La série des Endless – et plus particulièrement Endless Legend – a probablement un des titres les plus appropriés de l’histoire des titres de jeu vidéo. A chaque fois que je lance Endless Legend, je me retrouve à passer une après-midi/nuit/journée entière sur le jeu sans vraiment pouvoir m’arrêter et – assez souvent – sans même finir une partie. Généralement, je recommence à zéro à chaque période où je me remets à jouer au jeu et, même là, je ne vais pas si souvent que ça jusqu’au bout. Si le jeu est ainsi littéralement interminable pour moi, il a aussi le contenu pour supporter des dizaines et dizaines d’heures de jeu à la suite sans jamais lasser.
Do what you want ’cause a pirate is free
J’ai eu la (mal ?)chance de recevoir les dernières extensions de Stellaris et Endless Legend le même jour, avec à tout casser une dizaine d’heures entre les deux. Je ne sais pas qui sont les génies qui ont pensé à sortir tout ça dans l’intervalle d’une semaine – la même que Civilization VI d’ailleurs, licence dans laquelle je ne suis bien heureusement pas aussi investi – mais ce n’était pas super sympa de leur part. Après avoir naïvement cru pendant la totalité d’une minute que j’allais pouvoir jongler entre les deux jeux, je me suis focalisé sur Stellaris: Leviathans qui n’était alors pas encore sorti, tandis qu’Endless Legend: Tempest venait de sortir, lui. Et après quelques dizaines d’heures de jeu supplémentaires sur Stellaris, couplées avec un certain bloc pour l’écriture de la critique lié à une tentative d’éviter de simplement paraphraser le changelog, je me suis enfin replongé dans Endless Legend à coup de sessions de quatre à huit heures de jeu. Si les deux jeux se court-circuitent pas mal au niveau de mon temps de jeu, c’est surtout parce qu’ils sont aussi chronophages l’un que l’autre à travers la savante combinaison de mécaniques addictives et d’une ambiance passionnante, beaucoup moins à cause de similarités au niveau du genre et de la manière de jouer à chacun. Stellaris est incroyablement ingénieux pour poser un décor minutieusement élaboré afin de me permettre d’imaginer toutes les histoires que je veux avec ma dernière race personnalisée, pensée spécialement pour tenter de jouer avec telle ou telle mécanique et orienter mon histoire dans la direction que je veux. D’autre part, Endless Legend a un design particulièrement élégant qui provoque l’effet contraire sur moi, me poussant à choisir une des factions pré-existantes du jeu et à construire mon histoire en tentant de coller le mieux possible à ce que l’on apprend sur cette faction au cours de la partie. De la même manière, je suis plus prompt à jouer à Stellaris en multijoueur ; l’intelligence artificielle et l’aléatoire omniprésent s’adaptent parfaitement à une histoire et un univers partagé à plusieurs. Cela ne me vient même pas à l’esprit pour Endless Legend où la narration, le rythme et l’univers m’évoquent une expérience bien plus personnelle, assez paradoxal quand on considère que je joue à Stellaris en personnalisant au plus possible et à Endless Legend en restant dans les bases et standards posés par le jeu.
Quelque chose que j’adore particulièrement dans Endless Legend est son accessibilité – ce qui est peut-être étrange à lire venant de quelqu’un dont le jeu préféré est Crusader Kings II. Même s’il y a toujours des semaines ou des mois séparant mes parties, le jeu est tellement user-friendly et épuré qu’il est aisé de s’y replonger en quelques minutes, même après la sortie d’une grosse extension. Relancer Endless Legend alors que je n’y avais pas joué depuis la sortie de la dernière extension m’a fait un bien fou, reprenant sa place de jeu de confort à lancer dès que j’ai besoin de me changer les idées ou de me plonger dans quelque chose. Pourtant, ce n’est pas comme si j’en manquais : GoNNER occupait toujours cette place depuis sa sortie (et les très chouettes updates parues entre temps) tandis que je me suis finalement lancé dans Stardew Valley, qui est le genre de jeu absolument parfait pour ce rôle. Je dois dire que si j’ai été aussi emballé de retourner dans l’univers d’Endless Legend, c’est aussi parce que Tempest est probablement l’extension du jeu la plus alléchante de toutes celles sorties à ce jour. Elle fait la promesse d’enfin venir compléter Endless Legend avec un aspect plutôt pauvre du jeu jusque là. L’océan était jusque là une vaste étendue inutile servant simplement à faire joli et/ou séparer différents empires selon le type de carte de la partie et/ou transporter des unités d’un endroit à l’autre plus rapidement. Il est désormais rempli de dangers en tout genre tels que des monstres marins gardant les mers, des ruines sous-marines, des forteresses érigées au beau milieu de l’eau par une nouvelle faction mineure ou encore d’un climat dynamique et parfois assez périlleux.
Arr yarr, ahoy and avast, dinky-dink-dink-a-dinkadefast!
Endless Legend: Tempest m’a énormément donné envie de jouer à un 4X entièrement construit autour de batailles navales. Cela existe peut-être déjà, mais je n’en vois personnellement pas qui pourrait être dans le même esprit tout en faisant des mécaniques navales les mécaniques principales du jeu. Il faudrait que ce ne soit pas seulement un jeu de pirates donc (même s’il en faut, forcément !), mais quelque chose aussi très fantasy dans l’âme avec tout un tas de créatures provenant des profondeurs, autant à jouer qu’à affronter. Aussi, il faudrait que ce ne soit pas seulement des batailles navales, mais aussi toute la richesse d’un 4X tout en ayant les batailles navales comme moyen principal de faire la guerre. Des mécaniques intéressantes et importantes – présentes dans Endless Legend – seraient notamment la possibilité d’avoir tout un tas de différents types de bateaux pour différentes utilisations et surtout un réel jeu de conquête et contrôle les océans – comme le jeu d’Amplitude Studios le fait à travers les forteresses. Vu le plaisir que j’ai pris à jouer à Endless Legend dans un monde formé d’îles et principalement recouvert d’eau en utilisant la nouvelle faction venant avec cette extension alors que ce sont des mécaniques ajoutées dans un DLC sorti plus de deux ans après le jeu original, je ne doute pas qu’un jeu du genre puisse être particulièrement bon. Si vous en connaissez un (ou en développez un ou comptez en développer un pour me faire plaisir), faites-moi signe s’il vous plaît.
Si cela fonctionne aussi bien dans Endless Legend, c’est surtout parce que toutes les nouvelles mécaniques – et de fait la nouvelle faction, les Morgawr – ont été conçues intelligemment sans jamais perdre de vue l’équilibrage global du jeu. Si cette faction a de suite accès à l’océan et est largement tournée vers l’exploitation de celui-ci, elle est très largement inférieure à toutes les autres lorsqu’il s’agit de se battre sur la terre ferme. Cela crée une dynamique particulièrement intéressante où il faut dominer l’océan et exercer une certaine pression depuis celui-ci afin de vaincre des ennemis qui – bien souvent – sont meilleurs sur la terre ferme tout en étant relativement bons sur l’océan. Je me suis ainsi rapidement retrouvé avec des dizaines de bateaux et créatures marines éparpillées un peu partout dans le monde tandis que je conquérais forteresse après forteresse – que ce soit par la force ou en accomplissant une quête pour les habitants de la forteresse, dominant ainsi les océans pour m’enrichir en ressources stratégiques tout en contrôlant le passage des empires opposés à travers ceux-ci. Un bon contrôle des océans permet alors d’empêcher des ennemis de s’étendre en les bloquant dans leur coin jusqu’à ce qu’on puisse enfin entasser une armée terrestre suffisante pour les conquérir. Certaines unités maritimes peuvent être utilisées pour bombarder les villes côtières directement depuis l’océan tandis que le gros des troupes terrestres sera généralement composé d’unités de factions mineures, les Morgawr ayant notamment la possibilité d’exercer un contrôle mental sur les armées neutres errantes. Autant narrativement qu’au niveau visuel, cette nouvelle faction est d’ailleurs toujours aussi fascinante que les autres. Et puis, surtout, la personnalité et l’histoire de celle-ci se retrouvent plus que jamais de la façon de jouer la faction.
Endless Legend: Tempest introduit des mécaniques permettant de jouer au jeu d’une manière profondément différente de tout ce que l’on avait pu voir dans le jeu jusqu’ici. C’est particulièrement réussi et passionnant, ça vaut presque les années d’attente avant d’avoir des mécaniques navales intéressantes d’introduites dans le jeu. Plus de deux ans après sa sortie, Endless Legend continue de surprendre à travers ses extensions et mises à jours, faisant preuve d’une réelle fraîcheur à chaque fois que l’on relance une nouvelle partie. Les développeurs de chez Amplitude continuent d’enrichir l’univers du jeu avec une certaine cohérence et constance dans la qualité de l’écriture et de l’implémentation de nouvelles mécaniques changeant radicalement le jeu. Ça fait plutôt plaisir à voir, et on espère que ça va continuer encore un bon moment !