoue fatalement.
Si vous cherchez le jeu le plus fun et gore de l’année, vous l’avez. Découper les gens, les trouer de balles (littéralement) et que ce soient des démons ou des humains, est un amusement de tous les instants ponctué de rires démoniaques à chaque démembrement. Néanmoins, Shadow Warrior 2 passe de Fast- FPS à Borderlands-like sans pour autant surprendre ni passionner. Plus que jamais, on y joue juste pour le fun, à petites doses et surtout en coopération jusqu’à quatre joueurs. Si l’orientation nouvelle est bienvenue, elle est néanmoins pleine de défauts qui forcent quiconque est intéressé par ce défouloir à l’essayer impérativement avant de l’acheter.